Fanny Lng : “Que mes dessins soient adaptés en dessins animés, ce serait fou !”
Fanny est une illustratrice française extrêmement talentueuse. Populaire sur les réseaux sociaux, elle cumule plus de 224 000 abonnés sur Instagram. Grâce à ses dessins retraçant des moments de sa vie quotidienne, la jeune femme a su créer un engouement autour de son travail. C’est avec plaisir que nous avons échangé avec elle sur son parcours, son travail et ses projets.
Peux-tu te présenter ? Nous dire qui tu es, tes études, ton parcours, ton travail actuel ?
Je m’appelle Fanny, je suis illustratrice, j’ai grandi et je vis toujours en région parisienne (93). J’ai commencé à dessiner depuis toute petite et je n’ai jamais vraiment arrêté, ça a toujours été ma passion. Concernant mes études, j’ai voulu rentrer dans un lycée d’art dans lequel je n’ai pas été acceptée et je me suis redirigée vers des études de mode et stylisme, qui étaient un peu ma deuxième passion. J’ai finalement arrêté avant de passer mon diplôme. L’école c’était définitivement pas fait pour moi. J’ai ensuite travaillé cinq ans dans la vente et j’ai arrêté en 2016 pour me consacrer au dessin. J’ai passé un an à me remettre dedans pour essayer de développer mon style et trouver ce que je voulais vraiment faire. C’est comme ça que j’ai commencé à publier mes illustrations sur Instagram.
C’est un parcours plutôt atypique que tu nous décris-là.
Oui, je suis vraiment autodidacte. J’ai appris en regardant des livres, des tutos sur YouTube, en m’entraînant. Je n’ai jamais pris de cours de dessin.
Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
Je dirais tout de même assez girly. Au début, je me contentais juste de recopier ce que j’aimais, principalement des Comics, des Disney… puis j’ai pris à droite à gauche ce que j’aimais chez tel ou tel dessinateur pour mixer le tout et réussir à créer mon identité, un univers qui me ressemble vraiment.
Où trouves-tu tes inspirations pour réaliser tes dessins ?
Honnêtement, je tire tout de ma vie quotidienne, des discussions que j’ai avec mes copines, ma famille… Au final, je me rends compte qu’on a tous un peu la même vie parce qu’à chaque fois tout le monde se reconnaît. Du coup, pas besoin d’aller chercher plus loin. C’est ma nièce que j’ai dessiné pour l’un de mes derniers dessins.
Quelle serait une de tes journées type ?
Je travaille de chez moi. La totalité de mon temps, je suis à mon bureau en train de dessiner, surtout là, en période de confinement, vu que l’on n’a pas de rendez-vous à l’extérieur. Je me lève, je fais tout ce qui est mails… puis je dessine jusqu’au moment d’aller dormir. Je t’avoue que ce n’est pas très passionnant.
Peux-tu nous expliquer ton processus de création ? Comment travailles-tu ? As-tu d’abord l’idée et ensuite tu réalises le dessin ou l’inverse ?
J’ai toujours l’idée. Dans mon téléphone, dans mes notes, je dois avoir au moins 200 idées de dessins. La plupart avant de dormir, je suis allongée et je me dis : “Cà, ce serait un trop bon dessin !”. Ou alors quand je discute avec mes copines, on parle d’un truc et je me dis : “Oh, ça faut que je le dessine !”. Toujours noter l’idée, noter les dialogues et ensuite faire le dessin.
À part les réseaux sociaux, dessines-tu pour des entreprises, des magazines ?
Alors, j’ai déjà dessiné pour des magazines. Ce n’est jamais quelque chose de régulier mais j’ai déjà fait quelques petits trucs, à droite à gauche. Maintenant, je travaille qu’avec des entreprises, que ce soit pour des partenariats ou parfois, juste des illustrations que je ne vais pas forcément relayer sur Instagram. Après, au-delà des contrats que j’ai, il faut quand même que je dessine pour Instagram. Je pense que ça doit se voir mais je ne fais quasiment pas de partenariats. 95% de mes posts ne me rapportent rien, c’est juste une vitrine. Ce sont les dessins que j’ai envie de faire, de partager.
Si tout ce que tu fais sur les réseaux sociaux n’est pas rémunéré, comment fais-tu pour vivre de ton métier ?
J’essaie d’avoir des contrats qui vont me permettre de vivre pendant quelques mois. Ce n’est pas un métier qui est sûr, comme tout métier artistique, même si derrière, j’ai la chance d’avoir Instagram qui me facilite un peu la tâche. Comme je ne veux pas tomber dans les partenariats à outrance j’en accepte vraiment peu. J’essaye de faire en sorte que ma passion garde le dessus sur le travail.
J’ai vu sur ton compte Instagram que tu faisais partie d’un projet pour sensibiliser à la protection de l’environnement. Peux-tu nous parler du projet Draw for Earth ?
