Kimiko Yoshida : “Être ou ne pas être ?”
Kimiko Yoshida est une artiste japonaise, de réputation internationale, qui vit et travaille en France. Elle a déjà produit une œuvre importante, qui fait l’objet de nombreuses expositions dans le monde. À travers ses autoportraits, tant en photographie qu’en sculpture, l’artiste travaille sur l’énigme de la représentation de la présence ou de l’absence de soi.
Kimiko Yoshida a étudié la littérature française à l’université Chuo de Tokyo, puis la photographie au Tokyo College of Photography. À son arrivée en France, elle a étudié à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Enfin, elle a fait partie de la première promotion du Studio national des arts contemporains Le Fresnoy. Sa première exposition personnelle dans un musée (Herzylia Museum of Art) date de 2000.
Dès l’année suivante, l’artiste décide de ne s’exprimer qu’au moyen de l’autoportrait, d’abord avec la photographie, ensuite avec la sculpture. Son travail, très singulier, consiste toujours à mettre en scène des autoportraits stylisés, thématisés et déclinés à travers les objets de différentes cultures du monde.
Conceptuel
Depuis 2001, elle a réalisé plus de 500 autoportraits photographiques. Elle ne change jamais, ni son sujet (autoportrait), ni son dispositif technique (lumière indirecte), ni son principe esthétique : même cadrage (visage et buste de face), même unité chromatique (elle se peint de la même couleur que le fond), même tirage au format carré.
Et le résultat est saisissant : plus c’est pareil, plus ça change… Souvent, le regardeur s’y trompe : on pourrait croire que le modèle change pour chaque photographie, avant de comprendre que l’artiste se met elle-même en scène, à chaque fois. Un protocole conceptuel respecté à la lettre.
Références
Dans son œuvre, il est manifeste que l’autoportrait n’est assurément pas le sujet. Comme le souligne Jean-Michel Ribettes, tout le mystère et l’attraction de cette artiste viennent de ce que, dans son œuvre, “elle est là où elle n’est pas”. Kimiko Yoshida fait de l’autoportrait un matériau qui, loin de l’enfermer sur elle-même, lui sert à s’adresser au monde.
Son travail dégage une impression de pureté. Mais un regard plus attentif fait apparaître que cette épure est en réalité bardée de références, références qui sont parfois explicitées par les textes qui accompagnent l’œuvre. Ces textes montrent l’intense réflexion qui précède la conception de chaque photo. Les références sont tellement variées qu’elles peuvent aller de Pokémon à Lacan, de Mickey à Joyce.
Épure et délicatesse
Dans ses photographies, Kimiko Yoshida met en scène une lumière indirecte et délicate. Cette lumière subtile que décrit Tanizaki dans son Éloge de l’ombre. Elle cherche à retrouver la lumière spécifique de la maison japonaise traditionnelle des samouraïs, où elle a passé son enfance. Elle utilise un éclairage doux (deux simples ampoules au tungstène de 500 watts) que les professionnels emploient habituellement pour photographier des natures mortes.
Les photographies sont réalisées en prises de vue directe sans Photoshop ni retouche numérique. La couleur monochrome est le résultat d’un maquillage très élaboré qui demande quatre heures de préparation à l’artiste avant chaque prise de vue.
Actuellement, les œuvres de Kimiko font l’objet de plusieurs expositions en Amérique du Sud. Ces expositions ont évidemment été reportées à une date ultérieure. Se tenir informé des actualités de l’artiste ici.
Héloïse Haberberg
À découvrir sur Artistik Rezo :
Kimiko Yoshida – Maison Européenne de la Photographie, de Karine Marquet
Articles liés
MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...
Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...
Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...