Le Centre Pompidou-Metz – Ouverture
A l’origine du Centre Pompidou-Metz, il y a d’abord une histoire culturelle longue où, des décennies auparavant, André Malraux prenait position pour la décentralisation. Il y a ensuite une impulsion apportée par Jean-Jacques Aillagon, alors directeur du Centre Pompidou Paris, qui déplorait que sur les 60 000 œuvres que possède le Centre seules 1000 soient accrochées sur ses murs. Il y a enfin un projet patiemment mis en œuvre depuis 2003 par Laurent Le Bon, ancien élève de Sciences Po et de l’Ecole du Louvre et commissaire prodige de l’exposition Dada en 2006. Ce personnage atypique, à la fois policé et malicieux, porte depuis sept ans un projet qui entend non seulement implanter un grand établissement culturel en région, mais aussi y drainer les populations du Luxembourg, de l’Allemagne, et même de Paris.
Dessiné par l’architecte japonais Shigeru Ban en collaboration avec le Français Jean de Gastines, le Centre a été créé en cohésion complète avec la ville. Au dessus d’un rez-de-chaussée au plafond ouvert directement sur la structure boisée du toit, trois galeries se succèdent en hauteur, avec chaque fois un angle différent par rapport au pilier central. Ces longues travées aux bouts vitrés offrent ainsi chacune un panorama différent de la ville.
Trois matériaux peuplent surtout l’immense espace où 5000 m² sont dévolus aux expositions : le verre, le bois et le Teflon. Les parois presque entièrement vitrées du Centre soutiennent une toiture complexe faite de lamelles de bois qui viennent s’entrelacer en dessinant des hexagones. Au dessus de ce dessin délicat comme une dentelle, le Teflon se pose avec grâce. Matériau lisse, il promet de garder sa blancheur malgré les intempéries, grâce aux bactéries qui dévorent les poussières qui s’y posent, et à un système d’évacuation d’eau ingénieux. De fait, les gouttes glissent sur les arabesques pâles, et les pieds en forme de tulipes qui viennent se ficher dans le sol les recueillent et les renvoient sous terre pour irriguer les jardins environnants.
Ce projet neuf et écologique est aussi un remarquable espace d’expositions. Le rez-de-chaussée, appelé la Grande Nef, est un immense plan qui offre la plus haute paroi d’exposition d’Europe. Les trois galeries superposées permettent, elles, une enfilade d’œuvres sur une longueur énorme. Un auditorium qui peut servir de salle de projection et un studio de création dédié aux performances d’artistes viennent compléter le bâtiment. Chauffé par des dalles au sol qui recouvrent aussi tous les fils électriques, il offre de vastes espaces à la fois modulables, et déjà prêts à accueillir toutes les formes d’art.
Riche de possibilités architecturales et scénographiques, le Centre Pompidou-Metz ne choque ni les locaux ni les spécialistes, mais suscite pourtant l’étonnement. Fait pour se fondre dans l’environnement, ses formes voluptueuses aussi bien que la légende urbaine du chapeau chinois qui sous-tend sa création ne sont pas exemptes d’ironie. Clin d’œil ou pied-de-nez adressé à l’architecture contemporaine, il occupe élégamment un espace pour l’heure vacant, mais où un quartier entier devrait dans un avenir bref surgir des terrains vagues et des friches.
Anna Winterstein
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– Chefs-d’œuvres ? au Centre Pompidou-Metz
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