Fox Art’ et Stan P : “Témoigner des traces du passé à travers nos clichés”
Redonner une seconde vie au passé en photographiant des lieux abandonnés, c’est le but de l’exploration urbaine. Marie Renard et Stanislas Porquet, de leur nom d’artiste respectif Fox Art’ et Stan P sont un couple de photographes avec l’urbex comme passion commune.
Pouvez-vous vous présenter ?
Marie : J’ai effectué des études dans la gastronomie et je suis diplômée d’une licence M.A.C.A.T. (métiers des arts culinaires et des arts de la table).
Stanislas : J’ai suivi un Bac Professionnel pour devenir plombier, je suis maintenant plombier pour une collectivité.
Qu’est-ce qui vous plait dans l’urbex et pourquoi photographier des endroits insolites ?
Ce qui nous plait dans cette pratique c’est d’abord de découvrir des lieux figés dans le temps et ainsi pouvoir témoigner des traces du passé à travers nos clichés. Nous sommes passionnés de photographie et nous aimons voyager, l’urbex nous permet d’allier les deux. C’est une passion, une source de richesses étonnantes et excitantes. Nous avons également un attrait pour l’architecture et la culture, les différents lieux à l’abandon que nous explorons en témoignent.
La philosophie de l’urbex dit-on, est de garder un lieu secret et donc de ne pas divulguer son adresse. Comment faites-vous pour découvrir des lieux abandonnés ? Vos trouvailles se font-elles au hasard ou vos excursions demandent-elles une préparation en amont ?
Effectivement la discrétion est de rigueur, aussi bien sur la localisation des lieux que lors des explorations. Pour découvrir des lieux à l’abandon il faut tout d’abord être curieux : regarder autour de soi, lire la presse, effectuer des recherches. On se lie aussi d’amitié avec d’autres photographes, ce qui permet de partager des sorties avec des gens de confiance, et seulement des gens de confiance.
Vos excursions se font-elles principalement en France ou à l’étranger ?
La majeure partie de nos explorations s’effectue en France, depuis environ 3 ans que nous explorons nous l’avons traversée de multiples fois : nous avons du y visiter 200 lieux. Nous avons également visité des lieux abandonnés en Italie, en Allemagne, en Belgique. Au total, tous pays confondus, nous approchons des 300 explorations.
Est-ce d’abord un intérêt pour les voyages qui vous a donné envie de faire des photos ? Quelles sont pour vous les meilleures destinations pour partir en expédition ?
L’envie de voyager a toujours été présente mais ce sont l’exploration et la photographie qui nous poussent à voyager à l’étranger afin de découvrir une culture, une architecture, des coutumes…
Nous sommes tous les deux d’accord pour affirmer que notre destination favorite afin de partir en expédition est l’Italie. C’est un pays ou nous apprécions principalement l’architecture des lieux a l’abandon, mais aussi la gastronomie et les paysages.
Vous arrive-t-il de tomber sur les propriétaires de ces terrains privés, sur la police ou des vigiles ? Quels en sont les risques ?
Cela nous est déjà arrivé quelques fois, en général cela se passe plutôt bien car nous respectons les lieux, aucune dégradation n’est effectuée pour entrer.
De plus, quand on se fait contrôler nous n’avons rien à nous reprocher car nous ne prenons que des photos.
Le risque est d’avoir des poursuites judiciaires car aucun lieu n’est réellement à l’abandon : il y a toujours un propriétaire quelque part. Les poursuites peuvent concerner une violation de propriété privée ou une violation de domicile.
Comment vous est venue cette passion, si c’en est une ?
Marie : Effectivement, je pense que lorsque cela nous prend une majeure partie de nos weekends et nous fait parcourir quelques milliers de km on peut appeler cela une passion. Pour ma part j’ai découvert cette discipline grâce à Stan ; lorsque j’ai eu mon premier appareil photo en 2017 je l’ai suivi sur une sortie, puis deux, puis trois… C’est également ainsi que j’ai commencé la photo.
