La fabrique du portrait, Rodin face à ses modèles
Lorsqu’on évoque Rodin, il est difficile de ne pas se représenter son fameux Baiser (1886). C’est toutefois sur la partie de sa carrière consacrée au portrait que le Musée Rodin de Paris se focalise à l’occasion de l’exposition La fabrique du portrait, Rodin face à ses modèles.
Au fil du parcours, le spectateur découvrira le portrait autour d’un agencement en trois parties. La visite commencera par la mise en relief de la façon dont Rodin parvient à « s’emparer du modèle » par la présentation d’exemples montrant les étapes préliminaires à la réalisation d’une œuvre définitive, que ce soit par le biais de matière à modeler ou par celui du dessin. Le cheminement se poursuivra par la façon dont le sculpteur réussit à « incarner le modèle ». Cette seconde section permet de pointer un certain conformisme de Rodin par les références qu’il peut faire, notamment à la fin du XVIIIe siècle ou encore à l’Antiquité tout en ne perdant pas de vue sa volonté de représenter un modèle au mieux à travers un « type ». La promenade s’achève par une partie consacrée à des sculptures dans lesquelles Rodin a su « dépasser le modèle ». Dans cette dernière partie, l’exposition se propose de mettre l’accent sur le travail de l’artiste à faire ressortir l’âme du modèle ; ce qui se fait à travers une rupture avec des codes bien établis afin de capter l’essence de la personne incarnée dans la pierre.
Terre cuite, plâtre, plâtre patiné, marbre, bronze ou encore dessin et photographies ; autant de matières qui ont été asservies par le sculpteur dans le seul but de transcrire l’âme d’un modèle dans un matériau dur : souvent le bronze pour l’homme – symbole de virilité – ou le marbre pour la femme – plus fidèle à sa délicatesse. L’exposition rend très bien compte de cela, comme elle rend compte aussi du grand acharnement de Rodin dans sa quête de véracité du portrait, ainsi qu’en témoigne les nombreux exemples de travaux préliminaires à la réalisation du buste de Georges Clémenceau, dont une partie est ici présentée.
La clarté de disposition des œuvres dans un lieu suffisamment spacieux et lumineux permet de réellement profiter de sa visite. Par ailleurs, il est important de souligner le soin qui a été pris pour permettre de faire le tour des ronde-bosses (statues dont il est possible de faire le tour), ce qui n’est – malheureusement – pas toujours le cas. La lumière est – certes – bien servie par les œuvres, mais elles le sont aussi par l’éclairage qu’elles captent si bien que les visages prendraient presque vie sous les yeux qui les observent ! Toutefois, concernant l’axe directeur adopté par l’exposition, il n’est pas aisé de le suivre, tant par la circulation spatiale que par les éléments du travail de Rodin qu’il se propose de mettre en exergue. En effet, il n’est pas évident qu’un visiteur non averti s’aperçoive de la subtilité du parcours emprunté, ce qui est déplorable.
Ainsi, cette exposition semble davantage s’adresser aux amateurs de Rodin qu’aux néophytes qui souhaitent découvrir le sculpteur – qu’il faudra plutôt diriger sur la collection permanente du musée. Il faut néanmoins souligner que cette exposition permet de mettre l’accent sur l’étendue du travail de portraitiste d’Auguste Rodin en en présentant une importante synthèse.
Incontournable pour les connaisseurs.
Ingrid Thierry.
10 avril au 23 août 2009
Musée Rodin
79 rue de Varenne
75007 Paris
Métro : ligne 13 (Varenne) ou RER C (Invalides)
http://www.musee-rodin.fr/accueil.htm
Ouverture : fermé le lundi ; 9h30 à 17h45
Tarifs : 7€ ; 5€
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