Le Diamantaire : “Je colle des diamants dans les quartiers populaires”
Le talentueux Diamantaire récupère des miroirs dans la rue et les façonne en créant des diamants qui font briller les quartiers les moins aisés. Rencontre avec l’artiste.
Est-ce que vous pourriez vous présenter ? Quel a été votre parcours et pourquoi avez-vous décidez de travailler dans la rue ?
Mon nom d’artiste est le Diamantaire. J’ai décidé de m’appeler comme ça car c’est quelqu’un qui crée quelque chose. Je trouve que ça ouvre plus de porte que de se définir simplement street artist. Je travaille un peu partout dans le monde mais notamment à Paris, où se trouve mon atelier d’artiste.
J’ai découvert le graffiti en 2001 à travers un magazine de rollers. Je suis originaire de Normandie où les graffitis n’étaient pas énormément présents : il n’y en avait pas beaucoup dans la rue. Moi, je faisais beaucoup de roller à l’époque donc j’ai lié ça au graffiti, en quelque sorte. J’ai fait du graffiti pendant 5 ans environ et j’ai arrêté car j’avais du mal à me démarquer, à trouver mon propre style.
Comme à côté je faisais des études manuelles de métallerie, le travail de l’acier, j’avais envie de lier la matière et la pratique des graffitis. Ensuite j’ai fait une école pour être graphiste : c’est là que je suis venu à Paris.
En 2011 j’ai commencé à coller des diamants dans la rue. Au bout d’un an j’ai fait ça en galerie et en 2013 j’ai fait ma première exposition solo. Plus tard, un copain m’a prêté un atelier de métallerie et je me suis remis au travail de l’acier. Depuis 2015, je fais aussi de la sculpture et je trouve que mon travail évolue de façon ludique.
Vos diamants se distinguent dans la jungle d’art urbain qu’on voit aujourd’hui dans la rue. Pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?
En fait je travaille avec des miroirs qui je récupère dans la rue, qui sont jetés à la poubelle, souvent des portes d’armoires. Je trouvais ça un symbole fort, le fait de récupérer des choses qui vont à la poubelle. Les transformer, les recycler, leur donner une deuxième valeur esthétique : créer un joyau à partir des poubelles.
Puis surtout le côté éphémère du miroir est intéressant : c’est un peu précieux mais c’est éphémère, facile à casser, il faut faire attention à le décrocher.
Et en outre, je trouvais le symbole puissant, le fait d’aller coller des diamants dans des quartiers populaires. Les graffitis sont souvent dans les quartiers populaires, et malheureusement ça donne l’impression que c’est délabré, alors que le fait d’apposer des diamants est un symbole plutôt fort et c’est quelque chose de gratuit.
Je voulais donner quelque chose de beau. Car en plus le symbole du diamant tout le monde le connait. C’est universel.
Un projet très réussi est le “Diamantoscope”, vous pourriez nous en parler davantage ?
Le Diamantoscope est une espèce de gros kaléidoscope, pour caricaturer la chose. L’idée c’était de voir comment impliquer les spectateurs dans l’œuvre et que ce soit ludique. J’en ai fait un et après un deuxième un peu plus complexe, avec une autre déformation, et il y en aura un troisième bientôt.
Ça a aidé la curiosité : dès que les gens prennent la photo ils sont subjugués par le résultat car il y a un côté très simple de l’appareil mais avec un effet du cadre complexe. Ce qui est intéressant c’est que les gens ne s’attendent pas du tout à ce résultat. Mon idée était de m’interroger sur comment surprendre les gens.
Dans le cadre de cette crise sanitaire, vous avez récemment créé un masque en forme de diamant.
J’aimais pas du tout l’idée de surfer sur les masques pendant cette pandémie, donc je n’avais pas sorti de masque personnalisé, par exemple. Puis, quand Gala m’a appelé car ils avaient demandé à des créatifs de travailler sur le sujet du masque je me suis dit que c’était un projet intéressant mais j’ai voulu faire un masque qui ne soit pas forcément utile dans la rue. J’ai juste voulu faire quelque chose de beau et d’inédit. Mon idée était de voir comment on peut porter une sculpture.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Je vais sortir une série limitée de cartes à gratter. Tu grattes et il y a une chance sur quatre de gagner. Tu peux gagner des pins, des diamants ou une petite sculpture.
En outre j’ai une grosse installation qui va être installée à Madrid pendant une semaine, en octobre.
Il y a aussi une vidéo qui va sortir avec Arthur Vlog Street Art ainsi que des prints le mois prochain. Ce n’est pas de la sérigraphie, c’est encore une autre technique.
De plus, j’avais une exposition de prévue à Montréal en mai qui sera décalée et j’aurai une autre exposition prochainement à Paris.
Je participerai aussi au festival Label Vallette. C’est un château où il y a des anciens dortoirs et une chapelle. Moi normalement je ferai cette dernière. C’est un projet qui est très ambitieux mais aussi très intéressant. Et j’ai d’autre projets dont je ne peux pas encore parler.
Plus d’informations sur son site Internet et sa page Instagram .
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...