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Françoise Dedon : “Ce qui me passionne c’est d’innover, de me surprendre moi-même”

© Françoise Dedon

Rencontre avec Françoise Dedon, une artiste peintre de talent qui nous fait découvrir son univers. Elle nous explique les différentes influences qui créent l’harmonie dans sa peinture. 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Lorsque j’étais enfant, je dessinais et peignais sans cesse. Ma mère, ancienne élève des Beaux-Arts de Marseille, m’a enseigné dès mon plus jeune âge les proportions et règles de l’art. Nous étions abonnées au magazine Madame Figaro que je feuilletais, découpais, et dont les pages mode, déco, voyage m’inspiraient pour mes travaux artistiques. Ce fut un véritable livre de chevet durant toute mon enfance. J’ai aussi créé à cette époque-là des centaines de dessins de mode. Puis, j’ai décidé d’exposer mon travail dans le Sud de la France quelques années. Mais n’arrivant plus à concilier ma vie d’artiste avec ma vie de famille, j’ai été contrainte d’interrompre la peinture. Aujourd’hui je suis de retour, consciente que mon œuvre fait partie de ma vie.

Quelles sont vos inspirations ?

Lorsque je découvre un lieu particulier, un tissage, une lumière, une couleur, je m’en imprègne et laisse mûrir dans mon imaginaire cette vision qui se retrouvera au cœur de mon travail. Le rapport de l’homme à la nature, l’expérience du voyage, sont aussi des sources fortes d’inspiration. Je suis attirée par le design, la haute couture, la botanique, l’architecture. Cet éventail d’intérêts et de différentes formes d’art que j’observe viennent se mêler naturellement à ma palette. Concernant les peintres que j’apprécie, j’évite une analyse approfondie de leur travail, je ne souhaite pas m’imprégner d’un courant de peinture ou d’un travail déjà accompli. Ce qui me passionne c’est d’innover, de me surprendre moi-même. Je ne pourrais pas peindre de manière répétitive le même sujet sous toutes ses formes.

© Françoise Dedon

On ressent des influences africaines dans votre peinture, comment avez-vous construit votre travail ?

Je me suis mariée en 1994 avec un homme qui a vécu longtemps au Cameroun. Passionné d’art africain, il a rapporté des pièces exceptionnelles et authentiques : masques, boucliers, sculptures. J’ai découvert ainsi l’émotion qui émane de cet art, l’histoire de ces objets uniques. Nous sommes partis ensemble en voyage au Kenya où j’ai pu rencontrer le peuple Massaï et l’art primitif de ce pays extraordinaire. Puis, nous avons vécu en Côte d’Ivoire à Abidjan, pays magnifique, d’une grande richesse culturelle. Au Sénégal, à Nguekokh, dans la région de Thiès au sud de Dakar, je fus époustouflée face à l’une des forêts de baobabs les plus denses au monde. Récemment, j’ai découvert en Tanzanie des variations de paysages incroyables, ainsi qu’un artisanat de qualité. Ce sont certainement les émotions vécues au gré de ces voyages qui sont à l’origine de ces influences.

Vous représentez beaucoup de femmes et peu d’hommes, est-ce volontaire ?

Ce n’est pas volontaire. Lorsque j’entame un tableau, je plonge tellement dans l’émotion ressentie qu’inconsciemment j’ai tendance à projeter sur la toile, la femme que je représente. Mes tableaux sont construits dans le sentiment, les hommes, les animaux, font aussi partie de mon travail.

© Françoise Dedon

Vos peintures sont généreuses, douces et voluptueuses. Comment faites-vous pour donner cette sensation ?

L’harmonie des lignes, des courbes, des couleurs, est fondamentale dans la structure de mes créations. Je ne peux pas créer si l’ensemble de cet équilibre n’est pas réuni. Lorsque j’entame une toile, le sujet d’apparence épuré, parfois primitif, est pourtant le fruit de recherches, de construction, d’assemblage, de sentiments puissants. Pour apporter du caractère, j’utilise des teintes pastel soulignées de traits épais, sombres. Au final, l’œuvre sera dure dans sa constitution, mais chargée de douceur dans son achèvement.

On remarque aussi des influences futuristes dans vos œuvres. Est-ce un sujet qui vous intéresse ?

Le futur que vous percevez est certainement lié à ce constant désir d’innovation. Mes œuvres contiennent parfois des touches de design, de tenues particulières qui provoquent cet effet. Il arrive que certains de mes personnages se situent sur des terres désertiques qui évoquent le monde de demain. Mais il se dégage toujours de leurs attitudes, leurs postures, une troublante assurance qui dans cette vision d’avenir soulève un vent d’optimisme.

© Françoise Dedon

Avez-vous envie d’essayer de nouvelles choses ?

J’ai envie de peindre des œuvres aux proportions monumentales. Plus tard, la sculpture en pierre, matière qui m’attire particulièrement.

Avez-vous des envies, des projets dans le futur ?

Je vais exposer en octobre 2020 à la Galerie Cravéro pour la ville du Pradet, puis en fin d’année en Espagne, à Barcelone. Une exposition prévue en Chine a été reportée suite à la crise sanitaire. Après cela, j’ai envie d’exposer à Londres, Berlin, Paris et New York. Participer à des foires internationales d’art comme la FIAC ou Art Basel, fait aussi partie de mes projets.

Retrouvez le travail de Françoise Dedon sur son compte Instagram.

Propos recueillis par Pauline Chabert

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