Didier Krzentowski : “Notre objectif, faire avancer l’histoire du design !”
Rencontre avec Didier Krzentowski, fondateur de la Galerie kreo, qui se définit comme un “laboratoire” dédié à la production de pièces contemporaines limitées.
Quand la Galerie kreo est-elle née et dʼoù tire-t-elle son nom ?
Nous avons ouvert la Galerie kreo en juin 1999. À lʼépoque, nous cherchions un nom très court qui ait un rapport avec lʼacte de créer et qui soit compréhensible dans toutes les langues. Le vocable “kreo” nous est apparu comme le plus adéquat. En esperanto, cela signifie “création”.
Après quelques présentations de pièces historiques, vous optez pour la production. Pourquoi ?
Effectivement. Très vite, nous nous sommes rendu compte que nous préférions produire et éditer de nouvelles pièces, plutôt que d’en montrer des anciennes. Tous nos designers produisent des séries pour l’industrie et sont à la recherche de respirations. Ils partagent notre envie d’une certaine liberté pour imaginer des pièces particulières. La Galerie kreo leur donne la possibilité de produire des pièces sans cahier des charges. Ce qui signifie : aucune contrainte financière, de délais, de dimensions, de matériaux, de techniques. Normalement, chaque pièce peut mettre deux à trois années avant de voir le jour et c’est long ! Or, notre objectif est de faire avancer l’Histoire du design.
Pour réaliser ces pièces limitées vous n’hésitez pas à aller chercher des fabricants dans des domaines très pointus !
Oui. Par exemple, nous avons réalisé une pièce remarquable avec Marc Newson. Marc recherchait une échelle spécifiquement pour notre galerie qui associait esthétique, résistance et avec un objectif ambitieux d’être l’échelle la plus légère au monde (soit moins de 2,5 kilos) pour une hauteur d’environ 2 mètres. Cette pièce fait référence à Gio Ponti et sa chaise Superleggera. En raison de sa forme compliquée, nous avons dû faire appel à une usine spécialisée en produits aérospatiaux pour sa fabrication en carbone.
Vos créations font-elles appel à l’émotion ?
Nous avons une très jolie histoire avec le designer Naoto Fukasawa. Avec lui, nous avons amené au rêve en créant une table composée de pieds de béton et de pierres, choisis dans la mémoire d’un lieu et percés dans un bloc. Une table remplie de sens, de souvenirs et d’émotions pour nos collectionneurs.
Entamez-vous des collaborations avec des personnalités issus d’horizons très différents ?
Nous avons réalisé une série avec l’architecte et ingénieur Virgil Abloh, fondateur de la marque de mode Off-White et directeur artistique des collections masculines chez Louis Vuitton.
Dans la collection « Efflorescence », le designer avait la volonté d’introduire un langage urbain dans l’espace blanc de la galerie. Les pièces mobilières de sa collection en béton minéral, sont percées de trous irréguliers à intervalles réguliers, recouvert de graffitis. Ce geste ancestral de marquage est emblématique de la pratique de Virgil Abloh.
L’exposition avec Virgil Abloh a-t-elle touché un nouveau public ?
Tout à fait, Virgil Abloh a été un des premiers à avoir amener la rue dans la mode. Son exposition largement relayée sur les réseaux sociaux a attiré un public jeune prêt à faire la queue sur plusieurs centaines de mètres pour entrer dans notre galerie rue Dauphine, certains n’avaient jamais été dans une galerie auparavant !
Avec quels designers travaillez-vous ?
En dix ans, une sorte de famille sʼest formée, une douzaine de personnes avec lesquelles nous sommes en contact très régulièrement : François Bauchet, Ronan et Erwan Bouroullec, Pierre Charpin, Naoto Fukasawa, Konstantin Grcic, James Irvine, Hella Jongerius, Alessandro Mendini, Jasper Morrison, Marc Newson et Jerszy Seymour. Avec eux, la réflexion est permanente et les discussions quasiment quotidiennes.
Et nous suivons, également de plus jeunes designers tels la Néerlandaise Wieki Somers, le Portugais Fernando Brízio, le groupe suédois Front, les Suisses Big Game et Adrien Rovero, lʼAllemande Julia Lohmann, et enfin les Français David Dubois, François Azambourg et Jean-Baptiste Fastrez.
Propos recueillis par Julie Caredda
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