Italiennes modèles: Hébert et les paysans du Latium
Ernest Hébert est loin de n’être qu’un peintre académique, bien qu’il ait été formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et qu’il ait remporté le Grand Prix de Rome de peinture historique en 1840. Portraitiste de la haute bourgeoisie parisienne du Second Empire et de la Troisième République, il fut aussi et surtout, à partir de 1853, le peintre des paysans italiens, ses sujets de prédilection. C’est ce que cette exposition thématique met en évidence avec brio.
Destination traditionnelle des artistes au XIXème siècle, l’Italie ne leur a pas uniquement fourni de grands modèles antiques: Hébert et ses confrères – Dominique Papety, Léopold Robert, Victor Schnetz, Achille-Etna Michallon – ont en effet réalisé de nombreux dessins et des peintures représentant le petit peuple de la péninsule, en particulier ses paysans et ses brigands, symboles de liberté. Drapées dans leur dignité et vêtues de costumes traditionnels colorés, les paysannes incarnent, dans les grandes compositions que Hébert réalise en atelier, le type intemporel de la villageoise pauvre mais courageuse, n’hésitant pas à accomplir les tâches les plus ingrates. Leur attitude altière leur confère par ailleurs une beauté de sculpture antique. Mais les dessins et les toiles de petites dimensions de l’artiste possèdent, par leur aspect intime, un plus grand intérêt: ils représentent, non pas des types, mais des femmes de chair et de sang, parfois même des individualités bien identifiables. Hébert a souvent fait poser des modèles professionnels, tels que la dénommée Rosa Nera ou les petites Maria Pasqua et Crescenza. L’émotion qui se dégage de ces études n’est pas fortuite: Hébert a en effet partagé pour un temps la vie quotidienne des paysans. Il connait donc bien la vie difficile et laborieuse que mènent ces femmes à la forte personnalité. Leur fierté toute méridionale ne camoufle pas pour autant leur émouvante humanité: les visages reflètent une tristesse et une gravité empreintes de lassitude et les regards se perdent dans une rêverie mélancolique. La dernière partie de l’exposition aborde la photographie: Gabrielle Hébert, épouse du peintre, a accompagné son mari en Italie où elle a réalisé plus de 1600 clichés, véritable ensemble documentaire sur la vie quotidienne des paysans, ainsi que sur la villa Médicis, à Rome, où elle séjournait avec Hébert.
Les commissaires ont eu l’excellente idée d’exposer des objets personnels ayant appartenu à Hébert: sacoche de voyage, bonnet de travail, boîte à pastels et album de dessins complètent avec bonheur cette exposition captivante, qui confirme l’engouement du XIXème siècle pour un pays dont la riche culture et les coutumes sont une source d’inspiration pour les artistes et qui fait découvrir un peintre peu connu sous un jour original.
Maureen Charlet
Commissariat: Isabelle Julia, directrice du musée national Ernest Hébert de Paris, et Laurence Huault-Nesme, directrice du musée Hébert de La Tronche (Isère).
Du 7 avril au 19 juillet 2009.
L’exposition a été présentée au musée Hébert de La Tronche du 17 mai au 3 novembre 2008.
Ouvert les mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 9h30 à 18h et le jeudi de 9h30 à 21h45.
Plein tarif: 8 euros; Tarif réduit: 5,50 euros; Gratuit pour les moins de 26 ans.
Musée d’Orsay
1 rue de la Légion-d’Honneur
75007 Paris
Métro Solférino (l. 12); RER C, station Musée d’Orsay.
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