Entretien avec l’illustratrice Roxane Lumeret
Roxane Lumeret, autrice et illustratrice révèle son imaginaire dans le livre pour enfant mais pas que. D’un style unique, elle happe l’attention des grands comme des petits, dévoilant des contes étranges aux couleurs envoutantes et à l’atmosphère fantastique.
Comment décrirais-tu ton art ?
Mon médium est le dessin, plus exactement l’illustration, autrement dit un art populaire, accessible et lisible pour n’importe quel spectateur.
En terme de style, c’est figuratif, très coloré et un peu onirique.
Pour quelles raisons as-tu choisi de t’orienter vers la littérature pour enfant ?
J’avais commencé à imaginer des projets de livres jeunesse quand j’étais encore étudiante aux Arts Décos à Strasbourg (l’ancien nom de la HEAR) car notre chef d’atelier Guillaume Dégé nous avait fait réfléchir sur ce sujet. Ensuite j’ai eu envie de continuer et de proposer mes manuscrits à des éditeurs parce que la littérature jeunesse me semblait une sorte de terrain de jeu, où beaucoup de choses sont possibles en terme de narration, de scénario et d’image.
Considères-tu que la littérature jeunesse te laisse une plus grande place de créativité ?
Mon éditrice laisse ses auteurs assez libres, donc je ne me sens pas entravée. Ce qui est plaisant c’est de pouvoir dessiner de grandes doubles pages où l’on peut représenter tout un univers dans lequel le lecteur se plonge, ce qui n’est pas nécessairement le cas de la bande dessinée, qui doit tenir compte d’enjeux narratifs plus efficaces.
Coup de frein sur la côte détonne de ton univers enfantin, comment en es-tu venu à cette idée ? Qu’est ce qui t’a donné envie d’illustrer un livre pour adulte ?
C’était une proposition des éditeurs de la collection, et j’ai été réceptive parce que l’idée me plaisait.
Tu dessines de manière traditionnelle, quels sont les avantages et les inconvénients de cette démarche ? Il y a t-il des limites à ne pas utiliser des logiciels comme Illustrator ?
Les inconvénients sont le temps d’exécution et la flexibilité. Par exemple, il arrive qu’on passe une heure à crayonner un bout de dessin, pour se rendre compte que c’est mal cadré, trop grand ou petit. Alors il faut gommer, décalquer et reproduire à la table lumineuse. Aussi, certains passages de couleurs qu’on applique au pinceau en aplats de gouache prennent un certain temps, sans compter le séchage entre plusieurs couleurs, ce qui n’existe pas sur ordinateur où on sélectionne une zone qu’on colore en un clic. Ce qui permet d’être plus rapide en plus de réajuster le tir, d’annuler, de revenir en arrière, d’essayer plusieurs versions, etc. Par ailleurs, le stockage et la conservation des originaux peuvent devenir problématiques au bout de plusieurs années.
Les avantages de travailler en traditionnel sont la sensation du papier, la luminosité des pigments naturels, et la sensation physique et concrète qui n’existe pas sur un écran, mais aussi la possibilité de vendre les originaux en galerie, ce qui est intéressant.
Les limites sont l’envergure du livre, car pour un livre jeunesse avec 40 pages soit 20 doubles, c’est un plaisir de travailler en traditionnel, mais ça pourrait devenir vraiment éprouvant pour un livre de 160 pages. Photoshop ou Illustrator s’imposent selon les formats auxquels on destine ses illustrations, édition papier, supports numériques, etc. et le temps imparti dont on dispose.
Qu’est-ce qui t’inspire en ce moment ?
Ces derniers temps j’ai lu beaucoup de bandes dessinées et j’ai revu les dessins animés de Miyazaki.
Quels sont tes futurs projets ?
Je travaille actuellement sur un projet de bande dessinée, et mon prochain album jeunesse « Le Caramel du Jurassique » paraîtra en octobre 2020 chez Albin Michel.
Vous pouvez retrouver toute l’actualité de Roxane Lumeret sur son site internet ainsi que sur sa page Instragram.
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