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Françoise Besson : “Mes choix artistiques sont avant tout des rencontres humaines”

Camille Venin 28 mai 2020
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En 2004, Françoise Besson a ouvert sa galerie d’art contemporain à Lyon. La peinture occupe une place primordiale pour la galeriste qui a su s’imposer sur le marché tout en restant fidèle à ses intuitions.

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours ?

J’ai un double cursus de Droit public et d’Histoire de l’art. Je n’étais pas forcément destinée à être galeriste. C’est après une retraite dans le désert, le désert qui est pour moi un lieu de recherche personnelle, que je me suis dirigée vers l’art. J’ai eu ma première commande d’exposition en 2000, sur les grands défis de l’humanité. Deux jours plus tard, j’ai reçu ma deuxième commande. C’est un peu l’Église qui m’a mis le pied à l’étrier finalement, j’étais en recherche spirituelle et c’est elle qui m’a conduite vers l’art. J’ai abandonné une carrière universitaire en tant que maître de conférence de Droit public à Lyon 2 pour ouvrir ma galerie en 2004.

Comment choisissez-vous les artistes avec qui vous travaillez ?

C’est toujours quelque chose qui me touche, dans le sens de ma collection personnelle et de ma sensibilité. C’est le fruit de rencontres fortes, tant au niveau du travail que de l’artiste lui-même. Contrairement à d’autres galeristes, mes choix artistiques sont avant tout des rencontres humaines. Ce sont des artistes et des œuvres qui me fascinent. Souvent, les galeristes vont chercher des perles tandis que je préfère les rencontres car il y a quelque chose qui opère tant au niveau phénoménologique de la réception de l’œuvre que dans la rencontre de la personne elle-même. Toute ma vie, je n’étais pas à la recherche de pépites mais j’ai trouvé des choses qui étaient véritablement sur mon chemin. Ce qui m’intéresse dans mon choix, c’est ma ligne artistique, c’est s’élever ensemble, l’incarnation et surtout un rapport au monde et à l’humanité. Il y a toujours cet aspect de recherche de la transcendance et du rapport au vivant dans ma ligne artistique.

Vous arrive-t-il d’intervenir dans le processus créatif de vos artistes ?

Quand j’insuffle un thème pour des expositions, les artistes vont produire différemment. Par exemple, avec Chantal Fontvieille en 2014, on décide de travailler sur la thématique “Devenir arbre”. Elle a commencé à travailler sur le tronc, les cernes de l’arbre, pour aller dans cette direction. J’ai un peu guidé son travail avec le sujet. Je ne dirais pas que je vais influer dans le processus même mais je vais parfois, par la problématique, orienter ou donner des idées aux artistes. C’est quelque part ma manière aussi d’être artiste, dans le choix des titres, dans la conception des expos et des catalogues. Je suis là pour donner du sens et de la cohérence aux expositions selon un travail de recherche, ma propre recherche très certainement.

Vous êtes particulièrement attachée à la peinture et au dessin, sans pour autant exclure les autres pratiques artistiques. Y a-t-il quelque chose dans la peinture qui vous touche plus singulièrement ?

Je pense que c’est encore une fois cette relation à l’incarnation et au vivant. J’ai démarré ma carrière avec cette exposition, “Saint Jean le Verbe se fait chair”, commandée par le diocèse de Lyon en 2004. Il était justement question de la dimension incarnée de la peinture et de ce rapport au vivant. Il y a vingt ans, on m’a qualifiée de mystique, on disait que la peinture était ringarde et pourtant, je suis toujours là. Heureusement, j’ai toujours suivi mon intuition et non pas la mode. Pour moi, le rapport à la peinture c’est cette dimension de l’incarnation et du vivant.

On parle aujourd’hui de “renouveau de la peinture”. Que pensez-vous de cela ?

Pendant un certain temps, la peinture a été mise de côté, c’était l’ère du conceptuel. J’ai ouvert ma galerie pour défendre la peinture, le dessin et la main car la peinture a toujours été très présente dans ma vie et je constate maintenant que les gens ont réellement besoin de s’entourer de peinture et d’œuvres, d’être dans la contemplation et de retrouver cette dimension incarnée et vivante de la peinture, surtout après la période que l’on est en train de traverser. Je pense effectivement que la peinture et le dessin ont de belles années devant eux. J’avais déjà cette intuition il y a quinze ans. J’étais l’une des seules galeristes d’art contemporain à Lyon à défendre la peinture et je vois que les choix que j’ai faits, en tant que galeriste comme en tant qu’acheteuse, se confirment aujourd’hui sur le marché international.

Avez-vous des projets à venir dont vous voudriez parler ?

On va tout d’abord mettre en place de nouvelles mesures pour les gestes barrières. On va essayer d’organiser d’ici juin, des vernissages sur plusieurs jours avec dix personnes par heure et un accompagnement très personnalisé, en présence d’un artiste. Il s’agirait donc d’un nouveau mode d’accueil et de réception du public. Puis, on met en place un projet sur Instagram. Tous les deux jours en format vidéo, on a un artiste qui nous ouvre les portes de son atelier et qui nous parle de son travail, de ses choix artistiques, etc. Je vous encourage d’ailleurs à aller voir la dernière vidéo avec Stéphane Charpentier sur Instagram. Je vais aussi organiser des rencontres à la galerie qui s’appelleront “Paroles vivantes”, des artistes viendront ainsi parler de leur travail et de leurs recherches directement au public. L’objectif est de pouvoir partager ensemble et démocratiser au plus grand nombre l’art contemporain, presque comme un lien social. Je pense qu’avec l’art et la beauté, on peut réellement s’élever ensemble.

Plus d’informations sur le site internet de la galerie et les réseaux sociaux Instagram et Facebook.

Propos recueillis par Camille Venin

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