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Elzo Durt : “C’est du collage pop, très coloré, souvent surréaliste, parfois poétique, parfois trash”

12 mai 2020
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Fresque réalisé par Elzo Durt

Son univers graphique aux couleurs vives se décline sur des posters, pochettes de disques, affiches de festivals…etc. Dernièrement, l’illustrateur belge et co-fondateur du label Teenage Menopause Records a réalisé une affiche collector pour le documentaire Laurent Garnier Off The Record. Elzo est un véritable touche à tout, toujours à la recherche de nouvelles claques visuelles. 

Comment décrirais-tu tes oeuvres ?  

C’est du collage pop, très coloré, souvent surréaliste, parfois poétique, parfois trash, qui t’explose la rétine.

Ton style est défini en partie par l’utilisation de couleurs vives, comment envisages-tu la couleur dans tes illustrations ? Quel est son rôle ?  

La couleur est sans doute ce qui caractérise le plus mes images. Je travaille beaucoup à partir d’images anciennes, la couleur me permet de rendre moderne ces gravures, qui sont à la base, en noir et blanc. Elle me permet aussi de lier mes images entre elles, jusqu’à ce que le collage devienne invisible.

J’aime les couleurs flash, ça attire l’œil et surtout, j’aime oser des combinaisons de couleurs improbables.

Pochette de l’album In Yer Mouth – Jack Of Heart 

Ton style est très reconnaissable, quelles sont tes sources d’inspirations ?  

Je fouille beaucoup, je passe pas mal de temps dans des vieilles librairies pour sans cesse trouver de nouveaux documents qui nourriront mon travail.

Je peux travailler avec des gravures du 18e, comme avec des images plus contemporaines, je crois que ce qui est reconnaissable dans mon boulot, c’est surtout la couleur, et le fait de travailler des images anciennes de façon moderne.

Tu as réalisé une quantité d’oeuvres dans ta carrière, il y en a une dont tu es particulièrement fier ?     

Y en a beaucoup dont je suis fier, avoir eu l’occasion de faire une pochette pour les Thee Oh Sees, d’avoir fait les 2 pochettes d’album de Jack Of Heart, qui est l’un de mes groupes préférés. De bosser pour Born Bad Records, c’est une très grande fierté, ce label est incroyable.

Je suis fier de presque tous les projets, j’ai la chance de bosser essentiellement pour des projets auxquels je crois, pour des gens que j’aime, je m’investis à fond dans chaque boulot.

Pochette de l’album Carrion Crawler – The Dream

Tu as collaboré avec de nombreux artistes, notamment pour le label Born Bad, tu arrives toujours à illustrer leur musique dans tes affiches tout en gardant ta propre identité, comment procèdes-tu ?

D’abord j’écoute la musique, et j’essaye de l’imaginer en image, souvent je connais les membres des groupes aussi, ce qui m’aide beaucoup, je connais un peu leurs goûts, ce qui leur parlera. Je fais les images pour moi, mais avant tout pour celui pour qui je bosse. Quand je fais une pochette ou une affiche, il faut quelle plaise à tout prix à mon commanditaire. A moi de m’adapter sans perdre mon identité  !

Lorsque tu t’inspires d’oeuvres du XVIII ou XIX ème siècle, quel est le message ? C’est l’envie de détourner des symboles qui te fascinent ?

Il y a bien évidemment une part de fascination à travailler sur de si belles gravures. Au départ, j’ai commencé à faire beaucoup de collages à partir de gravures d’anatomie, puis la collection de bouquins s’est agrandie, du coup les thèmes abordés dans mes images, aussi. Il y a une question pratique, les images sont en noir et blanc, c’est agréable à travailler. Et puis autre point non négligeable, ces images sont libres de droit…  

Pochette de l’album Beasts – Wor Pigs

Quels sont tes projets futurs ? Une nouvelle exposition peut-être ?   

Pas d’exposition prévue, j’en ai fait énormément, ça demande beaucoup d’énergie, pour le moment j’ai plus envie de prendre du temps pour créer.

Nous sommes dans une période bizarre, tout s’est arrêté, beaucoup de projets ont été avortés avec ce foutu virus. Donc pour le moment, je bosse sur des pochettes dont les disques sortiront peut-être dans 6 mois, peut-être plus tard.

Comment analyses-tu la place du numérique dans le monde artistique ?  

Pour ma part, il est indispensable, je travaille tout à l’ordi, avec mon bon vieux scanner et ma souris à fil.

Je suis surtout attiré par l’art brut, le dessin, la peinture…donc un art très loin du numérique. Dans mon travail, j’essaye qu’on sente le moins possible l’ordinateur, même si c’est mon principal outil. 

En tant qu’artiste comment vis-tu cette période d’isolement ? Est-ce une source d’inspiration pour toi ?  

Non absolument pas ! Je vis en général, de manière assez isolée…Depuis un an, j’ai un atelier avec mon frangin, mais sinon je ne vois personne la journée. Et avant ça, je bossais seul, chez moi… Je m’impose des horaires de bureau et j’ai besoin de produire un maximum sur ma semaine. J’aime ce mode de vie, je me sens avancer. En revanche, le soir et les weekends, j’ai besoin de sortir, de voir du monde et de faire beaucoup la fête.

Depuis le confinement, tout s’est arrêté, on ne me propose plus de nouveaux boulots, je ne sais plus quel jour on est, je bosse 2h par-ci, 2h par-là, mais au final ça n’avance pas beaucoup. Du coup, je fais la fête chez moi, mais là mon foie et les voisins réclament un retour à la normale !  

Pour finir cette interview, as-tu un artiste à nous faire découvrir ?  

Je viens de tomber sur le boulot de Lucien Murat, que je trouve très cool.

Propos recueillis par Victor LE JAMTEL

 

 

 

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