Stanislas : Cela rythme nos sorties, nos vacances et parfois notre quotidien, donc oui c’est une passion. J’ai découvert l’urbex en 2013 suite à un article publié dans la presse locale, cela m’a tout de suite tenté. Avec mon premier salaire j’ai fait l’acquisition de mon premier appareil photo et je suis parti explorer.
Avez-vous fait de cette passion un métier ?
Non, cela reste et restera une passion : nous voulons que cela reste un plaisir, en faire notre métier en changerait la vision. Cependant nous effectuons des expositions et vendons nos tirages.
Faut-il être un bon photographe, avoir un bon appareil photo, ou un simple téléphone portable suffit pour réaliser de si beaux clichés ? Qu’utilisez-vous ?
Non il n’y a pas besoin d’être un photographe confirmé n’y d’avoir un bon matériel. Cela dépend vraiment de la démarche de chacun mais aussi de la destination finale de la photographie. Nous pensons que lorsque la photo est destinée à un public le tirage doit être un minimum qualitatif de par la prise de vue, le cadrage et éventuellement la post production.
Nous avons chacun notre matériel, nous avons tous les deux un Nikon d750 avec un objectif ultra grand angle Irix 15 mm, un téléobjectif sigma 70-200, et Marie dispose d’un Nikon 50mm.
Pour vous, qu’est-ce qui est le plus important pour réussir une photo ?
Pour nous c’est la lumière, le cadrage et surtout le plaisir !
De nos jours, beaucoup de terrains vagues sont détruits pour être reconstruits. Est-il facile aujourd’hui de trouver des lieux abandonnés ? En existe-t-il encore plus que ce que l’on pense ?
Les lieux à l’abandon nous entourent, ils sont bien plus présents que nous pouvons le penser. Il suffit de regarder autour de soi et on trouve toujours une petite maison, une usine désaffectée, et bien d’autres lieux… Cela attise la curiosité d’un bon nombre de personnes.
Y a-t-il un lieu qui vous a marqué plus que les autres ?
Marie : Le lieu qui m’a le plus marquée se trouve en Allemagne, il s’agit d’un ancien bowling clandestin de l’ancienne RDA. Il m’a beaucoup impressionnée car j’ai fait un bon dans le temps : tout était resté figé. On y trouvait encore des feuilles de scores, des boissons, et les pistes de bowling étaient intactes. Il se trouvait dans une zone industrielle sous un quai de gare : nous avons mis beaucoup de temps à trouver le lieu car comme je l’ai dit plus haut il était clandestin.
Stanislas : Pour ma part c’est une ancienne école, elle aussi en Allemagne. Elle se situe sur un bord de route dans un quartier très typé soviétique. En explorant cette école nous avons découvert des affiches de propagande de l’URSS sur les murs d’une salle de classe. Sur ces affiches on pouvait y voir des généraux de guerre entre autre, et dans la salle de sport se trouvait une peinture montrant deux athlètes soviétiques.
Vous arrive-t-il de vous attacher à certains lieux et d’y retourner pour voir comment ils évoluent ?
Cela peut nous arriver en effet mais c’est vraiment rare. Nous avons des coups de cœur, des lieux qui nous marquent réellement mais comme nous faisons de nombreux kilomètres pour effectuer les explorations ils est souvent difficile de retourner sur les lieux du fait de la distance.
Une anecdote à nous raconter ?
Beaucoup d’anecdotes à raconter et difficile de choisir, mais en voilà deux.
Dans un complexe hospitalier nous avons exploré une morgue ; nous sommes entrés par le sous-sol, et en pénétrant à travers nous sommes arrivés dans une pièce, on entendait du bruit… C’était les ventilateurs des chambres froides qui fonctionnaient encore. En arrivant dans les étages on s’est rendus compte que les lumières des salles d’autopsie fonctionnaient elles aussi !
Une autre anecdote, dans une maison à l’abandon depuis plusieurs années, le plafond de la cuisine était en partie effondré : des bouts de plafond jonchaient le sol. Par curiosité Stan a appuyé sur un interrupteur : quelle surprise quand le luminaire de la cuisine tenant par un simple fil s’est allumé ! Depuis toutes ces années le courant n’a pas été coupé.
Propos recueillis par Lou Barbato
Articles liés
MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...
Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...
Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...