“Je reviens à 19h” – Les nouvelles facéties de Pierrick Sorin
Pierrick Sorin – Je reviens à 19h Jusqu’au 28 février 2015 Du mardi au samedi, de 11h à 13h et de 14h30 à 19h Galerie Pièce Unique M° Saint-Michel (ligne 4) |
Jusqu’au 28 février 2015
Poète et magicien de l’imaginaire, Pierrick Sorin nous enchante encore une fois avec cette exposition en deux temps. Il crée l’événement en mettant en scène dans la vitrine cette femme-hologramme à barbe, aguicheuse et sensuelle, provoquant le trouble chez les passants. Humour et dérision président ce nouveau projet. Rencontre avec cet artiste à part. Lorsque la galerie m’a proposé de faire cette exposition, Vous présentez cette femme à la manière des prostituées derrière les vitrines dans le Quartier Rouge d’Amsterdam. Pourquoi jouez-vous sur cette ambiguïté ? Ce qui me plaisait avant tout était de faire une installation visible de la rue Jacques Callot, et en me posant la question de ce qui pourrait accrocher les gens : j’ai voulu faire croire qu’une prostituée s’y était installée. C’était la période où a été discuté le projet de loi sur la dépénalisation de la prostitution pour les clients, je me disais que ça ferait un petit pied de nez à cette loi… Mais je vivais également à ce moment une relation amoureuse avec une femme très jolie. J’étais fasciné et j’avais envie de la filmer !
Je ne voulais pas ressortir des pièces anciennes qui sont un peu lourdes et compliquées à mettre en route. J’ai été motivé, non pas par des préoccupations intellectuelles et artistiques, mais par le challenge technique : réaliser des œuvres pas trop grandes, bien faites et qui fonctionnent quand on les branche !… Que racontez-vous dans ces petites scènes ? Lorsque je me mets en scène, je raconte toujours des histoires d’un personnage qui n’avance pas, qui tourne en rond, qui tombe… Je prends souvent ce thème de l’inadaptation d’un individu dans un environnement et j’en fais le prétexte d’une petite chorégraphie. Mon installation préférée est peut-être celle avec la projection et le ventilateur. Pourquoi ? Le point de départ est quelque chose d’assez potache : une machine à mauvaises odeurs. Cet objet, qui semble délirant tout en ayant un fonctionnement cohérent, s’inscrit dans la lignée des objets surréalistes. Et il y a une prouesse poético-technique involontaire : cette image qui se projette sur le ventilateur passe à travers les pales et crée une image sur le mur. On ne voit pas qu’elle est coupée sans arrêt, comme avec un projecteur de cinéma. Cela condense beaucoup de choses, entre l’histoire du cinéma et le surréalisme. Cette installation s’appelle “Woody haleine”, un jeu de mots sur sa mauvaise haleine !
Certains sont sans intérêt, comme cette vitrine faisant penser à Amsterdam qui s’appelle “Red Light”, alors que d’autres éclairent vraiment la scène : la petite nana dans le whisky s’intitule “Whisky-Lait”, une invitation à boire un whisky-lait, et lorsqu’on prononce ce titre assez vite, cela devient “Où est-ce qu’il est”, et en fait, la fille est en train de chercher quelqu’un qu’elle a perdu ! D’autres titres peuvent donner une clé de lecture ? Le petit bonhomme sur un tourne-disque avec l’écharpe qui vole s’appelle “Artiste vieillissant, dans le vent”. C’est une sorte d’autoportrait : je commence à être vieux, je ne fais plus grand-chose de très nouveau mais je fais quand même des efforts, alors je cours sur mon disque. C’est un autoportrait critique de l’artiste qui continue d’essayer de faire son intéressant… Propos recueillis par Stéphanie Pioda
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