0 Shares 1387 Views

Juan-Manuel Abellán ou la mémoire de l’absence

19 octobre 2012
1387 Vues
JM-Abellan

Des êtres qui se rencontrent, s’éloignent, se séparent. Des êtres absorbés par l’intranquillité de leur existence et qui, soudainement, refont surface dans la plus grande quiétude d’un lieu encore habité par le souvenir. Un sursaut. Puis, le silence. Un retour vers soi. Un souffle qui nous rappelle notre présence au monde. L’imperceptible trace accomplie par notre mouvement et qui offre en héritage notre effacement.

L’univers de Juan Manuel Abellán est emprunt de mélancolie et de désarroi face au temps qui passe. Inspiré par la poésie et la littérature sud-américaine d’Alfonsina Storni et Mario Benedetti, les chansons de Barbara, la danse de Martha Graham, l’artiste met en scène les images qui ont nourri son imaginaire. En 2007, il réalise la série « La Chute des Anges », où il réinterprète dans une version très contemporaine des oeuvres magistrales de la peinture et de la sculpture tels que l’Ophélie de Millais et la Pietà de Michelangelo.

De tempérament passionnel, J.M. Abellán véhicule cette énergie physique, intense, parfois excessive qui le caractérise en la transposant dans le sujet de ses photographies. On a le sentiment chez lui que la passion mérite que l’on s’y livre corps et âme. Il cherche dans la nudité du corps une vérité essentielle, détachée d’une quelconque maîtrise de soi. Les corps sont souvent photographiés à distance et les visages en plan serré. L’artiste effleure puis caresse. Derrière la fougue, la douceur.

La série qu’il présente aujourd’hui, loin des sujets mythologiques, s’approche d’une vérité plus intimiste qui mêle émotions et sentiments dans une atmosphère à la densité ombrageuse. Il joue sur les contrastes en passant de l’intensité du rouge à la sobriété des gris bleutés. La récurrence du clair-obscur est révélatrice de la nature ambivalente de l’homme. Tel un prédateur, il sonde la faille, celle qui nous fait fléchir et nous rend vulnérables. Les paysages épurés, étranges et désertiques plongent ses personnages dans un monde inquiétant, sombre et fantomatique.

La photographie tient lieu de rencontres. Les portraits des anonymes comme des personnalités lui permettent de créer un lien, même éphémère, qui en constituera sa mémoire. Pour lui, il s’agit de construire une généalogie personnelle constitutive des différentes périodes de sa vie. L’artiste cherche, expérimente et tend à se trouver dans la nécessité d’exprimer sa réalité propre à travers des thématiques qui restent universelles.

Bien qu’il ait déjà exposé en France au Centre Pompidou (la collective « Les yeux Ouverts », 2006) et en Espagne, cette exposition est une occasion inédite de découvrir son travail.

Géraldine Tachat

Exposition de Juan-Manuel Abellán

A l’occasion des ateliers portes ouvertes de Montreuil

Du 19 au 22 octobre 2012
Le vendredi 19 octobre à partir de 19h
Les 20, 21 et 22 octobre de 14h à 20h

www.juanmanuelabellan.com

Benjamin Georgeaud
68, rue Beaumarchais
93100 Montreuil

[Visuel : courtesy de l’artiste]

Articles liés

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
Agenda
90 vues

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins

18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Agenda
119 vues

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître

Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Agenda
144 vues

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !

Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...