FIAC! Ou Fashion Week ?
Le 18 octobre, et cela pour cinq jours consécutifs, Paris accueillait sa célèbre Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) pour la 45e année. Pour moi, c’était la première fois…
En ce vendredi 19 octobre, le ciel est clair et je me dirige vers le Grand Palais, qui est le lieu majeur de l’événement. A l’occasion, son parvis se voit décoré de longues lignes colorées. On y trouve aussi des food trucks et des bars éphémères, ainsi qu’un petit skatepark. Le prix d’entrée de la foire ? 38 euros. Le tarif « réduit » se trouve quant à lui fixé à 25 euros. Ceci se trouve être un premier moyen de sélection de la clientèle, mais malheureusement une façon de renforcer le caractère élitiste de la culture, notamment de l’art contemporain. Et pourtant, 70 000 visiteurs sont attendus cette année.
Une fois à l’intérieur, on découvre la beauté et l’immensité du lieu, de longues allées lumineuses où se succèdent 195 galeries provenant de 27 pays différents, au sein de trois départements distincts d’art moderne, d’art contemporain et de design. La verrière de verre en coupole qui surplombe le Grand Palais fait honneur à cette sélection. « Chacune de ces galeries présente des artistes qu’ils ont souhaité représenter à l’occasion» nous explique la responsable de la galerie Air de Paris. Benoît Sapino, fondateur de la galerie Le Minotaure nous explique que l’intégralité des exposants ont été choisi à l’issue du choix d’un comité.
On y découvre des grands noms, Yves Klein, Kehinde Wiley, Karl Lagerfeld ou encore Otto Piene. La galerie du Minotaure propose quant à elle une exposition sur le constructivisme et le biomorphisme des années 1910 à 1950. On y voit aussi l’oeuvre géométrique de Jean Gorin, inspirée de son travail avec Piet Mondrian. C’est avec grand plaisir que je me dirige vers des installations étonnantes qui ne semblent pas faire sourire tout le monde, comme cette boîte en carton qui vous interpelle par un « bonjour, je suis une boîte » ou cet énorme yéti blanc placé derrière un micro accompagné par le son d’une guitare électrique frottée ponctuellement par des morceaux de tissus fixés à un ventilateur en marche.
Parmi ces stands blancs immaculés, on y trouve aussi la galerie suisse Gmurzunka dont la structure a été conçue par le célèbre bureau Betak. Le thème de l’exposition, « Smoke and Fire » comprend une dizaine d’oeuvres vendues entre 30 000 et 5 millions d’euros. Elles sont hébergées à l’intérieur de ce qui pourrait être une caserne de pompiers.
Après quelques heures passées à la FIAC, on découvre vite que cette foire qui se veut internationale est composée de 50 % d’exposants d’origine européenne, et d’une majorité de galeries américaines ou asiatiques (Chine, Japon, Séoul). On y trouve néanmoins quelques galeries d’Amérique du Sud, et une galerie des Balkans (LambdaLambdaLambda, Prishtina, Kosovo). La programmation mentionne la participation des Emirats arabes unis, que je n’ai pas aperçu, se trouvant sûrement justifiée par la présence d’une galerie perdue dans la foule d’exposants.
Hors du Grand Palais, la ville de Paris se trouve envahie par l’art contemporain, avec des œuvres, des conférences et des performances artistiques sur la Place Vendôme, la Place de la Concorde, au Jardin des Tuileries, au Palais de la Découverte ou encore au Musée Eugène-Delacroix.
Néanmoins, certains jeunes artistes refusent de participer à la FIAC critiquant le « formatage » des œuvres mises en vente. Selon Louise, étudiante diplômée des Beaux Arts interrogée par le Huffington Post, ses installations, composées d’objets insolites, sont invendables puisqu’elles ne correspondent pas « au format ou à la notion de propreté qui rassurent les acheteurs». Ce « productivisme » est dénoncé par ceux qui refusent les règles et les codes violents du marché de l’art et de ses attentes financières. A méditer.
Philippine Labrousse
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