Jean-Yves Le Fourn : “L’art est un moyen de se confronter aux autres de façon harmonieuse”
Rencontre avec Jean-Yves Le Four, illustrateur et caricaturiste, dans son atelier brestois. Cet artiste ne passe pas inaperçu avec ses poules présentes dans les rues de Brest et aux quatre coins du globe.
Quelle est votre philosophie de vie ?
Ma philosophie de vie c’est le rire car je suis optimiste de nature. Je suis sociable et j’apprécie la présence des autres, leur bien-être est important pour moi. Je recherche l’harmonie dans mon entourage. Le monde est soumis à de multiples violences, l’art est nécessaire pour l’adoucir. J’apprécie toutes les formes de beauté dans notre environnement. L’art est aussi un moyen de se confronter aux autres de façon harmonieuse.
Quelles sont vos expériences artistiques ?
Je suis passionné d’art depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours dessiné. Lorsque j’étais adolescent, j’ai donc commencé à me former à l’école des Beaux-Arts à Rennes. Je suis resté 5 ans à l’EESAB, ce qui m’a permis d’évoluer en tant qu’artiste. En 1998, j’ai illustré une dizaine d’affiches de la Foire aux Croûtes qui a lieu à Brest, composées de personnalités brestoises. Cet évènement a pour but de mettre en avant les œuvres des peintres et des artistes brestois. C’est un moment de convivialité et festif. Depuis 2013, j’éprouve un intérêt pour le street art avec la réalisation de mes poules bretonnes. Ces dernières ont été déposées sur des panneaux d’affichage public. Cette année, des étudiants de l’ESB ont décidé de mettre en scène mes poules en réalisant le film Métropoules, dans lequel je suis acteur.
Quelle technique utilisez-vous pour peindre vos poules ?
J’utilise d’abord la technique du pochoir, qui permet de reproduire plusieurs fois des motifs sur un support par le biais d’un cache ou d’un masque. C’est la méthode traditionnelle qui s’utilise avec des pinceaux adaptés. Je travaille aussi avec des aérosols et bombes à base d’eau. La seconde technique est celle du marouflage : les poules sont découpées dans de la toile de lin et collées sur des murs rugueux. L’autre support que j’utilise est le PVC autocollant. Il existe des poules de toutes les couleurs, ainsi qu’en noir et blanc. Je crée des poules originales avec des points et des cœurs.
Vos poules suscitent la curiosité des habitants de Brest, comment cette idée vous est-elle venue ?
La réalisation de ces poules remonte à il y a plus de sept ans sur la cale du Relecq- Kerhuon, un village situé à 5 km de Brest. La poule est née d’une anecdote très simple : dans les années 1900, des pêcheuses kerhorres allaient à la pêche à pied dans le village de Plougastel et en revenant, elles chapardaient pommes et fraises dans les vergers de ce village. La création de mes poules est un hommage à ces femmes kerhorres. Cela a commencé lorsqu’un ami m’a demandé de décorer le mur de son association située à Relecq-Kerhuon. J’ai voulu faire un clin d’œil à leurs chers voisins de Plougastel. Les poules ne cessent de susciter la curiosité car elles s’étendent jusqu’à mon atelier, dans le quartier de Saint-Martin à Brest. Elles nous rappellent la nature dans des milieux urbains, ce qui est apprécié par les habitants.
Votre art s’est exporté dans d’autres pays, peut-on parler de poules voyageuses ?
Si j’avais eu l’occasion de les emmener dans l’espace, je l’aurais fait ! Certaines poules se trouvent en Australie, à l’opéra de Sidney, en Asie, au Laos, au Brésil et à l’île de la Réunion. Yann Quenet, l’un de mes amis et créateur d’un voilier de 4 mètres de long, fait le tour du monde avec une poule. Ils se sont déplacés au Portugal, à Madagascar ainsi qu’à Nouméa. Olivier de Kersauson, navigateur, chroniqueur et écrivain français, a célébré l’arrivée de ce petit bateau avec une poule sur la voile dans le port de Papeete. Elles voyagent par le biais de mes collègues ou amis qui me collent des stickers poules un peu partout dans le monde.
Avez-vous une préférence pour un lieu en particulier ?
Le lieu que j’affectionne le plus est le port de commerce de Brest, mes poules se trouvent sur des conteneurs ou des remorqueurs. On les retrouve également sur des bateaux, elles sont aventurières !
Plus d’informations sur le site internet et la page Facebook de Jean-Yves Le Fourn
Propos recueillis par Aurélie Celdran
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