Horss : “Créer mes supports m’offre une plus grande liberté”
Entretien avec Horss, qui nous explique ce que cela donne lorsque l’artiste prend le pas sur le graphiste. Immersion dans l’univers travaillé et épuré de ce normand.
Horss, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis un jeune artiste plasticien de 34 ans originaire de Caen, et je travaille depuis dix ans dans le domaine du graphisme dans les enseignes. En parallèle de mon métier, j’ai commencé la peinture il y a deux ans. Au début, je partageais mes projets avec mes proches puis j’ai finalement eu envie d’avoir d’autres retours, j’ai donc décidé de partager certains projets sur les réseaux. J’ai créé des pages Facebook et Instagram spécialement dans le but de partager ces projets. Les retours ont été immédiats et très encourageants. Je dois avouer que je ne m’y attendais pas. Depuis, dès que je peux et que j’ai le temps, je crée.
Comment décririez-vous votre travail ?
Je dirais que j’ai un style réaliste avec quelques touches d’abstrait. Tout d’abord un style réaliste car j’essaie de représenter le plus fidèlement possible mes sujets, puis abstrait car j’ajoute des éclaboussures de peinture. J’ai toujours un peu de mal à décrire mon travail, donc je me réfère aux retours que l’on me fait et on me dit souvent qu’il y a beaucoup de graphisme dans mes projets. Mon métier de graphiste influence un peu mes créations. J’essaie au maximum de ne pas me laisser influencer par les autres artistes et formes d’art, même si j’ai conscience que nous sommes tous influencés d’une manière ou d’une autre. Ce qu’il y a à retenir de mon travail, c’est qu’il est assez épuré, graphique et soigné. Au niveau des couleurs par exemple, j’utilise principalement du blanc et du noir car je trouve que cela correspond mieux à mes projets. Il y a quelque chose d’universel dans le noir et le blanc. De plus, je suis très travailleur et perfectionniste donc ces couleurs m’aident à atteindre la qualité de rendu que je souhaite.
Toile classique, board en aluminium, en bois, en plexi ou encore aérosol sous cloche plexi, vous créez sur des formats assez différents et surprenants. Une multitude de supports pour créer, mais pourquoi ?
J’aime bien varier et je crée sur des supports très différents, déjà existants ou non. En effet, soit j’utilise des toiles ou des boards en bois déjà existantes et de récupération, soit je fais faire des supports qui me plaisent. Si je veux créer sur une board un peu plus design par exemple, je fais fraiser de l’aluminium puis je mets du plexi dessus. En règle générale, j’essaie toujours de participer à la création de mes supports pour leur apporter une touche particulière, de l’originalité. Pour les boards, je travaille les effets de coulures sur ordinateur ; pour les bombes, je crée les galets de bois et la cloche en plexi. En faisant cela, j’apporte une singularité à ce format souvent utilisé. Créer mes supports m’offre une plus grande liberté et l’opportunité de rajouter une composante design à mon projet. Ce qui est intéressant dans le fait de créer sur des formats différents, c’est qu’il faut s’adapter. C’est pour cela que je projette le rendu sur ordinateur avant de créer, un peu comme un brouillon, pour voir si la composition fonctionne puis après, je me lance.
Le cinéma est un thème assez récurrent dans vos œuvres, le 7e art vous inspire ?
On peut dire que je suis cinéphile, j’aime bien les films dit “mythiques”, les thrillers, les films épiques. Quand je regarde un film et que je vois un personnage charismatique, une icône qui m’inspire comme De Niro ou Al Pacino, je vais y penser et parfois avoir envie de le peindre quelque temps plus tard. Mais cette envie de représenter des personnes ou personnages ne se limite pas au cinéma. Je représente également d’autres personnalités marquantes que je trouve touchantes ou qui m’interpellent, comme Jimi Hendrix, Coco Chanel ou encore Einstein.
Votre inspiration semble également se porter sur les animaux, on en retrouve dans vos œuvres. Est-ce un sujet qui vous tient à cœur ?
J’aime bien représenter les animaux, ils ont quelque chose de très expressif. Chaque animal a une symbolique particulière et dégage une expression qui lui est propre. Certains sont majestueux, d’autres très gracieux, ça dépend.
Vous travaillez sur certains projets avec d’autres personnes. La collaboration entre les artistes, est-ce important pour vous ?
J’ai déjà travaillé en collaboration avec d’autres artistes et je trouve que c’est vraiment stimulant et enrichissant de créer ensemble, de confronter deux mondes artistiques différents. C’est pour cette raison que je souhaite continuer les collaborations. Composer avec des artistes qui travaillent autre chose que de la peinture permet de découvrir de nouvelles visions artistiques et différents processus créatifs. Ce qui me plaît vraiment c’est de mélanger des univers opposés, car on apprend plus avec une personne qui propose des choses différentes que lorsqu’on crée avec un artiste dont les créations sont très similaires à notre propre travail.
Quels sont vos futurs projets ?
J’ai plusieurs idées en ce qui concerne les formats et matières de mes projets. Pour commencer, il y a de nouveaux supports, objets et formes dans mon atelier, sur lesquels je n’ai pas encore travaillé et que j’aimerais tester. Ensuite, j’aimerais bien abandonner le plexi pour d’autres matières plus écologiques. En ce moment, je me renseigne pour faire de la découpe sur verre. Je prévois également des projets grand format comme des fresques et j’aimerais faire de nouvelles collaborations. Je suis aussi en train de voir pour monter une exposition solo. J’ai donc beaucoup de projets à venir.
Retrouvez Horss sur sa page Facebook et son compte Instagram.
Propos recueillis par Roxane Thomoux
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