Eloge du négatif – Petit Palais
Parfaitement scénographiée, l’exposition nous fait d’emblée pénétrer dans le vif du sujet. Du laboratoire photographique d’époque à l’atelier du photographe contemporain Martin Becka, le spectateur est aux prises avec les différentes phases de création d’un négatif photo. Passé ce passionnant discours didactique, l’art photographique prend alors le pas sur la technique. Et c’est avec une émotion toute déférente que nous admirons pour la première fois plus d’une centaines œuvres, négatifs ou tirages d’époque, provenant de prestigieuses collections italiennes et françaises.
Créer une image autrement qu’avec un crayon, un pinceau, découvrir le moyen de la fixer sur un support durable par un processus chimique irréversible, voilà bien tout l’objet de la photographie des origines. Depuis longtemps déjà on connaissait l’effet de la lumière sur le chlorure d’argent. Mais la date officielle de l’invention de la photographie date de 1839 lorsque François Arago présente le Daguerréotype à l’Académie des sciences. Seul problème, les images produites ne l’étaient qu’en un seul exemplaire pour une qualité bien aléatoire.
Il restait aux pionniers de la photographie à améliorer les techniques : réduire le temps de pause, stabiliser l’image obtenue et simplifier les procédés de prise de vue. C’est à William Henry Fox Talbot (1800-1877), que nous devons ce prodige. Le 31 janvier 1839, il invente un procédé négatif-positif permettant la diffusion multiple des images, la calotypie. Ou comment obtenir, à partir d’un négatif, autant de tirages positifs que souhaité.
Au-delà des enjeux commerciaux qu’une telle découverte technique engendra, nous assistons à la naissance du métier de photographe. Georges Wilson Bridges, Calvert Richard, Blanquart-Evrard, Gustave le Gray, James Graham, Alphonse Davanne et bien d’autres aristocrates cultivés et férus d’art n’auront de cesse d’expérimenter et d’améliorer la technique photographique. De la « photographie de voyage » à l’entreprise éditoriale d’Eugène Piot (produire un catalogue exhaustif en images de l’Italie), voilà inscrit dans ce pays même et comme nulle part ailleurs, les débuts de l’art photographique.
Spectateur nous appréhendons avec bonheur l’usage qui fut fait de cette prodigieuse découverte scientifique. Médium artistique plein de promesses, témoignages subjectifs et intimes de la sensibilité d’une époque, l’invention de la photographie ne sera pas sans participer à la construction politique de l’Italie que tant d’esthètes passionnés parcoururent armés d’un objectif, pour en fixer l’essence.
Karine Marquet
Eloge du négatif
Jusqu’au 2 mai 2010
Informations : 01 53 43 40 00
Tarifs : Collections permanentes gratuites / Collections temporaires: 6 euros/ 4€50 euros
Petit Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Métro ligne 1 et 13
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