Hugo Deverchère : “J’essaie de me surprendre moi-même”
Hugo Deverchère, candidat à l’exposition collective du Prix ICART Artistik Rezo 2021, nous fait découvrir son univers artistique autour de la recherche scientifique, l’exploration spatiale et la science-fiction.
Peux-tu te présenter ?
Je suis un artiste de 32 ans, diplômé de l’ENSAD à Paris et du Fresnoy – Studio national des arts contemporains.
Quelle est ta démarche artistique ?
Je développe une pratique pluridisciplinaire qui propose un regard décadré sur notre monde par rapport au point de vue humain. Il s’agit de trouver des moyens d’explorer et de représenter notre environnement tel qu’il ne nous est pas possible de le percevoir. De générer de nouvelles représentations qui révèlent des strates imperceptibles, des dimensions temporelles et spatiales qui s’étendent au-delà de l’humain.
Ma pratique s’inscrit donc souvent dans un dialogue et des collaborations avec des scientifiques. Certaines sciences, comme l’astronomie ou la microbiologie, me fascinent car elles observent et manipulent le monde à des échelles qu’il nous est difficile d’appréhender. Mon travail orbite autour de questions liées au paysage dans sa dimension éco-systémique, au rapport de l’homme à son environnement, aux définitions du vivant. À travers mes œuvres, je tente de proposer des expériences et des récits qui mettent en exergue des phénomènes et événements dont la nature, parce qu’intangible, fait résonner la question de l’inconnu et de l’inexploré.
Que souhaites-tu que le public retienne de tes œuvres ?
Avant tout une expérience de la perception, un regard différent sur le monde et sur ce qui nous entoure.
L’œuvre ou série dont tu es le plus fier ?
Je pense qu’il s’agit de la vidéo Cosmorama, réalisée au Fresnoy en 2017. C’est l’œuvre qui m’a lancé et à partir de laquelle j’ai redéfini tout mon travail parce que la production, très intense, m’a amené à un résultat que je n’avais pas forcément anticipé au départ. Plus que de produire une forme, j’avais le sentiment d’avoir découvert quelque chose. Depuis, j’essaie de reproduire cette logique, de découverte et d’exploration, qui dépassent le simple développement d’une idée. J’essaie de me surprendre moi-même.
Quelles sont tes références ?
Je me nourris de matières assez diverses qui vont de publications scientifiques à des œuvres de science-fiction. Je m’intéresse à des champs d’investigation très variés : la géologie, la microbiologie, l’astrophysique, l’archéologie ou encore l’alchimie.
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je suis en train de terminer la production d’une exposition personnelle à la Galerie Sator – Komunuma qui ouvrira le 14 mars. Cette exposition se construit autour d’une recherche qui trouve son origine dans l’histoire d’un archipel fantôme apparu sur certaines cartes marines du XVe siècle et alimente nos mythologies contemporaines. En effet, la récente découverte d’exoplanètes a aujourd’hui réactivé et déplacé le fantasme de mondes inexplorés vers le cosmos. Les différentes œuvres fonctionneront comme un faisceau d’indices qui, à travers une pluralité de mediums et de supports, redessineront cette cartographie mouvante, la possibilité d’un ailleurs qui aurait déjà lieu ici.
Avec quel(s) artistes aimerais-tu exposer un jour ?
À mes débuts, j’ai été très intéressé, voire fasciné, par toute la scène française qui est apparue au milieu des années 90, avec des artistes comme Pierre Huyghe, Philippe Parreno, Dominique Gonzalez-Foerster, etc.
Qu’est-ce que « Demain(s) » t’inspire ?
Vu l’état actuel, c’est compliqué ! De manière plus sérieuse, je travaille beaucoup la question du temps et, pour moi, passé – présent – avenir sont liés. « Demain(s) » m’inspire donc des couches de temps imbriquées et des regards qui sont à la fois à l’avant, à l’arrière et aujourd’hui.
Propos recueillis par Victoria Javellaud
Pour plus d’informations sur le travail d’Hugo Deverchère
Suivez sa participation au Prix ICART Artistik Rezo
Exposition collective en ligne du 5 au 7 mars 2021
Remise des prix dimanche 7 mars à 15h30 sur Facebook
Les modalités d’accueil du public susceptibles d’évoluer en fonction des contraintes gouvernementales (précisions et mises à jour en ligne).
Un événement organisé par des étudiants de l’ICART, l’école du management de la culture et du marché de l’art.
À découvrir sur Artistik Rezo :
Prix ICART Artistik Rezo 2021, de Vanessa Humphries
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