“Dessins” – L’exposition inédite de Giuseppe Penone au Centre Pompidou
Visible depuis le 19 octobre au Centre Pompidou, l’exposition Dessins, curatée par Laetitia Pesenti, rassemble 241 dessins dont Giuseppe Penone a fait don au Musée national d’art moderne. Ces derniers ont été réalisés entre 1967 et 2019, soit près d’une cinquantaine d’années de création qui est donnée à voir au Centre Pompidou jusqu’au 23 janvier 2023.
Giuseppe Penone, une figure de l’arte povera
Guiseppe Penone est né en 1947 à Garessio, en Italie. Après des études de comptabilité, il s’inscrit à l’académie des Beaux-Arts de Turin. Il est considéré comme un artiste majeur de l’art contemporain mais aussi comme une grande figure de l’arte povera, mouvement auquel le critique d’art Germano Celant l’associe et qui voit le jour à Turin dans les années 70-80. L’arte povera refuse drastiquement les institutions, l’industrie et la culture de consommation promue par le Pop art, mais aussi l’intellectualisation de l’abstractionnisme qui domine le monde de l’art à cette époque. C’est un mouvement qui, comme son nom l’indique, se veut l’art du pauvre ; un art qui revient à l’essentiel, avec des éléments de fabrication pauvres, d’une époque préindustrielle et primaire. Il y a une volonté de la part des artistes de ce mouvement de montrer ce qui est invisible ; l’essentiel est toujours dans le procédé et non dans la finalité.
L’exposition en quelques mots
“Pour moi, le dessin est un exercice de double fascination : la surprise sans cesse renouvelée qu’offre sa matérialité et la possibilité unique de visualiser un geste.”
Les dessins ont pour vocation de donner une visibilité au discours de l’artiste, à sa pensée et à ses œuvres, de l’illustration d’études jusqu’à la représentation dans l’espace. Ceux-ci ont toujours accompagné Penone mais n’ont jamais été montrés avant 1991, date de sa première exposition au musée de Strasbourg.
En 2020, l’artiste fait une donation de pas moins de 241 dessins, jusqu’alors jamais exposés, dont certains sont aujourd’hui présentés au Centre Pompidou. Ces derniers sont disposés dans les sept espaces dédiés à l’œuvre de Penone, au niveau quatre du musée, dans la Galerie d’art graphique.
Les sculptures installées dans les différentes salles de l’exposition définissent un parcours pour le spectateur qui se retrouve plongé dans un univers matériel composé de bois, de pierre, de feuille et de bronze. Cela crée une sorte d’ambiance presque sacrée, dans laquelle des éléments primaires rentrent en cohésion avec les propos de l’artiste et sa volonté de parfois s’effacer en tant qu’artiste pour considérer les beautés de la nature.
Dans ce parcours, on retrouve plusieurs œuvres emblématiques de Penone telle que Arbero di 7 metri, un arbre de 7 mètres auquel l’artiste souhaite redonner la forme qu’il a eue à une certaine époque, avant le processus de transformation en grand bloc de bois industriel. Penone représente ainsi un langage universel du temps de l’arbre, qui a une compréhension du temps différente de l’homme. Il souhaite ici matérialiser le temps qui passe, le tout accompagné des dessins qui illustrent les œuvres, ses réflexions en lien avec celles-ci, et son processus de modification, d’interaction avec les éléments.
Cependant, les dessins ne sont pas que de simples illustrations de son travail, il s’agit aussi d’une expérimentation et ce sont des œuvres à part entière. Penone dessine avec des éléments qui donneront différentes textures, comme la série Suture e Foglie de cervello dans laquelle il vient recouvrir de graphite la partie intérieure d’un crâne, avant d’y appliquer un ruban adhésif. Il retire ensuite le ruban pour le transposer sur une autre surface et le laisse ainsi révéler les empreintes laissées par la pression du cerveau à l’intérieur du crâne. La reconstitution de ces marques sont pour Penone comme un paysage marqué par les événements biologiques, émotionnels et les traces du temps.
“Je voulais rendre solide ce qui est immatériel”
La suite de l’exposition présente d’autres séries de dessins qui accompagnent des œuvres telles que Soffio 6, à travers laquelle Penone matérialise, par le biais de la sculpture, l’action de souffler grâce à l’empreinte que laisse visible son corps, en appuyant celui-ci sur un gros bloc de terre cuite en forme d’amphore.
Dans cette même salle, Soffio 6 est accompagnée d’une série de 16 dessins disposés de manière périodique sur les murs et sur lesquels l’artiste appuie son avant-bras couvert d’argile de manière répété. Il cherche ensuite une image à partir de la forme oblongue laissée sur le papier, dont celle d’une femme enceinte que l’on peut apercevoir sur l’un des dessins de la série. Cette œuvre est créée en 1977, alors que Penone et sa compagne attendent leur fils.
Nous vous conseillons vivement cette exposition au Centre Pompidou, qui vous offrira un moment suspendu dans le temps, au cœur d’un univers méditatif. Elle vous fera réfléchir et vous permettra d’apprécier les liens étroits entre l’homme et la nature.
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