Gladpow : “Sortir les œuvres du musée, les rendre accessibles à tous, je trouve ça génial”
Gladpow se réapproprie et détourne des emblèmes célèbres. Avec ses cheveux, elle invite le spectateur à s’interroger.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Gladys Calladine, je vis à Paris et je suis street artiste. Mon nom d’artiste est Gladpow, “glad power” soit “le pouvoir de la joie”. Glad est la première syllabe de mon prénom. Il fait pour moi référence à ma créativité, à la joie que je peux en tirer, et à celle que mes œuvres peuvent procurer. Artiste autodidacte, j’aime créer et je me passionne depuis une dizaine d’années pour le street art.
Comment est né Gladpow ?
Le concept Gladpow est né d’une photo. C’est une photo de moi prise devant un mur pavé, à Paris, un soir d’hiver. Sur cette photo je suis face à l’appareil, avec les cheveux devant le visage et je pointe du doigt l’objectif. J’avais commencé à faire des pochoirs dessus où je bombais “Be Glad” dans toutes les couleurs, et je les collais dans la rue. Puis j’ai beaucoup voyagé et j’ai mis de côté ce projet. J’ai d’ailleurs encore toutes les affiches soigneusement rangées dans un carton à dessin.
Comment est venue cette envie de t’exprimer artistiquement ?
J’ai toujours aimé l’art et créer. Enfant, entre jouer avec les autres et dessiner, le choix était vite fait. Je colle dans la rue, principalement, mais j’aime aussi tester d’autres matériaux qui peuvent être des bouteilles, des supports en bois, des stickers. Au départ, je faisais que du pochoir à l’aérosol. Ensuite, j’ai commencé l’acrylique et je fais aussi pas mal de dessins sur des plus petits formats. J’ai des dizaines de carnets dans lesquels je fais des collages ou des dessins au Posca. À vrai dire, ça fait plus de dix ans que je les remplis de tout ce qui me passe par la tête. C’est marrant parce qu’aujourd’hui ce que je préfère dans l’art, au-delà du fait que c’est beau, c’est qu’il se partage. Partager, j’ai commencé à le faire sur Instagram. Et comme j’adore le street art, je suis allée dans la rue. J’y suis toujours, et je compte bien y rester.
Peux-tu nous en dire plus sur tes collages ?
J’ai réalisé une vingtaine de collages. Je colle dans la rue, principalement à Montmartre parce que c’est là que je vis. J’ai repris l’idée des cheveux devant le visage parce que quand on a les cheveux devant le visage, on peut voir les autres mais les autres ne nous voient pas. J’utilise beaucoup de couleurs parce que j’aime ça et je trouve que ça inspire la joie. C’est venu naturellement avec mon tempérament. Tout le monde vous le dira dans mon entourage, je suis quelqu’un de très joyeux. Les emblèmes, les personnages et les œuvres d’art célèbres m’inspirent. Je les choisis, les détourne, et ensuite les intègre dans un environnement urbain, soit parce que j’aime l’endroit, soit parce qu’il a un rapport direct avec l’histoire du personnage ou de l’œuvre. J’aime tester de nouveaux matériaux, de nouvelles couleurs, voir ce qui se développe au fil du temps : la volonté constante du renouveau, de créations qui évoluent au gré de mes voyages. Pour l’œuvre Paix, je me suis inspirée du tableau de Magritte, L’homme au chapeau melon. À vrai dire, c’est la colombe qui m’a donné envie de choisir ce tableau. J’ai voulu partager un message de paix avec le symbole de la colombe, et de joie avec les couleurs. C’est cette œuvre que j’ai décidé de coller rue Gabrielle et qui m’a permis d’être repérée.
Pourquoi la rue ?
Je n’ai jamais fait d’études d’art. J’ai toujours rêvé d’en faire. C’est pour ça que je me suis dit que la seule galerie qui accepterait de m’exposer, c’est la rue. L’idée de sortir les œuvres du musée, les rendre accessibles à tous, je trouve ça génial. J’aspire aussi à provoquer une réaction chez le passant : “Oh, ça me dit quelque chose”. Et si en plus il trouve la référence de l’œuvre, c’est tout bénef ! Je pense que ça fait plaisir de se sentir cultivé, c’est agréable. Je crois que ça procure un double plaisir : le plaisir qui consiste à apprécier l’art et le plaisir qui consiste à trouver ce à quoi il se réfère.
Si tu devais choisir l’un de tes dessins, lequel serait-ce ?
Sous les pavés, le Métro : je l’aime bien car c’est de là qu’est parti le projet Gladpow. C’est la première œuvre de la série. J’avais en tête cette phrase que j’ai détournée : “Sous les pavés, la plage”. Là, c’est : “Devant Paris, le mur”. Je suis originaire de banlieue et même si je vivais à 10 kilomètres de Paris, ça paraissait infranchissable. En réalisant cette œuvre, j’ai voulu représenter cette idée.
Peux-tu nous parler un peu de tes projets ?
Une chose est sûre, je continuerai à exposer mes œuvres dans la rue de façon à ce que vraiment tout le monde puisse en profiter. Dans la rue à Montmartre, à Paris, mais aussi au gré de mes voyages. Je veux faire du projet Gladpow un projet artistique durable car j’y suis vraiment attachée. J’aimerais aussi beaucoup participer à une exposition et présenter mon travail dans une galerie, pour montrer mes collages mais aussi mes œuvres réalisées sur d’autres supports. C’est un rêve de gosse que j’espère pouvoir réaliser prochainement.
Plus d’informations sur son compte Instagram.
Propos recueillis par Anastasia Le Goff.
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