Galeristes, pas complices !
Un inquiétant constat a été fait par les instances européennes : le marché de l’art, qui génère d’importants flux financiers, serait utilisé pour le blanchiment d’argent criminel et le financement du terrorisme. Les États membres de l’Union européenne renforcent les dispositifs de lutte contre cette réalité en impliquant davantage les acteurs du marché de l’art.
10 Janvier 2020 : la 5ème directive européenne relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme est entrée en vigueur. Transposée en droit français par l’ordonnance du 12 février 2020, elle crée de nouvelles obligations pour les acteurs du commerce de l’art. Galeristes et antiquaires doivent identifier et vérifier l’identité de leurs clients et déclarer les sommes et opérations dont ils savent ou soupçonnent qu’elles proviennent d’une infraction ou participent au financement du terrorisme.
Les contrôles des ventes dans le marché de l’art sont donc renforcés, rendant quasiment impossible toute tentative de blanchiment. Faute de se conformer à une nouvelle réglementation, les marchands d’art seront accusés de négligence voire de complicité avec leurs acheteurs. Une contrainte inédite qui complique significativement le travail des galeristes et commissaires priseurs.
Milieu arbitraire et concurrentiel depuis l’origine, le marché de l’art a souvent vocation à révéler des artistes inconnus et leur permettre de se faire un nom : c’est précisément le rôle des marchands d’art. Ils doivent cependant faire avec les stratégies d’acheteurs fortunés et anonymes, pour lesquels investir dans une œuvre d’art est un placement comme un autre. Dans de telles conditions, il est difficile pour les galeristes de s’assurer de l’exacte provenance des fonds qui leur sont alloués. En effet, cette démarche exige à la fois une organisation et un savoir-faire spécifique vis-à-vis d’acteurs souvent rompus aux techniques de dissimulation et d’évasion fiscale.
Depuis janvier 2020, tout se bouscule. Le métier se retrouve dans l’obligation de respecter cette nouvelle directive anti-blanchiment. Il doit désormais mettre au cœur de ses priorités la vérification très stricte des transactions effectuées par ses acheteurs. Tiraillés par le souci de respecter la loi et la peur d’être gravement pénalisés s’ils se laissaient abuser, les galeristes n’ont souvent d’autres choix que de se mettre en retrait et de se résoudre à une baisse de leurs ventes.
Seule alternative pour sortir de l’ornière : recourir à des services de professionnels aguerris et fiables encore peu nombreux dans ce nouveau secteur d’activité. Ces entreprises d’un nouveau genre se placent précisément comme intermédiaires entre les marchands d’art et les acheteurs. Elles permettent de sécuriser les ventes, empêcher les fraudes et assurer à leurs clients que la transaction dans sa globalité ne risquera pas de tomber sous le coup de la loi.
Pouvoir compter sur cette expertise est un véritable soulagement pour les marchands d’art. C’est en toute légalité qu’ils pourront ainsi exercer leur passion.
Sika Mouelle Koula
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