Francesca Woodman ou l’étoile filante de la photographie
Francesca Woodman (1958-1981) est aujourd’hui considérée comme l’une des références de la photographie contemporaine. Coup de projecteur sur cette artiste américaine partie très jeune, dont le travail et l’univers singulier ont pourtant marqué durablement le milieu artistique.
Qui est Francesca Woodman ?
Née de parents artistes, Francesca Woodman débute très tôt la photographie, lorsque son père lui offre son premier appareil photo. À partir de l’année 1969, elle passe de nombreux séjours en Italie avec sa famille où la culture, la langue et les paysages l’inspirent véritablement. C’est en 1975, lorsqu’elle intègre la Rhode Island School of Design (RISD) à Providence, que la photographe en herbe prend réellement ses marques en étant l’élève du photographe Aaron Siskind. En 1980, elle passe ensuite deux mois dans le New Hampshire pour une résidence à la MacDowell Colony. Malgré sa passion pour la photographie et son acharnement pour se faire une place dans le milieu, Francesca Woodman se sentait incomprise, en proie à des pensées et des émotions sans doute trop profondes pour s’ancrer dans le présent. Le 19 janvier 1981, la photographe se donne la mort après avoir sorti son premier et unique pamphlet : Some Disordered Interior Geometries.
Quels sont ses sujets d’étude ?
Francesca Woodman questionne son identité en explorant sa propre image, à travers des réflexions sur la technique photographique notamment. La majorité de ses mises en scène se passent dans des espaces dépouillés voire décrépits, comme s’ils étaient sur le point d’être démolis. Ces mises en scène étranges transcendent le genre de l’autoportrait, avec l’apparition presque fantomatique du corps de Francesca Woodman au milieu de la scène. Les accessoires participent également à créer cet univers mystérieux, avec des morceaux de miroir, des débris jonchant le sol, ou encore du papier peint complètement déchiré. L’artiste nous rappelle ainsi que tout est éphémère, voué à la destruction et que nous sommes impuissants face au temps qui passe. Par ailleurs, Francesca Woodman assume être très influencée par le surréalisme et des photographes telle que Man Ray, confondant le corps et le décor, comme si le corps fusionnait avec son environnement, jusqu’à questionner le genre, l’identité, sa place dans la société.
Où sont ses œuvres aujourd’hui ?
Depuis sa mort, les œuvres de Francesca Woodman font parties des collections de musées internationaux à l’instar de la Tate Modern à Londres ou du Metropolitan Museum of Art à New York. En 1998, la Fondation Cartier et les Rencontres de la Photographie d’Arles ont consacré pour la première fois une rétrospective au travail de Francesca Woodman.
La dernière exposition de ses œuvres date de 2015-2017, lors d’une tournée européenne d’une centaine de photographies. Elle a été présentée au Moderna Museet de Stockholm (sept-déc 2015), au FOAM à Amsterdam (déc 2015-mars 2016), avant d’être exposée à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris (mai-juillet 2016). La tournée européenne de l’exposition s’est achevée au Moderna Museet de Malmö (nov 2016-mars 2017). Cette exposition avait été conçue en collaboration avec l’Estate Francesca Woodman à New York et Anna Tellgren, conservatrice de la photographie au Moderna Museet de Stockholm et commissaire de l’exposition.
From Space2, photographie coup de cœur de la rédactrice
Cette photographie est sans doute celle qui représente le mieux les idées, le travail, la vie et la quête d’identité de Francesca Woodman. L’espace est une sorte de composition géométrique avec des rythmes linéaires, accentuant ainsi la verticalité et l’horizontalité du décor. Le choix du noir et blanc, la luminosité et l’obscurité, permettent ce jeu plastique qui accentue l’aspect intemporel, poétique, étrange et profond de la photographie.
Par ailleurs, la fusion entre le corps nu et laiteux de Francesca Woodman se cachant derrière cette tapisserie fleurie et le décor vide, détruit, invite à réfléchir sur l’idée de métamorphose, comme s’il n’y avait pas de distinction entre le corps et le décor. Bien que ce soit un autoportrait, Francesca Woodman transgresse ici les codes de la représentation classique en ne montrant pas son visage, ce qui ne nous permet pas de l’identifier mais de rentrer peut-être plus intimement dans son univers si singulier. Ainsi, elle prend le contrôle de son image, explore les possibilités de la technique photographique et dialogue, indirectement, avec le spectateur. Son travail devient presque un laboratoire expérimental, dans lequel l’artiste se révèle et se cherche. Cela rappelle le mouvement artistique surréaliste, dont l’artiste s’inspire. Entre le visible et l’invisible, mais aussi entre fragilité et affirmation de soi, Francesca Woodman livre une complexité à être (sorte de cache-cache existentiel) ainsi qu’une liberté d’être, liberté de ce qu’elle est, artiste photographe et femme de son époque, et liberté de faire ce qu’elle veut sans retenue.
Pour plus d’informations sur Francesca Woodman, nous vous invitons à consulter le site internet de la Fondation Woodman.
Vous pouvez également écouter le podcast Un Autre Regard de la production Louie Media, qui lui a consacré un épisode.
Léa Imbert
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