Exposition géante de Street art à Malakoff
Le Grand 8 de l’Art urbain |
Jusqu’au 30 septembre 2016 Pendant cinq mois, un hangar de 2000 m2 devient le terrain de jeu de 50 artistes urbains. Un lieu éphémère qui en met plein la vue ! Un hangar géant s’offre à nos yeux, sa lourde porte noire décorée joyeusement par L’homme blanc de Jérome Mesnager, entamant en une danse, sa 30ème année d’existence. A ses côtés, un garçon mince et grand au regard fuyant. Les artistes argentins Mart Aire et Pol Corona s’amusent à faire dépasser le pied de leur doux rêveur sur un tabouret, bien réel lui. Un endroit qui n’existera plus dans quelques mois, remplacé par des logements mixtes. « Le lieu était tellement fou, il fallait en faire quelque chose ! Nous en avons discuté avec son gérant, Jean-Marc Vibert, un passionné d’art. L’idée lui a plu, il nous a donné carte blanche.» expliquent Hanna et Hadrien, investigateurs du projet. Après un grand nettoyage de janvier à mars 2016, le lieu peut enfin accueillir les artistes. Une structure en forme de huit, tout en bois est placée au centre de l’espace, symbole de l’infini. Chaque participant dispose d’un volume de 50 à 100 m3 pour s’exprimer. La thématique est imposée : le vivant. A eux ensuite de sculpter, décorer, graffer.
Certaines installations sont incroyables, comme le Nosbestomac, un intestin fait de polystyrène, bois et peinture rouge, réalisé en deux mois. Le visiteur doit pénétrer à l’intérieur de cette structure, des yeux inquisiteurs le scrutant sans relâche. « J’ai voulu appliquer cette couleur rouge car elle représente le vivant. Moi qui travaille généralement en noir et blanc, ca me change !» raconte l’artiste parisien Nosbé. Il n’hésitera pas à dormir sur place quand la difficulté le nécessitera. Reaone, graffiti artiste de la banlieue parisienne, en fera autant. Ses lettrages poétiques s’identifient rapidement. Elles ondulent ici autour d’un personnage féminin sculpté par Vinie, artiste toulousaine n’hésitant pas à se servir du réel pour l’intégrer à ses œuvres. Les cheveux de sa sculpture sont ainsi en véritables feuilles. « Les deux artistes ont été chercher de la terre dans la forêt, du bois, des feuilles, c’est une installation d’envergure ! » précise Hanna. Elle n’est pas la seule, un visage tout en bois toise de sa hauteur Le Grand 8. Shaka, artiste parisien, réalise cette sculpture vertigineuse en un mois, sorte d’architecture corporelle décharnée. « Je souhaitai dépeindre une anatomie dynamique révelant les forces qui la composent et la décomposent, tel un système réticulaire de formes géométriques. Elles évoquent des ondes lumineuses parcourant un espace/temps donné. »
Ce lieu incroyablement grand a évidemment été l’élément déclencheur des réponses artistiques positives. Mais pas seulement, comme le relève Hanna : « Quand nous avons nettoyé le hangar, nous n’avons pas tout jeté. Il restait du bois, du métal, une scie sauteuse…beaucoup d’éléments susceptibles d’intéresser les artistes. » L’artiste plasticienne Mademoiselle Maurice, ne s’en cache pas : « J’ai récupéré les branches des arbres dans la beine, j’ai pu scie-sauter des gaines de tuyaux directement sur place. Le fait de pouvoir utiliser un maximum d’éléments sur notre lieu de création était vraiment intéressant. Et puis travailler avec les autres artistes, c’est un peu la colonie : de bons moments de rire et de partage à plusieurs. » Il serait difficile de décrire toutes les œuvres du hangar tant elles sont nombreuses. La magie de la visite s’en trouverait également affectée. Mais qu’il s’agisse de cette petite fille (réalisée par Anis) se balançant yeux fermés ou de cet homme perdu au milieu de ses bouées (réalisé par Philippe Herard), beaucoup d’installations restent inévitablement en mémoire.
Marie Dufour |
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