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Emma Marion : “La couleur dans mes tableaux a le premier rôle”

Emma Marion dans son atelier devant Coquilles, 2020

Installée dans les pentes de la Croix-Rousse à Lyon, Emma Marion invente un monde cosmique et coloré dans lequel animaux, hommes et végétation se rapprochent puis se mêlent. Rencontre avec une jeune artiste à l’art singulier et immersion dans son univers onirique presque fantasmagorique.

Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le monde artistique et de votre parcours ?

J’entre à l’école des Beaux-Arts de Lyon à 20 ans. Durant 5 ans, je pratique la photographie argentique et réalise des petits films dans lesquels des personnes projettent des croyances sur des objets du quotidien ou activent des philtres d’amour.

J’obtiens mon diplôme en 2014. Mes films ayant une certaine picturalité de part les couleurs et le cadrage, je me mets à la peinture pour ne faire plus que ça. Mon atelier se situe dans les pentes de la Croix-Rousse et actuellement, quelques-unes de mes toiles sont exposées à L’attrape-couleurs dans une exposition intitulée “Chromatique Panoramique”.

Comment décririez-vous votre univers artistique ?

Si l’on parle de représentation, je cherche à créer un monde onirique dans lequel les animaux, les plantes et les hommes vivent en harmonie, sans hiérarchie ou échelle. Des motifs apparaissent constamment de tableau en tableau : la goutte, la cellule, le chemin flottant, la phosphorescence, la spirale, le cercle. Ma peinture s’élabore autour de quatre axes : le monde flottant, la prédominance de la couleur bleue, l’idée de contact et la chromatique.

“Poulpe”, 74×60 cm, pigment or, pigments et liant acrylique sur toile de lin, 2021

Comment se passe le processus créatif ? Quel est le rôle de la couleur dans vos peintures ?

La couleur dans mes tableaux a le premier rôle. Je peins avec des pigments que je broie au mortier avec un liant acrylique. Ma palette est assez restreinte afin de pouvoir devenir intime avec elle. Parfois, je trouve un nouveau pigment que j’ajoute par petites touches puis qui devient de plus en plus présent, comme le rose tyrian ou le pigment or ou iridescent. J’utilise la couleur pure en à-plat ou glacis afin d’en garder l’éclat maximal. La couleur est appliquée à certains endroits par transparences colorées. Ainsi, un pigment apposé en glacis sur un premier, révèle une nouvelle couleur.

La prédominance de la couleur bleue renvoie aux romantiques qui l’utilisaient pour sa capacité à évoquer le rêve, le lointain, l’infini, le spirituel. Je choisis les animaux pour leurs textures et leur appartenance à un imaginaire érotique. Je les représente souvent s’accouplant. Cette idée de contact voire de métamorphose est visible de manière récurrente. Les plantes sont choisies pour leurs vertus médicinales ou “magiques” et je m’aide d’herbiers datant du XVe ou XVIe siècle.

Où puisez-vous votre inspiration ? Avez-vous des courants artistiques ou artistes qui ont influencé vos œuvres ?

Ma peinture trouve sa source dans le psychédélisme de Jim Leon, le symbolisme de Redon, les couleurs de Bonnard et Matisse, la musique des Flaming Lips, le cinéma de Jodorowsky, les planches d’aquarelles de Ernst Haeckel ou encore les motifs colorés de Hilma Af Klint.

La peinture d’Hélène Delprat a été un vrai déclencheur de part la technique utilisée à l’acrylique, ainsi que le monde inquiétant qu’elle représente, inspirée de la mythologie et de la symbolique du Moyen Âge.

“Grenouilles”, 20x15cm, pigments et liant acrylique sur toile de lin, 2020

Vous exposez actuellement à L’attrape-couleurs à Lyon pour “Chromatique Panoramique (volet 2)” jusqu’au 15 mai 2021. Pouvez-vous évoquer en quelques lignes ce projet ?

L’exposition regroupe à chaque fois six artistes autour de la couleur. Pour l’exposition, j’ai choisi un grand format : “Coquilles, car il synthétise certains axes de mes recherches, ainsi que des aquarelles qui ouvrent le travail vers un autre format et une autre technique. Elles apportent de la lumière et l’élément de la figure humaine.

“Coquilles”, 146×120 cm, pigments et liant acrylique sur toile de lin, 2020

Selon vous, quelle est la responsabilité de l’artiste ou de l’art face à son environnement, à son époque, à la société ?

Je me sens responsable vis-à-vis de ma pratique artistique, c’est-à-dire de mener à bien ma peinture.

Cellule, 74×60 cm, pigments et liant acrylique sur toile de lin, 2020

Retrouvez le travail d’Emma sur son Instagram et son site Internet.

Propos recueillis par Ludivine Losfelt

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