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Etienne Quesnay : “Je pense, j’espère et je veux que ma peinture me ressemble.”

Ariane Lebon & Blanche Bourgeois

Qui est l’artiste derrière ces œuvres colorées à la dimension esthétique bien particulière ? On vous emmène à la découverte de l’auteur de ces visages bien connus d’Instagram.

Pourrais-tu d’abord nous présenter ta carrière ?

Carrière est un mot bien fort pour définir mon parcours. J’ai commencé le dessin sans doute à six ans pour imiter mon père qui dessinait énormément. Quand je suis arrivé à Paris il y a 5 ans, j’ai atterris dans un 12 mètres carré qui a été un petit studio de création dans lequel j’ai fait beaucoup de sons, mais surtout des aquarelles. C’est à ce moment là que j’ai commencé à peindre des personnes d’Instagram que je trouvais inspirantes.

Chacun de ces portraits a été relayé par ces personnes, ce qui m’a permis de monter un peu. J’ai ensuite commencé à peindre en développant mon imaginaire au maximum, puis j’ai eu la chance d’être propulsé par le média MAD. Tout s’est enchainé très vite après ça. J’ai fait une collaboration avec Adidas, un évènement à la Montgolfière où j’ai fait une peinture à l’huile d’1m80 par 1m80 en live durant deux heures. Tout était assez naturel, je fais ce que j’aime, et ça plaît. Je suis toujours resté très proche des personnes qui me suivent sur Instagram parce que c’est vraiment là que tout a commencé, et continuer à être en contact avec elles est quelque chose de très important pour moi. C’est sur Instagram que les gens m’ont donné envie de continuer, c’est sur Instagram que je me suis plût à faire ces choses-là. Maintenant j’ai beaucoup plus d’espace pour faire de grosses créations à l’huile. Tout fonctionne bien pour moi, et je suis très heureux des personnes qui me suivent, qui ne sont qu’amour.

Quelles sont tes inspirations, tes muses pour tes œuvres ?

Je n’ai pas de muse, je trouve que c’est un terme qui objectise la personne en question. Mon inspiration est toute naturelle à vrai dire. Je pense qu’elle est puisée dans une légèreté, qui est sûrement la légèreté de l’enfance. Je fais beaucoup de femmes parce que c’est ce qui me plaît, et puis c’est aussi une manière de dire que je ne suis pas plus féminin qu’une fille et une fille n’est pas plus masculine que moi. À côté de ça, beaucoup de personnes me demandent pourquoi je ne fais que des femmes, alors que les visages simples que l’on peut voir de temps en temps dans mes peintures n’ont pas forcément de sexe.

Donc qu’est-ce qui m’inspire ? Je ne sais pas. Je travaille beaucoup avec de la musique. Une musique va clairement déterminer l’humeur dans laquelle je vais être et l’intensité avec laquelle je vais produire quelque chose. Ça m’est déjà arrivé mille fois d’écouter une musique calme et que d’un coup ça passe à un son super violent et que je devienne dingue parce que ça a totalement cassé mon rythme. Une grande partie de mon travail est aussi très liée avec l’histoire que je vis avec ma copine, qui est également une artiste. Donc je ne pourrais pas dire qu’il y a quelque chose qui m’inspire, c’est surtout en moi, et c’est surtout une espèce de mélancolie, de douceur, de poésie que j’essaie d’aller chercher au plus profond de moi-même, comme une sorte d’innocence. En gros je pense, j’espère et je veux que ma peinture me ressemble au maximum, donc qu’il y ait cette chose d’un peu légère, fragile, en même temps un peu triste et un peu grave mais poétique donc optimiste.

Que penses-tu de l’influence d’Instagram sur le milieu artistique actuel ?

Instagram m’a clairement aidé à devenir ce que je voulais être, à savoir artiste. Ça apporte beaucoup plus d’indépendance aux esprits créatifs, ça libère beaucoup de gens. Après, c’est beaucoup plus dur d’y monter aujourd’hui, l’algorithme est plus compliqué, et puis il y a tellement de choses qui ont été faites qu’il faut se démarquer, avoir son style. Il y a la partie vraiment créatrice et très naïve de l’art et puis la partie plus mature et sérieuse de réussir à se vendre, réussir à captiver l’attention, et puis réussir à être constant. Donc je trouve qu’Instagram c’est vraiment bien car ça a permis de se détacher des galeries, même si à terme évidemment l’objectif de tout artiste reste d’être représenté par une grande galerie. Mais dans un premier temps, ça permet l’indépendance à beaucoup et c’est ce qu’il y a de mieux. On est tous beaucoup plus libres, on a tous la possibilité demain de faire une musique, une peinture ou une danse qui soit virale et qui change ta vie, donc c’est quand même pas mal.

Comment le confinement a-t-il affecté ton rythme de création ou peut-être même tes créations en elles-mêmes ?

Finalement, le confinement n’a pas changé grand chose pour moi. Ça me laisse presque plus de liberté. En fait, le moment où je commence à créer, c’est le moment où j’essaie de me détacher de toute notion de réalité. C’est un moment très personnel donc j’essaye de ne pas retranscrire tous les problèmes qu’il peut y avoir sur le monde. Au contraire, je pense qu’une époque sombre va encore plus me pousser à faire du positif, du créatif et du poétique, et l’actualité me donne un peu plus envie de faire des trucs engagés. Après évidemment, c’est beaucoup plus dur de se faire livrer du matériel, mais en terme de ventes, j’ai pas vendu moins que d’habitude.

Réalisé pour @underquarartine

Après ce que ça change c’est qu’on vit beaucoup moins de choses au quotidien. Forcément, on est moins inspiré, par exemple je n’ai pas créé pendant plusieurs jours parce que je n’en avais pas envie. Parfois ça peut impacter le moral, mais globalement, il faut quand même s’estimer heureux d’être confinés en France, dans un pays qui n’est pas trop compliqué, on n’a pas trop à s’en faire. Le confinement c’est un grand mot, l’atmosphère n’est pas si oppressante.

Retrouvez plus de créations de l’artiste sur son Instagram.

Propos recueillis par Alix Plancade

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