Dürer et son temps – ENSBA
Constituée de centaines d’œuvres d’art graphique (estampes, dessins, gravures sur bois ou cuivre, livres d’artistes… en majorité fournies par la donation Jean Masson de 1933) et divisée en 12 salles, l’exposition ravit érudits et universitaires, un peu moins les amateurs. En effet, aucun grand format, et surtout, un cartel précis et pointu qui accompagne chaque œuvre. Aussi, à moins de courir après un bon mal de tête, nous vous conseillons de ne vous arrêter que sur les cartels principaux et sur ceux accompagnant les œuvres qui auront séduit vos yeux.
Les premières salles initient à l’art du XVème siècle, au travail d’ateliers où se mélangent élèves, maîtres et dessinateurs de passage : anonymes, tachées, ces peintures originelles qui servaient de modèles de reproduction n’intéressent que tardivement les collectionneurs. A partir de la deuxième salle, nous entrons dans le vif du sujet : Dürer, l’homme de la Renaissance par excellence.
Sur ses voyages initiatiques, au Pays-Bas, en Saint-Empire romain Germanique, en Italie, son goût de la perspective, du nu, des thèmes profanes… Son succès, parallèle à l’émergence de Luther, ce fondateur de la langue moderne allemande. Ses influences (Lucas Cranach l’Ancien) et ses élèves, (Hans Baldung), à Nuremberg, ville célèbre pour son art du vitrail. Puis les suiveurs, les influencés, et tout son rayonnement sur l’Europe.
Quelques images insolites, cette grande mode des Saint Christophe, ou bien la figure-prétexte du lansquenet, idéal pour les gravures généalogiques des familles. La folie des gravures « art déco » du milieu du XVIème siècle (Dürer est mort depuis 1528) : les coupes, l’orfèvrerie deviennent des motifs de décoration prestigieux. En Suisse, un peu plus tard, les gravures d’Urs Graf, homme violent, querelleur et belliqueux, font un malheur : scènes de danse, de campagne, de beuverie, signées de son poignard, symbole de son activité mercenaire.
Puis les dernières salles évoquent de manière plus générales les cours prestigieuses du 17ème et 18ème siècles, à Munich, Augsbourg, Dresde, Prague, Dantzig… ici on remarquera un étrange « Duel du Homard et de la Grenouille » qui prête à sourire. L’exposition se termine sur la richesse de la cour de Prague, véritable Parnasse des Arts où Rodolphe II accueille Arcimboldo. De nombreux paysages, et des scènes au maniérisme exacerbé, qui annonce le Grand siècle.
En bref, une exposition ardue, à réserver aux curieux échevelés ou aux passionnés. Mais sous le savoir, tant de richesse !!
Mathilde de Beaune
Albrecht Dürer et son temps – De la Réforme à la guerre de Trente Ans
Commissaires d’exposition :
– Emmanuelle Brugerolles, conservateur général du Patrimoine, chargée de la collection de dessins de maître à l’École des Beaux-Arts.
– David Guillet, directeur adjoint au musée de l’armée
Du 24 octobre 2012 au 13 janvier 2013
Du mardi au dimanche de 13h à 19h
Fermeture exceptionnelle les 25 décembre 2012 et 1er janvier 2013
Tarifs Plein : 6 € // Tarif réduit : 4 €
ENSBA – Galeries d’exposition
13 Quai Malaquais
75006 Paris
M° Saint-Germain-des-Prés
[En bas : E. Schön, Portrait de Dürer, estampe (Ensba, Est Mas 167)]
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