Gilbert 1 – interview
Gilbert 1 – interview Mars 2014 « Extracted from chaos » Jusqu’au 15 mars 2014 Galerie Hélène Bailly |
Des friches à la toile, les explosions de couleurs de Gilbert1 explorent les dynamiques du chaos. Rencontre. Vos débuts ont été dans la rue… Oui, j’ai commencé par le graffiti, début 2000. Pendant un an, j’avais suivi des amis qui le faisaient, et je prenais en photo leur travail – un temps d’incubation ! Et puis je me suis mis à peindre à mon tour dans la rue, de manière vandale, pendant trois ou quatre ans, avant de passer à une production d’atelier. J’au aussi travaillé dans des friches, souvent autour de la notion de typographie. Il se trouve aussi que je suis éducateur spécialisé, et j’ai travaillé régulièrement depuis 2004 avec des populations de grands marginaux, de SDF, et ce lien particulier avec la rue reste au fond de moi. Ma référence de départ, c’est vraiment le graffiti – la signature plus que la vraie recherche de lettrage. Qu’est-ce qui vous touche dans les lieux que vous investissez ? Chaque lieu a sa propre essence, et m’inspire quelque chose de différent. J’aime quand ils sont cassés, marqués par le temps et l’homme. Plus l’histoire transparait, plus je serai touché. J’aime confronter les différents plans d’un bâtiment, jouer sur l’architecture et le délabrement. Je m’arrête quand mon champ de vision est suffisant, quand un cadrage photo est possible, que j’ai trouvé une cohérence d’ensemble qui peut aussi bien passer par le biais des matériaux que de la couleur. Le passage en galerie s’est fait naturellement ? Tout à fait. Ma première expo a eu lieu à Nancy, où je vis. C’était en 2004, dans un petit restaurant… Cela a été un élément déclencheur parce que les retours sur mon travail ont été très bons. Le fait de toucher des gens m’a donné envie d’aller plus loin, ça a été une force ! L’un des fils conducteurs de mon travail, c’est que je travaille beaucoup avec des rebuts, avec ces matériaux avec lesquels, au fil du temps, un lien se crée. Dans les lieux désaffectés, j’aime m’approprier certains murs, et ensuite les incorporer à ma production. C’est un fil conducteur entre les deux dimensions de mon travail. Travailler sur différentes dimensions, sortir du cadre, c’est une façon d’explorer les limites de la peinture ? Au début je peignais à plat, sur deux dimensions. Mais dans les bâtiments, j’ai toujours été intéressé par la façon de s’adapter aux différents plans dont ils sont constitués, en lien avec l’architecture. Naturellement, mon travail s’est porté sur le volume. Les choses ont surgi d’elles-mêmes dans ma production et je ne me suis pas limité. Je ne commence pas avec une image de l’œuvre finie, mais des pulsions sur certaines formes, certaines couleurs. Au-delà du graffiti, vous vous sentez proche de l’héritage des abstractions ? Je n’ai pas eu d’éducation culturelle picturale, je n’ai pas fait d’études d’art. C’est venu après. J’ai découvert par exemple George Mathieu, dont le travail gestuel, calligraphique était très fort pour moi qui venais de l’écriture du tag. Et aussi le cubisme, mais surtout Mirò, Tapiès qui sont beaucoup dans le registre de la matière, de l’art brut. Je pense que ma fraîcheur m’a aussi apporté quelque chose, je n’ai pas été cadré par les Beaux Arts. Comment choisissez-vous les matériaux que vous intégrez à vos toiles ? Pour des raisons esthétiques. La plupart du temps, quand ils ont vécu, ils me tapent à l’œil. De la même façon que j’ai toujours préféré les murs décrépis aux murs blancs. … Ils sont en lien avec ma vie, mon histoire, les lieux où je gravite. Généralement, je sais exactement d’où ils viennent, ils sont chargés de sens pour moi. Il y a dans mon travail quelque chose de l’ordre de la déflagration, du chaos. Même si les peintures sont un moyen de figer ce mouvement. Les morceaux de bois arrachés sont signes de violence. Les couleurs très vives, plutôt joyeuses, sont en contraste avec cette violence. Un moyen de parler de notre monde ? Oui, je suis assez affecté par la société dans laquelle on vit, et mon travail me permet de surpasser cette réalité. Dans mon travail, je montre ce que je constate : la fragilité de notre société, tous ces matériaux symbolisent la possibilité que d’un moment à un autre tout s’effondre. Mais dans la gaieté… [Visuel : Gilbert1 – courtesy Galerie Hélène Bailly] |
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