Dynasty – MAM et Palais de Tokyo
Sélectionner quarante artistes âgés de 25 à 35 ans parmi des centaines de candidatures en provenance des Drac, Frac, écoles d’art et autres galeries de la France entière : c’est la gageure qu’ont relevée les commissaires de l’exposition Dynasty. L’événement, qui marque la première collaboration entre deux musées phares de l’art contemporain à Paris, célèbre l’émergence d’une génération d’artistes encore méconnus, voués à façonner le paysage artistique français de demain.
Sur plus de 5’000 m² entre les deux sites est réparti un ensemble disparate de toiles, sculptures, photos, vidéos et installations, censé refléter la vivacité de la création française actuelle. Chacun des artistes a eu pour mission de réaliser deux œuvres, l’une exposée au Palais de Tokyo, l’autre au Musée d’Art Moderne. Le dialogue entre les deux adresses est ainsi garanti : que ce soit par un phénomène d’écho ou par une logique de confrontation, chaque œuvre enrichit son pendant du musée voisin.
La formule, bien que séduisante, est périlleuse. Toute exposition monographique ou thématique trouve son unité dans son propos : découverte d’un artiste dans un cas, réflexion historique, sociologique ou esthétique dans l’autre. Un projet comme Dynasty, en revanche, s’expose à un écueil de taille : à vouloir montrer la multitude, on risque de sacrifier la pertinence et l’intérêt. Car en découvrant une succession d’œuvres sans homogénéité, on est tenté de rester en surface, en jetant des coups d’œil ici et là sans sonder chaque travail avec l’attention qu’il mériterait. Un patchwork peut-il faire office d’étendard ?
Si l’exposition souffre de ce syndrome de dispersion, elle compense par le talent des artistes et l’intelligence de la sélection. Loin d’avoir cherché une cohérence artificielle, les commissaires Fabrice Hergott et Marc-Olivier Wahler, assistés d’un important comité scientifique, ont au contraire choisi d’accentuer cette pluralité pour en faire valoir la richesse. Ils ont ainsi fait se côtoyer le miniature et le monumental, le virtuel et l’organique, le drôle et le tragique, le virtuose et le minimaliste. Les problèmes soulevés, quant à eux, sont aussi disparates que les moyens employés. Violence urbaine dans les toiles hyperréalistes de Guillaume Bresson, tension entre archaïsme et modernité dans les arches en parpaings de Vincent Ganivet, préoccupations sociales avec les matériaux de récupération de Stéphanie Cherpin, décadence d’une humanité monstrueuse avec les totems grotesques de Théo Mercier… Ce que l’exposition prouve en réalité, c’est que ces jeunes artistes, en phase avec leur époque, se sont ouverts des perspectives infinies, tant sur la forme que sur le fond.
Plus qu’une simple exposition, Dynasty est un manifeste. Non pas le manifeste d’un courant, d’une école ou d’une esthétique, mais celui d’une génération d’artistes qui, au contraire, fait de sa diversité sa force. De quoi convaincre, sans chauvinisme aucun, que la scène artistique française a de beaux jours devant elle.
Grégoire Jeanmonod
Dynasty
Commissariat général: Fabrice Hergott et Marc-Olivier Wahler
Avec Gabriel Abrantes et Benjamin Crotty / Farah Atassi / Laëtitia Badaut Haussmann / Gaëlle Boucand / Mohamed Bourouissa / Guillaume Bresson / Pierre-Laurent Cassière / Yuhsin U. Chang / Stéphanie Cherpin / Pauline Curnier Jardin / Mélanie Delattre-Vogt / Alain Della Negra et Kaori Kinoshita / Dewar et Gicquel / Bertrand Dezoteux / Rebecca Digne / Antoine Dorotte / Julien Dubuisson / Vincent Ganivet / Fabien Giraud et Raphaël Siboni / Camille Henrot / Louise Hervé et Chloé Maillet / Armand Jalut / Laurent Le Deunff / Benoît Maire / Vincent Mauger / Robin Meier et Ali Momeni / Théo Mercier / Nicolas Milhé / Benoît-Marie Moriceau / Jorge Pedro Núñez / Masahide Otani / Florian Pugnaire et David Raffini / Jean-Xavier Renaud / Raphaëlle Ricol / Bettina Samson / Alexandre Singh / Oscar Tuazon et Eli Hansen / Cyril Verde + Mathis Collins / Duncan Wylie / Chen Yang
Découvrez la biographie de chaque artiste et des vidéos sur : www.dynasty-expo.com
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[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=HEJa3-xTCGc[/embedyt]
Dynasty
Jusqu’au 5 septembre 2010
– Du mardi au dimanche, de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h (Musée d’art moderne)
– Du mardi au dimanche de midi à minuit
Plein tarif : 9 euros / Tarif réduit : 6 euros
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris / ARC
11, avenue du Président Wilson
75016 Paris
M° Iéna ou Alma-Marceau
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
75016 Paris
M° Iéna ou Alma-Marceau
www.mam.paris.fr
www.palaisdetokyo.com
www.dynasty-expo.com
[Visuel : Graphisme : Pierre Péronnet, Dynasty, 2010]
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