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Inhotim : Jardin Botanique et art contemporain sous le ciel du Brésil

Dorothée Saillard 5 septembre 2019
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Galerie Adriana Varejão, Institut Inhotim. © Eduardo Eckenfels

Ancré dans la nature luxuriante, l’Institut Inhotim est tourné vers les plus grands artistes d’art contemporain internationaux et locaux, de Yayoi Kusama à Cildo Meireles, Adriana Varejão… Curateur associé d’Inhotim, Douglas de Freitas répond à nos questions. Bienvenue ou bem-vindos dans ce lieu où peinture, sculpture, vidéo, installations ont quelque chose à dire à la nature environnante, et inversement…

Inhotim est un projet ambitieux : comment est-il né ?

L’Institut Inhotim a commencé à être conçu dans les années 80 à l’initiative de l’homme d’affaires et collectionneur Bernardo Paz, sur les terres de sa propriété privée située à Brumadinho. Cette ville minière se trouve à 60 kilomètres de Belo Horizonte qui est la capitale de l’état du Minas Gerais, donc au nord des états de São Paulo et de Rio de Janeiro.

Inhotim a ouvert au public en 2006 et s’est affirmé avec le temps comme l’un des fonds d’art contemporain les plus importants au monde. Il compte notamment avec une collection botanique qui réunit des espèces rares et provenant de tous les continents.

Yayoi Kusama, I’m Here but Nothing, 2000, Institut Inhotim. © William Gomes

Que propose le parc d’Inhotim et quelle est sa configuration ?

L’Institut Inhotim propose une expérience unique où les collections d’art et de botanique sont exposées ensemble. Près de 560 œuvres d’artistes contemporains sont présentées et réparties sur une surface de 140 hectares pour accueillir les visiteurs.

Celles-ci cohabitent avec environ 4500 espèces botaniques. Les œuvres d’art sont disséminées dans le parc et dans des galeries, dans le cadre d’expositions temporaires ou dans les galeries permanentes prévues à cet effet et spécifiques à des artistes.

Chris Burden, Beam Drop, 2009, Institut Inhotim. © Eduardo Eckenfels

De quelle manière ce projet rend-il possible l’interaction entre art, architecture, paysagisme et nature ?

Cette interaction est directe et se fait de manière naturelle et intégrée. Les œuvres sont disposées à l’air libre dans le Jardin Botanique d’Inhotim ou bien à l’intérieur des galeries.

Certaines sont directement intégrées au paysage comme Piscina, réalisée en 2009 par l’artiste Jorge Macchi et qui a été spécialement conçue pour Inhotim. D’autres travaux produits ailleurs acquièrent des caractéristiques uniques dans le cadre d’Inhotim comme Beam Drop Inhotim, une œuvre de Chris Burden datant de 2008.

De la même façon, les galeries permanentes cherchent à alimenter des points de convergence entre les œuvres et le paysage. Les galeries suivantes constituent de bons exemples de cette relation entretenue entre les espaces d’exposition et la nature.

C’est le cas de Psicoativa, galerie qui accueille l’artiste Tunga, originaire de l’état de Pernambuco, et qui est un projet développé par les architectes du bureau Rizoma. Mais aussi la galerie abritant le travail d’Adriana Varejão et conçue par l’agence Tacoa. Enfin on peut aussi citer notre galerie dédiée à Claudia Andujar réalisée par Arquitetos Associados.

Adriana Varejão, Celacanto provoca Maremoto, 2008, Institut Inhotim. © Eduardo Eckenfels

Le parc d’Inhotim favorise le développement social et se différencie des musées urbains : de quelle manière ?

Les collections d’Inhotim sont mobilisées pour contribuer au développement d’activités éducatives adressées à toutes sortes de publics variés. Les projets proposés ont pour but de faciliter un rapprochement avec les thématiques de l’art, de l’environnement, la citoyenneté et la diversité culturelle. Grâce à ces actions multidisciplinaires, Inhotim renforce sa position d’acteur du développement humain durable.

Une programmation diversifiée s’appuie sur la collection permanente et les projets, comment s’articule-t-elle ?

