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Laurina Paperina Portrait

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Si Laurina Paperina pouvait voler comme Superman ses missions ne serait certainement pas celles du héros de Krypton. A travers de récits minimalistes, concentré sur l’espace d’un autocollant, elle met en scène des personnages courageux, énergiques et prêts à tout pour satisfaire leurs appétits voraces. Les vaisseaux spatiaux et les extraterrestres, des hommes vêtus de combinaisons post-cataclysmiques, des virus qui prolifèrent à l’intérieur des ordinateurs ou des tubes à essai de laboratoire : tous sont la métaphore d’un langage artistique dont la contamination est le statut ontologique.

Simulant une continuité, qui a rendu les bandes dessinées américaines célèbres dans le monde entier, Laura incite son héroïne à pénétrer le monde fabuleux des bandes dessinées comme un virus (mortel mais très amical). Ce n’est pas tout, elle ajoute des super-héros issus de véritables bandes dessinées, jouant une fiction dans la fiction, et donnant un caractère fortement ironique et presque enfantin à un langage figuré qui s’est souvent pris trop au sérieux.
C’est donc un cri du cœur par lequel l’artiste exprime la difficulté de communiquer dans une réalité culturelle qui est certainement familière, mais qui appartient à un pays bien différent. Au cours des années, les super-héros doivent faire face aux “super-problèmes”, qui représentent les principales craintes de l’humanité post-moderne : la croissance de la violence urbaine, la menace d’une catastrophe atomique. Ce sont des thèmes qui caractérisent également les mangas japonais qui ont envahi l’occident depuis la fin des années 70. Une génération entière, dont vient Laura, qui a grandi devant la télévision entière a été nourri de ces univers. Mais son intention est de désamorcer, et elle est ce ” désamorçage “, au sens étymologique. Le ” désamorçage ” est réussit. Les emprunts direct de films ou de bandes -dessinés, presque comme un ready made de Duchamp. Elle emprunte aussi aux maîtres de la culture populaire (Warhol et surtout Lichtenstein) ou encore à l’univers chaotique et surchargé en informations de Keith Haring et de Basquiat.

Par ailleurs, Laura cantonne ses super-héros à un espace en deux dimensions, l’opposé de l’esthétique dynamique des bandes dessinées américaines. Les super-héros du passé, en particulier ceux du dix-neuvième et la première moitié du vingtième siècle, sont demeuré dans un univers de manichéen, où les gentils et les méchants sont clairement définis. Ce n’est qu’ensuite que sont apparus des personnages plus complexes, “problématiques” avec par exemple la figure “du punisseur”, mais également des personnages “historiques” comme Batman et Spiderman qui commençaient à montrer des facettes plus psychologiques. Il y a une grande faculté dans ce travail d’observation ironique et impitoyable, qui est une expression du détachement du sage.

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