C’est un projet que l’on a monté avec l’une de mes amies illustratrices qui s’appelle Blachette. On a créé ça en 2018 juste avant l’été. J’étais dans une période où je regardais énormément de documentaires sur l’écologie. Je commençais à avoir un peu de notoriété sur Instagram et j’ai eu envie de m’en servir, de faire quelque chose d’utile. On a lancé ce hashtag (#DrawForEarth) pour sensibiliser et pousser les autres illustrateurs à faire des dessins autour de l’écologie. On s’est dit que le dessin c’est un bon moyen de communication dans le sens où ce n’est pas trop moralisateur. Les gens se sentent moins agressés en voyant des petits dessins qui expliquent plutôt qu’un long article ou tout un documentaire. On s’est dit que c’était un bon moyen de faire passer le message et on a lancé ça. On a eu énormément de participations donc c’était cool. C’est un projet qui me tient à cœur et on essaye de continuer à le faire vivre.
Comme tu l’as mentionné tout à l’heure, l’une de tes inspirations ce sont les Comics. Je trouve que tes illustrations ressemblent beaucoup aux dessins que l’on peut trouver dans des BD, penses-tu en créer une ?
Alors, on me le demande plus que je n’y pense. Après une BD c’est un travail bien plus approfondi que ce que je fais sur Instagram. Il faut un scénario, une trame, que ce soit construit du début à la fin, c’est différent. Je ne peux pas en dire plus mais c’est un projet qui se réalisera sûrement dans les prochaines années.
Est-ce que tu as déjà pensé à faire des illustrations pour des dessins animés ou des films d’animation ?
Je pense que ça sera vraiment l’aboutissement de tout. C’est aussi un autre domaine. J’ai déjà fait un peu d’animation pour une vidéo qui était sortie pour la parution d’un livre (ndlr : Dans la petite vie d’une adolescente de Romy). Que mes dessins soient adaptés en dessins animés, ce serait fou !
As-tu déjà pensé à arrêter à cause des messages haineux que tu reçois sur les réseaux sociaux ?
Non, pas au point d’arrêter. En revanche, c’est une chose que je ne pensais pas avoir à gérer avec un compte de dessins et au final si. Maintenant, j’arrive à me dire : “Calcule pas, passe à autre chose, supprime les messages”. Cependant, je partage beaucoup moins de chose de ma vie qu’avant. Quand j’ai commencé mon Instagram en 2011, ce n’était pas dans l’optique de percer. J’avais mes photos perso, mes petits dessins. Ça a marché mais ce n’était pas mon but de base, du coup les messages négatifs ont été un peu dur à gérer.
Dans tous les dessins que tu as réalisé, est-ce qu’il y en a un qui te tient particulièrement à cœur, un que tu as beaucoup aimé réaliser ?
Ceux que je préfère faire ce sont les portraits. Les dernier portraits que j’ai postés, dans un style un peu différent, avec un côté peinture. Ce sont vraiment des dessins que je fais par plaisir, pour moi avant tout. Je sais par avance que ce sont ceux qui ont le moins de likes et de commentaires, donc pas de pression. Après, tous mes petits dessins BD je les adore mais j’ai l’impression qu’une fois que je les poste, ils ne m’appartiennent plus vraiment parce qu’ils sont tellement repartagés.
Est-ce que tu aurais un message pour toutes les personnes qui aimeraient se lancer dans l’illustration mais qui ont, peut-être, peur au vu de la situation, de ne pas savoir s’ils vont réussir à trouver des contrats ?
Je voudrais dire qu’il n’y a pas forcément besoin de faire des écoles d’art pour savoir dessiner. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir Internet, d’avoir tout disponible. Tu peux apprendre tout seul. Par rapport au travail, honnêtement, c’est un milieu qui est compliqué. C’est un métier qui est souvent sous-valorisé par rapport à tout le temps que l’on passe dessus. Mais après, comme toute passion, si c’est ce que tu veux, je pense que tu y arriveras toujours. Regarde, moi j’ai arrêté de travailler à 25 ans. Je me suis lancée vraiment dans le dessin et j’ai commencé à gagner ma vie à 27 ans. Cela peut paraitre hyper tard mais au final, j’arrive à m’en sortir quand même. Je pense que si tu fais tout pour réussir, quel que soit le domaine, tu y arriveras.
L’année 2020 est bientôt finie, qu’est-ce que tu aimerais réaliser en 2021 ? As-tu des projets à venir dont tu pourrais nous parler ?
Je ne peux pas trop en parler pour le moment mais, oui, j’ai des projets. Tout ce qui est autour de la bande dessinée, l’agenda… C’est vrai qu’au final je produis beaucoup sur Internet mais je n’ai pas encore de projet en physique, donc ça serait plus ça. Sinon, pour le moment, je suis plutôt satisfaite de ce que je fais, donc continuer sur ma lancée.
Merci beaucoup à Fanny pour le temps qu’elle nous a accordé et d’avoir répondu à toutes nos questions.
Pour continuer à suivre le travail de Fanny : Instagram et son site Internet.
Propos recueillis par Aurianne Delaye-Amiard
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