L’actualité artistique de Matthieu Martin, artiste aux mille visages
C’est en découvrant le graffiti à 14 ans que Matthieu Martin entre dans le processus créatif. Une pratique au sein de l’espace urbain qui posera les premiers repères de son parcours singulier.
En 2009, la répression grandissante des graffiti et leur recouvrement systématique par les services municipaux poussent l’artiste à délaisser l’aérosol pour documenter minutieusement ce processus, donnant ainsi naissance à la série Cover Up. S’ensuivent de nombreux voyages en Europe mais aussi en Amérique du Nord, où il étudie plusieurs mois au Sheridan College of Arts de Toronto. Il continue de développer intensément cette série de photographies sur la répression des graffiti.
C’est une période très prolifique pour Matthieu Martin, il produit dans la foulée sa série de peintures sur magazines Sprayed, et sa série de sculptures, Povera Mobility. Des œuvres influencées par son parcours dans le graffiti, par ses lectures sur l’architecture, mais aussi par le lien sensible entre esthétique et politique.
À 25 ans, Matthieu Martin découvre le livre Le design au-delà du visible de Lucius Burckhardt. Cette seconde révélation le pousse à expérimenter le concept d’intervention minimale lors de la 2e Biennale industrielle d’art contemporain de l’Oural en Russie, pour laquelle il réalise l’œuvre Refresh the revolution. Une intervention où il repeint un bâtiment constructiviste abandonné depuis des années, dans le but de lui redonner vie. L’influence du graffiti est aussi palpable que questionnée, car son geste s’arrête à la remise en blanc du bâtiment. Une action qui aura un énorme impact en Russie puisqu’elle permettra à ce bâtiment d’être classé monument historique.
En 2014, l’effacement de 5Pointz, considéré comme la Mecque du graffiti, pousse l’artiste à se rendre à New York. Cette destruction sonne comme le point culminant du projet Cover Up démarré 5 ans plus tôt.
Entre 2015 et 2018, il entreprend la réalisation de deux films lors d’une résidence au Centre National d’Art Contemporain Nizhny Novgorod : Russian Detroit, sur les traces de la collaboration inattendue entre Joseph Staline et Henry Ford durant les années 1930, et La Valse de Vladimir. En 2015, Matthieu Martin est nominé pour le Prix SAM Art Projects et en 2017 pour le prix Jeune de l’Akademie der Künst de Berlin. En 2018, il débute une thèse au sein du programme RADIAN (Recherches en Art, Design, Innovation, Architecture en Normandie) visant à repenser le processus de création au sein de l’espace urbain. En raison de la pandémie de Covid-19, il se consacre actuellement à ce projet.
Matthieu Martin travaille essentiellement “in-cité”, c’est-à-dire en lien direct avec l’espace urbain où sont conçues ses œuvres. Il dispose également d’un atelier à Berlin ainsi qu’à Bayeux, en Normandie. L’artiste est représenté par la galerie ALB (Paris). Ses œuvres font également partie de la collection du Frac Normandie, Caen et Rouen.
La programmation 2021 du jeune artiste est très riche. Il sera possible de découvrir ses œuvres à l’occasion de plusieurs expositions, dévoilées ci-dessous.
Kunstverein Arnsberg (Arnsberg, Allemagne) – Du 24 mars au 2 mai 2021
(toutes les dates restent à confirmer en raison du contexte sanitaire)
Principe de Précaution est une série de dessins en cours qui inventorie toutes sortes de dispositifs de protection exposés devant les œuvres d’art dans les espaces institutionnels : musées, galeries, foires d’art, etc. Utilisant une esthétique minimale, les dessins ne sont composés que de lignes qui diffèrent en épaisseur lorsqu’ils représentent un volume architectural ou des dispositifs de protection. Les œuvres d’art sont retirées des espaces d’exposition qui deviennent abstraits, remplis de signes disciplinaires.
Galerie ALB (Paris, France) – Du 10 avril au 16 mai 2021
Pour la troisième exposition personnelle de Matthieu Martin à la galerie ALB, un nouvel ensemble de la série Sprayed sera présenté, composé de 69 peintures chromées. Ce nouvel ensemble de peintures au chrome argenté laisse apparaître des traces de l’image originale (trains, architecture, etc). L’espace urbain devient fantomatique sous l’effet de la peinture au chrome, qui rappelle également le processus de la photographie argentique et des sels d’argent. Des sculptures accompagneront ce nouvel ensemble.
Galerie Weisser Elefant (Berlin, Allemagne) – Du 25 septembre au 5 novembre 2021
Matthieu Martin exposera à l’automne à la galerie Weisser Elefant. Celle-ci s’est imposée ces dernières années dans le domaine des installations, de la photographie, de la vidéo, mais aussi des dessins et des peintures, généralement à caractère non représentatif.
Polytechnic Museum (Moscou, Russie) – Mai 2021
Le Musée Polytechnique, fondé en 1872, est l’un des plus anciens musées de sciences et de technologie au monde. Il vise à attirer l’attention du public sur les connaissances et les réalisations de l’esprit humain et à inspirer les jeunes. Aujourd’hui, le bâtiment historique du musée est en cours de rénovation.
Pour sa réouverture, le film de Matthieu Martin, La Valse de Vladimir, fera partie intégrante de la collection permanente. Cela en fera la seule pièce contemporaine à être exposée au Musée Polytechnique.
La Valse de Vladimir (2018) a été filmé sur les bords de la rivière Oka à Dzerzhinsk, en Russie, où Vladimir Choukhov a construit la seule tour de transmission hyperboloïde en diagonale au monde, à la fin des années 1920. Pendant le vol du drone autour de la tour, la structure elle-même semble se déplacer dans les airs et engager une sorte de danse avec la caméra qui en devient le partenaire. Un échange très intense à travers lequel nous pouvons découvrir une nouvelle perspective sur l’architecture d’avant-garde.
Enfin, Matthieu Martin est ravi d’annoncer la mise en ligne de son shop en ligne sur son site internet. Le but de celui-ci est de mettre à la disposition de tous et en un simple clic éditions originales, livres, cartes postales et autres surprises à venir dans les prochaines semaines.
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