Kandinsky – Centre Pompidou
Le Centre Pompidou, la Städtische Galerie im Lenbachhaus de Munich et le Solomon R. Guggenheim de New York, qui rassemblent les trois plus importantes collections publiques d’œuvres de Kandinsky, ainsi que d’autres institutions et collections privées, se sont associés pour rendre hommage à cet artiste majeur. Une exposition aussi itinérante que l’était ce peintre d’origine russe, mort en France après avoir vécu en Allemagne.
Une peinture abstraite, composée de lignes et de courbes, sur fond de couleurs primaires ? Telle est l’image que nous avons communément de sa peinture. Et pourtant : la création par Kandinsky d’une œuvre purement abstraite n’est pas intervenue comme un changement abrupt, elle est le fruit d’un long développement et d’une intense réflexion théorique fondée sur son expérience personnelle. Une maturation qui nous est donnée à voir. Retour sur l’histoire de sa vie.
Un témoignage unique de l’évolution de son œuvre
L’exposition s’articule autour des grandes périodes de son existence.
Né à Moscou en 1866, il ne décide de commencer des études de peinture qu’à l’âge de 30 ans, à l’Académie des Beaux-Arts de Munich. Une vocation tardive. Dans la première phase de sa vie, Kandinsky se partage entre de petits paysages dans une veine néo-impressionniste et des scènes où revivent le folklore et les légendes russes. A peine ses études achevées, il va fonder l’association Phalanx, puis la Société nouvelle d’artistes de Munich, avec notamment Alexeï von Jawlensky, avant de créer la fondation du fameux Blaue Reiter en 1911 avec Franz Marc. Ses paysages se transforment progressivement en configurations de masses colorées et zébrées de tracés noirs. Les formes et couleurs désormais se suffisent à elles-mêmes.
La guerre met fin à cette situation féconde. Sujet du tsar, il doit retourner à Moscou jusqu’en 1921. Il intègre les plans géométriques, typiques des suprématistes, en les faisant flotter dans ses compositions. En conflit avec les théories officielles de l’art, il retourne cependant en Allemagne en 1921. Il y enseigne au Bauhaus jusqu’à sa fermeture par les nazis en 1933. Il émigre alors en France et y passe le reste de sa vie, acquérant la nationalité française en 1939, avant de mourir cinq ans plus tard. Les dernières toiles ont encore évolué : au contact des peintures surréalistes et en premier chef de Miro, ses tableaux se peuplent de formes vivantes et de constellations cosmiques qui évoluent librement dans l’azur ou s’insèrent dans des structures géométriques. De véritables contes picturaux. De la magie pure.
La quête de la « nécessité intérieure » : l’invitation à un voyage poétique
Dans son livre Du spirituel dans l’art, le peintre développe l’idée de l’art abstrait, tel qu’il le conçoit : un art du sensible, des vibrations psychiques et de la couleur. La peinture doit prendre exemple sur la musique et produire les mêmes effets sur l’âme du spectateur, mais avec ses moyens propres : couleurs et formes. Une peinture, en somme, n’obéissant qu’aux seules lois de la « nécessité intérieure ». « Tous les procédés sont sacrés, s’ils sont intérieurement nécessaires. Tous les procédés sont péchés, s’ils ne sont pas justifiés par la nécessité intérieure », écrira-t-il.
L’exposition présente l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, une centaine de tableaux de grand format, réalisés entre 1907 et 1942. Une première depuis vingt-cinq ans. Grâce à la fraîcheur du langage de ses couleurs et de ses formes, grâce aussi à son pouvoir émotif, on ressort de cette exposition la tête pleine de poésie. A n’en pas douter : le succès sera au rendez-vous !
Marion Cherin
Kandinsky
Du 8 avril au 10 août 2009
Tous les jours, sauf le mardi, de 11h à 21h, jusqu’à 23h le jeudi
Tarifs : 10-12 € / 8-9 €
Centre Pompidou
Rue de Beaubourg
75004 Paris
M° Hôtel de ville / Rambuteau
[Visuel : Anonyme. Wassily Kandinsky. c 1913. Rückblicke. Berlin: Sturm Verlag. Domaine public]
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