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Duchamp, plus grand peintre du XXe siècle ?

20 octobre 2014
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duchamp

“Marcel Duchamp –
La peinture, même”

Du 24 septembre 2014
au 5 janvier 2015

Tous les jours de 11h à 21h
Sauf le mardi

Nocturne le jeudi jusqu’à 23h

Plein tarif : 13 €
Tarif réduit : 10 €

Centre Pompidou
Place Georges-Pompidou
75004 Paris

M° Hôtel de Ville, Rambuteau, Les Halles

www.centrepompidou.fr

P1120932Du 24 septembre 2014 au 5 janvier 2015

Le Centre Pompidou surprend avec cette exposition consacrée à Marcel Duchamp, considéré par tous comme l’inventeur du ready made. Or, l’artiste était avant tout peintre, ce que l’histoire de l’art a mis entre parenthèses, préférant retenir une posture iconoclaste et provocatrice ou lui attribuer le rôle de fossoyeur de la peinture. Sa quête était autre.

Certains disputent le titre de plus grand artiste du XXe siècle entre Picasso et Duchamp, tant le premier n’a cessé de bousculer la peinture après avoir largement digéré les maîtres anciens et tant le second aurait poussé la réflexion ou le jeu de “tuer” la peinture. L’exposition du Centre Pompidou nous permet de questionner le rapport de Duchamp à la peinture à travers une centaine d’œuvres réunies pour la première fois, conservées pour la plupart au Philadelphia Museum of Art.

01._Marcel_Duchamp_L.H.O.O.Q__ADAGP_Paris_2014
La révélation de la peinture

Tout commence véritablement pour Duchamp en 1905, alors qu’il visite le Salon d’Automne. Celui-là même qui met le feu aux critiques avec le scandale de l’art des Fauves (Matisse, Derain) et où se tient une rétrospective consacrée à l’œuvre d’Édouard Manet. Marcel Duchamp a alors 18 ans et il se convertit à la peinture. Humour et érotisme teintent ses premiers travaux qu’il élabore en s’inspirant de ses contemporains. Il se cherche. Alors, il peint dans le style de Francis Picabia, František Kupka, Édouard Manet, Vassily Kandinsky, André Derain… Ce qu’illustre parfaitement l’exposition en réalisant des confrontations mano a mano.

Dépasser les 2D

À ces influences artistiques, il faut ajouter l’importance que l’époque porte aux sciences occultes et l’intérêt de Duchamp pour le symbolisme d’Odilon Redon. On en retrouve le lien direct lorsqu’il entoure ses personnages d’un halo – influence également du rôle des rayons X qu’il apprécie avec son ami futur radiologue Ferdinand Tribout et son frère Raymond Duchamp-Villon, interne dans le service du professeur Albert Londe. Son style est peut-être plus personnel lorsqu’il produit son Nu descendant l’escalier, reflet de la synthèse entre le cubisme et le futurisme, tout en étant porté par les travaux de Marey et Muybridge sur la décomposition du mouvement. Il trouve son vocabulaire plastique, mais ce tableau ne sera pas compris par ses amis cubistes, qui le refusent au Salon des Indépendants. Ce qui ne l’empêchera pas d’être présenté en 1912 au Salon de la Section d’Or et d’avoir un certain succès quelques mois plus tard à New York.

11._Marcel_Duchamp_Nu_descendant_lescalier_n2__ADAGP_Paris_2014 
Réinventer la peinture

Il ne s’arrête pas là. Porté par cette idée de réinventer la peinture, il approfondit ses recherches sur la géométrie, les mathématiques, la perspective, l’optique lorsqu’il est assistant à la Bibliothèque Sainte-Geneviève entre 1913 et 1915. Il consigne ses réflexions dans des carnets, reflets de l’évolution intellectuelle de l’artiste, fondements de ce qui est considéré comme son chef-d’œuvre clôturant l’exposition : La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, appelé également Le Grand verre. Il y travaille de 1915 à 1923, le laissant selon ses propres termes “définitivement inachevé”. Énigmatique, hermétique, cette œuvre laisse perplexe. Et on ne peut que s’interroger sur l’objectif de Duchamp. A-t-il finalement réussi à réinventer la peinture ? Théoriquement et intellectuellement, on ne peut en douter, tant il a inspiré des philosophes comme Guattari et Deleuze. Les ready made – inventés dès 1913 – raisonnent comme un moment de réflexion sur l’art, sur la force d’un geste “dada”, sur la posture de l’artiste, mais de toute évidence, la véritable quête de Duchamp portait sur la peinture. Sa quête portait sur la matérialisation de la 4e dimension, ce qui est possible à travers des modèles mathématiques, mais impossible en peinture. Voilà certainement pourquoi il a passé autant de temps sur Le Grand verre et qu’il l’a laissé inachevé, laissant planer le mystère Duchamp.

Stéphanie Pioda


[Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q., 1919, readymade rectifié. Collection particulière © succession Marcel Duchamp / ADAGP, Paris 2014 / Marcel Duchamp, Nu descendant l’escalier n°2, 1912, huile sur toile, 146 x 89 cm, Philadelphia Museum of Art, The Louise and Walter Arensberg Collection, 1950 © 2014 Photo The Philadelphia Museum of Art / ArtResource / Scala, Florence © succession Marcel Duchamp / ADAGP, Paris 2014]

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