Ko Siu Lan, artiste non grata
L’œuvre était « explosive » selon l’artiste Ko Siu Lan, dont l’installation exposée sur la façade des Beaux-Arts de Paris a été démontée mercredi 10 février sans préavis par la direction de l’établissement. Dans le cadre d’une rencontre entre le Royal College of Art de Londres et le Lasalle College of the arts de Singapour, l’artiste chinoise avait assemblé une série de bannières noires réversibles sur lesquelles s’affichaient quatre mots à résonance très contemporaine : Travailler/Gagner/Plus/Moins. L’installation jouait sur la multiplicité des possibles et des interprétations ; selon que le spectateur empruntait la voie publique dans un sens ou dans l’autre, il recomposait à l’envie l’axiome libéral du candidat Nicolas Sarkozy.
« Censure politique »
Deux jours avant le vernissage, la direction de l’établissement a ordonné le retrait des bannières, prétextant une « atteinte à la neutralité du service public », ainsi qu’un problème de communication entre l’artiste et l’administration. Mais selon Ko Siu Lan, qui n’exclut pas un recours en justice, l’Ensba était avertie de la nature de l’œuvre, présentée dans un catalogue préparatoire plus d’un mois avant le début de l’évènement. L’artiste dément aussi toute tentative d’instrumentalisation et inscrit son installation dans une logique de dialogue ouvert avec les spectateurs. Elle dénonce donc une « censure politique » exercée par l’établissement alors en pleine négociation avec l’Etat sur sa convention de financement.
Le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand intervient alors samedi 13 février dans un communiqué. Il réclame « que l’œuvre artistique soit réinstallée sur la façade de l’Ecole des Beaux Arts, et ce dans les délais les plus brefs compte tenu des contraintes matérielles nécessitées par cette opération ».
Romain Blondeau
Interview réalisée par Pierre Gastineau et Romain Blondeau pour Artistikrezo
Ko Siu Lan, artiste censurée des Beaux-Arts
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envoyé par blondeauromain. – Films courts et animations.
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