Fred le Chevalier : “Mes personnages essaient d’échapper à la violence du monde par l’amour”
Les personnages de Fred le Chevalier, souvent en mouvement, marquent les rues de Paris et invitent les passants distraits à ralentir. Ils sont, parfois, accompagnés par des mots poétiques qui réconfortent et donnent espoir avec douceur et ironie.
Pourriez-vous vous présenter et expliquer votre parcours ?
Je m’appelle Fred le Chevalier, j’ai commencé à dessiner il y a presque 15 ans mais je n’avais pas du tout d’ambitions artistiques : c’était plutôt pour me détendre, me faire plaisir. Au bout de quelques années j’ai commencé à faire du collage et en 2012 à organiser des expositions. Ensuite c’est devenu ma seule activité.
Je fais des expositions assez classiques de dessins encadrés, des petites publications, des livres, je fais des temps en temps des collaborations et pas mal d’interventions dans des écoles. J’apprécie beaucoup ce côté-là aussi : travailler avec des gens. Je trouve très riche le fait de se rencontrer par le dessin, le calme que cela fait jaillir, le fait que le dessin peut être quelque chose d’accessible, en fait.
D’où vient votre nom, « le Chevalier » ?
C’était une bêtise : bien avant de dessiner je gardais souvent un petit garçon et je lui apprenais, pour rigoler, des surnoms sur les gens de sa famille. Quand il m’a demandé de commencer par le mien, j’ai choisi, par contraste, un nom un peu élégant. Et puis, plus jeune, je lisais beaucoup de littérature de cape et d’épées, des choses un peu héroïques, donc cela fait partie aussi de mon imaginaire d’enfant.
Vos personnages sont très dynamiques et très variés : certains courent, d’autres conduisent, d’autre dansent. Quel est le fil rouge et de quoi se nourrit votre travail ?
Moi j’ai commencé à dessiner pour ne pas réfléchir. Je m’intéresse souvent à des formes d’art et musique qui sont très éloigné de ce que je fais, des images peut être un peu plus sombres. Par contre quand je dessine je cherche à créer des espaces de rêve plutôt doux.
Effectivement je crée beaucoup des personnages en train de courir, il y a une notion de violence du monde, de cauchemar, mais ils essaient d’y échapper par l’amour, par une dynamique d’entraide, par le mouvement, en construisant des petites bulles, des choses qui protègent. Les bulles peuvent être un peu d’érotisme pas forcement apparent, des choses bucoliques. Une espèce d’échappée douce.
Vous mélangez souvent le dessin avec l’écriture. Est-ce que vous essayez de véhiculer un message ? Pourquoi avez-vous choisi de mélanger les mots au dessin ?
La première motivation c’est vraiment en rapport à soi-même. J’ai commencé à travailler en une période compliquée : j’avais besoin de m’envoyer des signaux positifs, encourageants. Donc c’est une espèce de monologue : je me parle, j’essaie de m’envoyer des messages dynamiques ou optimistes, je le fais pour moi.
Après, le fait qu’il y ait d’autres personnes qui puissent y trouver du sens c’est un cadeau merveilleux, je suis très content si cela peut encourager. Mais je ne réfléchis pas à ce que je veux dire aux autres.
Par contre, j’ai toujours aimé les mots. J’aime bien lire, j’essaie de trouver un équilibre entre l’humour et les paroles bienveillantes. Ces phrases-là je les écris assez spontanément, c’est devenu une habitude, un exercice. Mes dessins ont, pour la plus-part du temps, des titres qui sont plutôt de courtes phrases poétiques.
Pourquoi vous avez décidé de coller vos dessins dans la rue ?
J’ai commencé à montrer mes dessins autour de moi, par internet, et, quand quelqu’un aimait bien un dessin, je lui expédiais par courrier et les gens m’envoyaient ensuite des photos d’eux avec mes dessins. Il y avait une dimension d’échange, de déplacement, que je trouvais intéressante. Donc le fait de les coller dans la rue recrée ça : le fait que ça se déplace, que ça voyage.
Je suis quelqu’un qui aime rencontrer une ville en marchant. Si possible, marcher lentement, sans trop se presser. En plus, une ville, en général, c’est rapide, et surtout Paris je trouve que c’est une ville assez violente, brusque, donc si on peut tomber sur un collage et ralentir un petit peu, s’inventer une histoire, se demander ce que cela raconte, tant mieux.
Quelle est la technique que vous pratiquez ?
Ma technique est celle du papier-peint. Je colle des impressions. Mes vrais dessins sont en noir et blanc mais dans la rue j’aime bien mettre une touche de couleur parce que l’extérieur est coloré et que cela leur permet de se fondre. J’aime bien mettre du rouge et du vert comme éléments de vitalité, le rouge du sang et le vert de la nature.
Quels sont vos prochains projets ?
Je fais une série de dessins qui sont liés à la période ; c’est assez rare car d’habitude je ne dessine pas sur le monde mais plutôt sur le fait d’y échapper. Je la publie au fur et à mesure sur internet mais j’aimerais bien y faire une petite publication.
En outre, j’ai plusieurs interventions de prévues et au moins une exposition à la galerie Eko Sato, dès que le monde reprendra.
Plus d’informations sur le site internet de Fred le Chevalier.
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
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