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Exposition Willy Ronis au Pavillon Carré de Baudouin

Willy Ronis, Les amoureux de la Bastille, Paris 1957

C’est tout en haut de la rue de Ménilmontant que l’on aperçoit à l’angle le Pavillon Carré de Baudouin précédé d’un petit parc nous accueillant. Ce site historique préservé est aujourd’hui le lieu de l’exposition du grand photographe Willy Ronis, du 27 avril au 29 septembre, pour une rétrospective exceptionnelle.

Willy Ronis, au cœur de Paris

C’est au sein des 4 grandes salles d’exposition gorgées de lumière que de grands tirages sont thématiquement répartis. Ce sont 200 clichés qui ont été sélectionnés pour retracer le travail photographique de l’artiste pendant 75 ans.

Willy Ronis est un artiste fascinant par son regard, sa curiosité et son attention. Il s’est attaché à se faire le reporter de la vie au sein de la ville. Il mena de front commandes et recherches personnelles, après quelques années passées au sein du magasin de photographie de son père. Il travaillera avec de nombreux quotidiens et intégrera le Groupe des XV. Ce cercle de personnalités brillantes, telles que Sabine Weiss, Janine Niépce ou Robert Doisneau, était une association française dont le but était de promouvoir la photographie en tant qu’art et attirer l’attention sur la sauvegarde du patrimoine photographique français. Son activité intense et la qualité reconnue de ses images l’emmèneront outre-Atlantique et le feront invité d’honneur aux Rencontres d’Arles.

Il se plongera ensuite dans ses fonds photographiques à partir de 1985 pour créer 6 albums considérés comme l’essentiel de son travail.

Paris et ses lumières

Willy Ronis arpente rues et ruelles de Paris et ses alentours à l’affût d’un regard, d’une silhouette, d’un fragment de la vie quotidienne. Il capte les instants fugaces et les détails sensibles.

À travers ses photographies, son attachement à l’architecture et à ses quartiers favoris, tels Ménilmontant et Belleville, transparaît. Il s’attache aux scènes pittoresques, aux amoureux, aux quais de Seine…

“J’ai vécu à Belleville des bonheurs personnels et des bonheurs photographiques, pour moi cela ne fait qu’un, c’est le bonheur tout court.”

Nous sentons le soin et le temps pris pour composer ses images. Il prend un certain recul et permet à ses images d’y faire figurer plusieurs actions qui se répondent. L’artiste constitue ainsi un témoignage hors pair sur un Paris aujourd’hui disparu.

Willy Ronis, Le Bateau-mouche, Paris 1949

“Quel que soit celui qui photographie, le désir de conserver au fil du temps, et la mémoire des lieux et celle des êtres qui nous sont chers.”

À la suite de l’exposition, un choix de non-chronologie permet de découvrir Willy Ronis à différentes périodes de sa vie, à travers ses autoportraits. Ses premiers autoportraits sont des images assez apprêtées et soigneusement éclairées où il se met parfois en scène dans son atelier aux côtés des objets de son quotidien.

Willy Ronis, Autoportrait aux flashes, Paris 1951

Plus tard, dans la ville, il joue avec vitres, reflets et miroirs jusqu’à se perdre dans ces décors urbains. On parle parfois d’image quasi surréaliste, il nous invite dans son univers, nous emmène dans ses déambulations et ses virées.

Monde ouvrier et mouvements sociaux

Willy Ronis s’intéresse aux actualités de son époque, aux idées qui font les changements. Ce sont les mouvements au sens propre et au sens figuré qui animent ses images.

Le monde ouvrier est alors représenté dans les usines, comme la poignante photographie de Rose Zehner, militante syndicaliste, lors d’une grève des ouvriers métallurgistes chez Citroën en 1938, qui ressortira des archives quarante-deux années plus tard.

Ce monde ouvrier auquel il tient tant transparaît dans ses photographies d’architecture, comme une centrale de sidérurgie, des docks, des filatures… Il prend soin de mettre en avant lignes, ombres et formes qui structurent ses images.

Les mouvements qu’il saisit sont aussi les mouvements humains, comme la foule qui descend dans la rue pour la victoire du Front populaire en 1936.

Rose Zehner, déléguée syndicale, pendant une grève chez Citroën, Javel, Paris 1938

“Je n’ai jamais poursuivi l’insolite, le jamais vu, l’extraordinaire, mais bien ce qu’il y a de plus typique dans notre vie de tous les jours.”

Willy Ronis place les gens au centre de son œuvre en posant sur eux un regard optimiste sans négliger la dureté de son époque, d’où ces images sur le monde du travail et les luttes ouvrières.

Willy Ronis, pendant le défilé de la victoire du Front populaire, rue Saint-Antoine, 14 juillet 1936

Aujourd’hui, grâce à la mairie du XXe, des visites commentées et gratuites sont proposées chaque samedi à 15h.

Son travail est une marque d’empathie et d’engagement social qui perdure tout au long de son œuvre. Une rétrospective magnifique à voir sur le travail d’une vie, sublimé par une sensible appropriation de la lumière.

Mona Dortindeguey

Exposition prolongée jusqu’au 2 janvier 2019.

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