Juliette Green : “Ce qui me passionne dans la vie, c’est le lien qu’on peut créer entre les gens grâce à l’art”
Rencontre avec Juliette Green, une jeune artiste qui réalise des diagrammes qui racontent des histoires. Par son travail qui allie écriture et dessin, elle se questionne et invite le spectateur à suivre son cheminement de pensée.
Quel est ton parcours ?
Aussi étrange que ça puisse paraître, je suis devenue artiste grâce à un manuel pour avoir de meilleures méthodes de travail scolaire. Ce n’est pas un point de départ très courant pour se lancer dans une telle carrière mais les événements se sont enchaînés comme par magie.
L’auteur du manuel recommandait de prendre des notes de cours en ajoutant des éléments visuels pour mieux mémoriser : des formes géométriques, des flèches, des symboles…
Je l’ai fait pendant des années, jusqu’à ce que deux professeurs me conseillent de passer le concours d’entrée de l’école d’art de la ville où j’habitais à l’époque. J’y ai été admise et j’ai rapidement déménagé pour poursuivre mes études aux Beaux-Arts de Paris.
J’en suis sortie diplômée l’année dernière et à présent, je me consacre entièrement à mes projets artistiques. Le style de mes œuvres est toujours fidèle à celui des notes que je prenais quand j’étais adolescente mais les textes qu’on peut lire dessus n’ont plus aucun rapport avec le milieu scolaire : ce sont des histoires que j’invente pour répondre à des questions existentielles.
Quand on se trouve face aux œuvres, ce sont ces questions qu’on remarque en premier parce qu’elles sont écrites en grand. On voit ensuite une multitude de phrases reliées par des flèches qui forment un parcours de lecture.
Quelles sont tes inspirations et les artistes dont tu te sens proche, soit par le médium que tu utilises, soit par les thèmes que tu abordes ?
L’art du Moyen Âge me fascine parce qu’il résout une question que je me pose tous les jours : comment peut-on créer des images qui comportent une part de géométrie tout en ayant un aspect chaleureux ? Les réponses apportées par les artistes de cette époque sont somptueuses, sur tous les continents.
Je suis également inspirée par des courants artistiques du XXe siècle où le langage occupe une place importante : le lettrisme, le mouvement Fluxus, l’art conceptuel… Je suis consciente que si je peux montrer du texte dans des expositions en ce moment, c’est en grande partie grâce à eux. Je leur dois beaucoup.
Les sujets que tu abordes sont une combinaison de sociologie, d’absurde et d’humour dont tu maîtrises parfaitement l’équilibre. Quel est ton processus de création ? Te poses-tu réellement ces questions ou n’y vois-tu qu’une source artistique ?
Je me les pose réellement. Quand je travaille seule, l’inspiration vient souvent des lieux publics. J’observe une scène dans un supermarché, un hall de gare, une bibliothèque… Quelque chose m’interpelle et je me dis : “Il faut que j’écrive un dessin sur ce sujet !”.
Il arrive aussi que des lieux d’exposition, des entreprises, des collectionneuses et des collectionneurs me contactent pour des commandes. Ces personnes ont des sujets précis en tête : par exemple, la vie privée, la famille ou les vocations. Nous discutons ensemble et une fois que le titre de l’œuvre est choisi, j’invente une histoire fictive en guise de réponse.
J’aime ces deux façons de travailler : créer dans l’interaction ou de manière autonome.
Penses-tu avoir un art engagé dans les questions que tu abordes ?
S’il y a un engagement dans ce que je fais, je pense qu’il n’est pas vraiment du côté des sujets que je choisis. Il réside plutôt dans l’accessibilité des œuvres.
Je m’interroge toujours sur la façon dont les récits seront interprétés par des personnes avec des identités, des expériences de vie et des âges très différents. L’objectif est que les histoires soient faciles à comprendre tout en étant profondes.
Combien de temps te prend la réalisation d’une œuvre ? Quelle série ou œuvre t’a le plus plu à réaliser ou marquée durant ton parcours ?
À mon arrivée à Paris, j’étais fascinée par le métro. Je n’avais jamais vécu dans une ville qui en avait un. L’envie de créer un dessin sur le sujet est venue très naturellement. J’ai commencé à regarder les gens qui empruntaient ce moyen de transport en me demandant quels pouvaient être leurs points communs insoupçonnés.
Cet exercice d’imagination a donné lieu à une œuvre où l’on peut voir des personnes qui voyagent côte à côte. Elles sont reliées à des phrases qui dévoilent ce qu’elles partagent sans le savoir, comme : “le code de leur carte de crédit est identique” ou “leurs pères ont pris le même avion en 1986”.
Je garde une tendresse particulière pour ce dessin parce qu’il m’a permis de comprendre que ce qui me passionne dans la vie, c’est le lien qu’on peut créer entre les gens grâce à l’art.
Quant au temps de travail qu’une œuvre demande, il varie beaucoup. Tout dépend des sujets, des supports et des formats.
Quels sont tes projets ? Tes rêves artistiques et professionnels ?
À l’heure actuelle, je travaille sur des œuvres qui seront montrées dans des musées et des centres d’art. J’en crée aussi pour des collections privées ou des entreprises. Je souhaite continuer sur cette lancée et faire plus de projets dans les lieux publics.
Retrouvez son travail sur son site Internet, Instagram, Facebook et Twitter
Propos recueillis par Sophie Fremont
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