Erwin Wurm chez Thaddaeus Ropac
Oui, Thaddaeus Ropac a toujours le chic pour avoir une longueur d’avance. Oui, c’est une des galeries les plus renommées de Paris. Oui, elle défend ses choix avec autant de fierté que d’aisance. Et concernant Erwin Wurm, un de leurs plus grands artistes, on ne peut qu’applaudir : la production de cet homme, culottée (vous comprendrez pourquoi) a de quoi faire méditer. On trouve ici pêle-mêle du Jérôme Bosch, du monumental, de l’absence, du jeu d’enfant, de l’éléphant, de l’éléphantiasis… Poursuivant son questionnement sur la sculpture, qu’il avait initié dès les années 1990 avec ses one-minute sculptures, Erwin Wurm nous plonge dans un monde délirant où rien n’est à sa place, surtout pas les corps difformes qui semblent plonger ou jaillir de vêtements finalement vides.
Les sculptures monumentales donnent envie de jouer entre leurs jambes, comme autrefois, lorsque nous osions. Des bosses anarchiques émergent ça et là sur les vêtements, des poches s’affichent en braguette sur le devant, au lieu du côté. Bizarrement on se sent réconforté de ne pas trouver les membres là où ils devraient être. Ces trous béants parlent de naissance, de mouvement, de direction, de rythme.
L’habit fait-il le moine ou le cache-t-il ? C’est ce qu’on peut raisonnablement se demander, face à ses sweaters d’homme invisible, menaçant et toisant une énorme casquette de police sous laquelle on peut se glisser. Bien évidemment, sous la casquette, on ne voit rien, comme de bien entendu, tant la visière est basse. Et de l’extérieur, les autres ne voient pas notre tête, double perte d’identité extérieure et intérieure. Nous sommes vidés de tout côté. Le jeu est omniprésent, comme dans le détournement de L’Urinoir de Marcel Duchamp, sculpture fondatrice s’il en est.
Mathilde de Beaune
Yes Biological – Erwin Wurm
Jusqu’au 12 février 2011
Du mardi au samedi de 10h à 19h
Informations : 01 42 72 99 00 ou galerie@ropac.net
Galerie Thaddaeus Ropac
7, rue Debelleyme
75003 Paris
Métro Saint-Sébastien – Froissard, Filles du Calvaire
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...