Laurent Perbos, carte blanche à la Villa Datris Paris
À l’Espace Monte-Cristo (Villa Datris Paris), Laurent Perbos a eu carte blanche pour présenter une vingtaine d’œuvres dans le cadre de « Bêtes de scène à Paris ! Les animaux dans la sculpture contemporaine ». Une belle découverte !
Né en 1971, Laurent Perbos vit et travaille à Marseille. Il est représenté par la Galerie Baudoin-Lebon, à Paris et Yoko Uhoda Gallery, à Liège. Fasciné par l’histoire de l’art, notamment la peinture à laquelle il fait fréquemment référence, il expose à l’Espace Monte-Cristo une vingtaine de créations récentes autour des oiseaux, figure récurrente qu’il choisit pour sa charge évocatrice dans notre imaginaire collectif. Il aime réinterpréter les mythes fondateurs. Et, pour lui, « sculpter est une nouvelle manière de peindre ».
Œuvres poignantes
Symbole de majesté, sa pie (naturalisée) trône sur une statue antique qu’elle pille en tirant, non pas les vers du nez, mais les pierres précieuses des yeux. L’image est stupéfiante et drôle à la fois. Dorées ou colorées, les larmes de Laurent Perbos relèvent pourtant du tragique.
Immaculés, d’autres volatiles perchés dans un décor aseptisé (arbres en métal, répliques des Cubism Trees, des Frères Martel), pleurent à leur tour mais, de leurs yeux, coule une sorte de peinture injectée par une pompe enfouie sous un gazon artificiel. Ces couleurs, celles-là même qu’ils ont perdues, proviennent d’une source bien peu naturelle. Bientôt, les oiseaux perdront aussi leurs plumes ! Avant de disparaître complètement. Enfin… pour ceux qui ne sont pas menacés d’extinction ! The Birds a de quoi tirer les larmes, y compris des visiteurs.
Démarche poétique
Symbole de liberté, l’oiseau est souvent matérialisé par son chant. Ici, en cage, il est remplacé par des éclairages. On aimerait croire que les canaris, le rouge-gorge et les inséparables de Laurent Perbos ont réussi à s’échapper de leurs prisons suspendues. Mais, dans cette installation initialement appelée Au-delà, il est plutôt question du silence des oiseaux, sinon de leur éloignement, à cause de l’éclairage public. Quoi qu’il en soit, ce court-circuitage a un fort potentiel poétique.
Quand il ne leur donne pas une tête d’ampoule ou de néon, Laurent Perbos en affuble d’autres de casque de gladiateur ou de masque de catcheur. Dans sa volière sous cloche, toutes les métamorphoses sont permises. Grâce à un accessoire bien choisi, une posture adaptée, il crée des oiseaux-personnages (le clown, le fantôme, le Duc…) qui dénoncent notre bêtise à vouloir domestiquer les animaux sauvages. Et c’est très percutant.
Présentation de l’artiste ici.
Sarah Meneghello
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