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Jean-François Chevalier : “J’étais destiné à la pâtisserie mais la vie en a décidé autrement”

© Louis Chevalier

Rencontre avec l’artiste Jean-François Chevalier. Nommé professeur de gravure à l’École supérieure des Beaux-Arts de Metz en 1982, Jean-François Chevalier développe en parallèle un travail personnel riche et diversifié puisque s’y rassemblent dessins, gravures, peintures, sculptures et installations d’objets divers. 

Bonjour Jean-François, peux-tu te présenter et nous parler un peu de ton parcours ? 

Je m’appelle Jean-François Chevalier et je suis né en 1946 à Nancy. Fils de pâtissier, j’étais destiné à la pâtisserie. J’ai d’ailleurs obtenu mon CAP pâtisserie, c’était l’ultime demande de mes parents, mon laissez-passer pour rentrer en école d’art. J’ai donc ensuite été étudiant aux Beaux-Arts de Nancy, et obtenu mon diplôme national de gravure. J’ai été professeur dans des lycées, des collèges, et en parallèle j’ai développé un travail personnel d’artiste en manipulant toutes sortes de médiums ; peinture, gravure, sculpture, etc. Petit à petit, j’ai reçu des commandes de particuliers puis des commandes publiques. En 1982, j’ai postulé et obtenu le poste de professeur de gravure à l’école des Beaux-Arts de Metz et ce pendant 26 ans. J’ai bien sûr continué à développer mon travail personnel en tant qu’artiste. J’ai réalisé des expositions personnelles et collectives régionales mais aussi nationales, internationales, montrées dans des collections privées et publiques. Et ça n’a pas arrêté !

Quelles sont tes influences, tes inspirations ? 

J’ai toujours été très attaché à ma région, la Meurthe-et-Moselle. C’est le point de départ de mon travail. Son industrie sidérurgique m’a inspiré. Et puis il y aussi mes voyages. Chaque découverte d’un lieu, d’une région, d’un pays m’inspire, donne naissance à une réflexion et nourrit mon travail. Ce n’est généralement qu’à mon retour que je m’exprime et réalise des travaux. Au final il y a toujours un retour à ma région, la Meurthe-et-Moselle. Jacques Callot, Claude Gellée, Goya Rembrandt, Claude Monet, Miró ont été des sources d’inspiration. Aujourd’hui, j’apprécie de découvrir et m’inspirer d’artistes contemporains comme Richard Serra, Toni Grand, Wolfgang Leb, Cy Twombly, Penone, Louise Bourgeois et Peter Doig par exemple.

© Louis Chevalier

Comment procèdes-tu pour la réalisation d’une œuvre ?

Tous les matériaux peuvent me servir. C’est la matière qui va me donner une forme, un point de départ. La réflexion se trouve partout autour de moi. L’opportunité d’un objet, d’une forme, d’un élément que je trouve, un miroir par exemple, m’incite à faire des essais, à inventer une déclinaison et créer une œuvre complète.

Tu as été professeur aux Beaux-Arts, où tu as enseigné la gravure. Selon toi, comment une technique classique et ancestrale comme la gravure peut devenir un moyen d’expression aussi contemporain ?

La gravure c’est un travail d’artisan qui consiste à tracer sur une matière en l’entaillant. Cette matière je l’ai trouvée au départ à l’aciérie de Pompey. J’ai utilisé leurs lingots et je les ai gravés, transformés avec un outil approprié, le chalumeau. Le lingot gravé est devenu une œuvre complètement contemporaine. J’ai en fait utilisé la gravure comme moyen pour faire une sculpture et non une gravure. C’est le fait de la détourner de sa fonction qui la fait devenir contemporaine.

© Louis Chevalier

Les objets, les matières, les formes, tu t’amuses à les décomposer pour en créer de nouvelles. Comment sais-tu qu’une œuvre est terminée ? 

La réalisation d’une œuvre peut être très rapide comme très lente, et être reprise maintes et maintes fois. C’est l’opportunité d’un moment, un état d’esprit, qui permet un aboutissement.

Quel est ton rapport à la couleur ? Comment la travailles-tu ?

Je n’utilise pas la couleur comme quelque chose de fixe, je la fais vibrer pour qu’elle donne un effet qu’on retrouverait dans des ambiances de la nature. Il faut arriver à faire vivre les couleurs ; ce n’est pas du rouge, du jaune, du bleu, c’est un tout. Mon but est de les
mélanger, les transformer pour qu’elles s’expriment, et qu’elles prennent vie.

Pour finir, comment envisages-tu l’année 2021 ?

Agitée, bouillonnante pour que naissent les projets ! (Rires)

Retrouvez le travail de Jean-François Chevalier sur son site internet.

Propos recueillis par Rebecca Chevalier Bartoloni

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