Des 23 galeries, 4 sont consacrées aux expositions temporaires : Lago, Fonte, Praça e Mata. Les expositions des galeries temporaires sont donc régulièrement renouvelées afin de présenter de nouveaux projets permettant d’imaginer des réinterprétations des collections. Par ailleurs, nous invitons des artistes à développer de nouveaux projets, des ateliers, des conférences et des performances. Tout cela se fait conjointement avec l’équipe d’Inhotim, ce qui fait de l’institut un espace en transformation et en mouvement constant.

Matthew Barney, De Lama Lâmina, 2009, Institut Inhotim. © Pedro Motta

Quelle est la programmation actuelle d’Inhotim ?

L’Institut Inhotim compte avec des collections de peinture, de sculpture, de dessin, de photographie, mais aussi de vidéo ou installations et œuvres in situ. En tout, ce sont près de 60 artistes de 38 pays différents. Les 560 œuvres exposées se répartissent en 4 galeries temporaires citées précédemment, auxquelles s’ajoutent 19 galeries permanentes.

Ces dernières abritent le travail d’artistes brésiliens et d’envergure internationale tels que Tunga, Cildo Meireles, Miguel Rio Branco, Hélio Oiticica & Neville d’Almeida, Adriana Varejão, Doris Salcedo, Victor Grippo, Matthew Barney, Rivane Neuenschwander, Valeska Soares, Doug Aitken, Marilá Dardot, Lygia Pape, Carlos Garaicoa, Carroll Dunham, Cristina Iglesias, William Kentridge ou encore Claudia Andujar.

En ce moment, nous travaillons également à des nouveautés, ce qui aboutira à une série d’inaugurations prévues en novembre. À cette occasion, une œuvre monumentale de l’artiste américain Robert Irwin sera à l’honneur.

Nous aurons aussi une exposition collective de sculpteurs brésiliens dans la Galerie Mata, ainsi qu’une nouvelle installation dans la Galerie Claudia Andujar. En parallèle, les oeuvres de Yayoi Kusama, Matthew Barney et l’œuvreTrue Rouge de Tunga datant de 1997 seront réouvertes au public après avoir été restaurées.

Tunga, True Rouge, 1997, Institut Inhotim. © Daniela Paoliello

Inhotim réunit de l’art contemporain brésilien et du monde entier : comment sont sélectionnées les œuvres ?

Le fond d’Inhotim réunit principalement des œuvres et des installations à grande échelle et qui sont conçues par des artistes de renom dans le circuit international de l’art. Les œuvres exposées à l’Institut Inhotim sont sélectionnées par notre équipe de curateurs après une longue période de recherche et d’évaluation pendant laquelle des artistes sont invités pour développer des projets inédits à l’échelle de l’architecture et du paysage.

Centre Educatif Burle Marx, Institut Inhotim. © Marcelo Coelho

Par quelles actions l’Institut Inhotim impacte-t-il l’accès à l’art à Brumadinho et au Brésil ?

Nous recevons près de 350 000 visiteurs par an, ce qui représente un nombre considérable, une fois que l’on a pris en compte la situation géographique : Inhotim se situe en dehors de l’axe culturel constitué entre São Paulo et Rio de Janeiro. Parmi ces visiteurs, 13% sont étrangers.

Par ses actions multidisciplinaires, Inhotim s’affirme jour après jour dans le domaine du développement social tout en jouant un rôle moteur dans l’économie locale grâce aux emplois générés qui contribuent à l’essor de la région.

D’autre part, nous impulsons diverses actions de dialogue avec la communauté aux alentours. Inhotim propose une programmation qui s’adresse spécialement à la communauté locale.

À titre d’exemple, nous avons imaginé le programme Nosso Inhotim qui offre un accès gratuit aux habitants de Brumadinho. Palco Brumadinho est un autre projet au sein duquel des artistes locaux viennent présenter leurs manifestations culturelles à Inhotim. Enfin, l’Ecole de Musique regroupe des élèves de la communauté, et des projections de films sont organisées pour les familles de Brumadinho, puisque la ville ne possède pas de cinéma.

Propos recueillis par Dorothée Saillard

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