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Johan Perraud : “Entendre les couleurs, voir les sons”

13 janvier 2021
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@Eclectik

Johan Perraud est un artiste numérique autodidacte qui évolue sur la scène artistique lyonnaise. Après des études et un parcours compliqué, il décide de tout arrêter pour lancer sa carrière dans ce qui le passionne vraiment, le v-jing.

Peux-tu te présenter, d’où viens-tu, ton parcours, ce que tu fais ? 

Je m’appelle Johan, je viens de Villeurbanne/Lyon. J’ai un parcours un peu chaotique : j’ai commencé par une licence de communication. Puis les rencontres m’ont amené à faire un stage dans une structure productrice d’événements, La Fabrique production, où j’ai fait mes classes, je me suis formé à la programmation d’événements, la gestion d’artistes, de budgets etc, en somme un 1er pas dans le milieu.

Puis je me suis dirigé vers la régie général, au GRIM, afin d’effectuer un cursus me permettant d’avoir une certaine indépendance pour la gestion d’un évènement et surtout pour acquérir les connaissances nécessaires à une certaine légitimité dans le milieu. Par la suite avec plusieurs amis, nous avons créer la structure Eclectik, une association loi 1905, qui avait pour but de se présenter en tant que prestataire extérieur au programmateur d’événement et fournir un service de scénographie live video et lumière afin de proposer une expérience novatrice. Les chemins de chacun ont fini par nous éloigner du postulat de départ et désormais j’assume seul depuis 2 ans le nom d’Eclectik en tant qu’artiste VJ.

 Où est-ce que tu as été formé ? Comment as-tu appris ?  

Concernant le métier de Vj à proprement parlé ainsi que la création de visuel, je me suis auto-formé notamment grâce aux tutos et comme beaucoup grâce à la soif d’apprendre, la curiosité, la motivation.

D’où t’es venu cette passion pour l’art numérique, la modélisation et la 3D ?

L’art numérique a semblé être une évidence, ou du moins la sensibilité liée aux technologies m’a attiré à lui. Comme pour reprendre possession d’elles, sans pour autant être dans une relation d’asservissement mais plutôt pour comprendre ces technologies et les utiliser comme un outil et non en être dépendant.

La modélisation 3D s’est présentée assez rapidement, elle apporte une certaine liberté de créativité, la création d’un univers sans limite, la possibilité de partir de rien et de créer un tout. La 3 dimension offre de toute évidence une dimension de plus et donc un panel décuplé de possibilité. Je vois cela tant comme une passion, qu’un exutoire nécessaire, la création amène un sentiment de libération.

Lier art numérique et musique électronique était une évidence ? Ce souhait de faire du v-jing ?

Je pense que dans un 1er temps les raves et free party avec l’aspect carnavalesque de la scénographie m’ont ouvert à un monde nouveau. Puis les pièces se sont assemblées. Nous n’étions précurseur de rien, des artistes comme Malo Lacroix avait ouvert la voie bien avant à des curieux comme nous. Le souhait de faire du v-jing est venu d’une volonté de faire parti de ce spectacle, tout en restant dans l’ombre, créer un lien avec le dj, l’espace d’un set, d’un live. Créer un lien avec le public aussi, entrer dans cette bulle. Un ami m’a un jour dit une phrase que je trouve particulièrement représentative de ce qu’est un vj : “Entendre les couleurs, voir les sons”.

Les personnages hybrides, futuristes sont très présents dans tes créations. Pourquoi ? 

J’aime la représentation de personnages non genrés dans un monde qui s’ouvre petit à petit au débat concernant l’appropriation de son propre genre. Animer ces corps, parfois robotisés, souvent difficile à identifier, comme si technologie et genre faisait partie d’un même ensemble. Je pense que la science fiction a grandement influencé mes créations. J’ai toujours été passionné par les mondes qu’on y trouvait, le mélange d’êtres hybrides, les univers dystopiques. De ce fait, les retranscrire dans mes productions lors de ces événements où beaucoup de gens exultent leurs quotidiens me parait pertinent.

@Eclectik

On note également une forte influence du Japon. Peux-tu nous en dire plus sur tes inspirations ? 

Le Japon et sa culture m’ont toujours intrigué et impressionné. La cohabitation de l’ancestrale avec l’hyper technologie, la pudeur apparente des japonais mis en opposition avec les mangas/animés parfois ostentatoire. Sans idéaliser cette culture je m’en suis tout de même continuellement imprégné et naturellement cela se ressent dans mes créations.

Tu as travaillé sur plusieurs formats. En soirée lors de concerts de musiques électroniques. Tu as aussi pu faire des installations artistiques lors de la fête des lumières par exemple. Qu’est ce qui te plait le plus, quelle différence pour toi ? 

Je ne pense pas avoir de préférence. Le processus de création est différent, les sensations le sont aussi. Durant une soirée on est émotionnellement sollicité sur l’instant, tout va vite, c’est une sorte de trans, tout se bouscule tout s’aligne, tout est lié au beats. Pour une exposition, une installation, il faut un travail de recherche, d’intellectualisation du processus de création.Encore une fois c’est assez paradoxales car l’inverse est aussi tout à fait possible. Je pense aimer tout autant les deux car ils sont intéressants à réaliser et mènent à des ressentis différents.

© @Pauline Rohrbach

Un mot sur l’avenir ? Tes envies, craintes, espoirs, projets…

Mes envies comme mes craintes rejoignent celles de tout le monde je pense. La volonté de retrouver des sensations et la peur de devoir attendre encore longtemps dans un contexte que tous nous connaissons et qu’il n’est pas utile de citer une énième fois. Nous sommes tributaire des décisions gouvernementales, pour l’instant la 1ère date de reprise serait hypothétiquement le 8 Mai à la Belle électrique, à Grenoble, avec l’association Infrason pour une line up incroyable. C’est un peu la lumière au bout du tunnel que je fixe pour l’instant. Ayant eu un gros creux en terme de créations durant ces derniers mois, je reprends petit à petit la production pour revenir plus déterminé qu’avant.

Plus d’informations sur le site Internet de Johan Perraud 

Propos de Sonia ALVES

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