Denis Meyers – interview
Denis Meyers | Sacha Berthelemy Petremann, 14 ans et passionnée d’art urbain, s’est prêtée au jeu de l’interview et a rencontré Denis Meyers, street artiste belge, lors de sa visite à Art42.
Présentation : Denis Meyers est un graphiste et artiste belge. Je ne peux pas trop en dire plus car je l’ai rencontré à l’occasion du finissage de saison d’Art42 un ‘’musécole’’. C’est là qu’il faisait sa performance ; il célébrait l’accrochage d’une de ses toiles au premier étage. Quand l’artiste a fini, Nicolas Laugero Lasserre, le directeur, m’a proposé de faire son interview. Ce n’était pas du tout prévu, mais j’ai adoré relever ce défi : trouver des questions en 5min pour te permettre de mieux le connaître. Anecdote : quand nous sommes arrivés dans une des salles de classe d’Art42, la performance avait déjà commencé et j’écoutais les visiteurs proposer leur mot : j’observais Denis Meyers les dessiner. Il n’avait déjà plus de place sur sa toile pour écrire et commençait à entamer le mur, quand une fille a proposé le mot gigoter. « Dans quel sens : faire un gigot ou bouger ? » a demandé Denis Meyers. Et moi, je regardais l’œuvre : que veut-il nous dire ? Se raconte-t-il une histoire avec tous les mots qu’il retranscrit ? Interview : Quel était ton idée pour cette œuvre aujourd’hui ? Mais justement comment expliques-tu le fait qu’il n’y ait quasiment que des verbes ? Je n’ai vu qu’un mot qui n’en était pas un : VLP, un collectif d’artistes présent ce soir d’ailleurs. C’est vrai que je travaille beaucoup avec le verbe. Je trouve que le verbe, surtout à l’infinitif a plein de propriétés. C’est relativement neutre, même si ça a beaucoup de sens et les gens peuvent l’interpréter comme ils l’entendent, ils peuvent le conjuguer, ils peuvent le traduire, ils peuvent l’associer à d’autres mots, pour moi le verbe à l’infinitif a vraiment une très large portée. Ok, tu t’es amusé ? Tout à l’heure tu parlais de ton écriture des mots selon l’intonation de voix des gens, je ne sais pas, là par exemple je n’ose même pas imaginer comment la personne t’as dit « aimer » ! Un caps ? Et « immortaliser », écrit aussi gros, aussi coulant…. Pourquoi ? Parce que pour moi « immortaliser » est lié à la mort, il y a « mort » dedans, d’où ce côté coulant. [ Un des visiteurs, en passant, nous dit : « Immortaliser c’était pour la photo, c’est pour ça ! ».] Oui, non, pour moi, immortaliser c’est prendre l’instant justement pour qu’il ne meure pas, il est peut-être déjà mort, il est en train de mourir mais c’est pour garder une trace. Donc je l’ai fait très serré, très dense, très coulant voilà après c’est moi qui l’interprète comme ça, mais… mais voilà. Non mais ça donne quelque chose de chouette ! [ Ça me rappelle… C’est un souvenir personnel de quand j’étais plus petite : ma maman avait acheté des petits lettres en métal pour le scrapbooking (façon de décorer des albums, objet ou pièce d’appartement en accord avec le thème abordé) qui était encadrées et on avait formé le mot « GROOOAARRR » avec différentes tailles, différents encadrements, différentes typographie, etc. Mais… voilà pour moi aussi ] Est ce que tu peux raconter rapidement le 25 000 m² en Belgique ? Un autre verbe à ajouter : minimiser [rires] Parce que le fait que vous attendiez 200, 300 personnes et qu’il y en a eu 20 000, que tu pensais peindre pendant 3 mois et finalement tu as peins pendant 18 mois etc. Vous avez minimisé Pour finir un défi : pourrais-tu faire une phrase, un texte, ce que tu veux en insérant le plus possible des mots qu’il y a sur ta toile ? Oui, bien sûr, tu fais comme tu veux. Je n’imaginais pas, je n’espérais pas en arrivant ici immortaliser la participation des gens ce soir, j’ai voyagé pour transmettre une partie de ce que j’aime faire, j’espère que ça a plu, transcendé peut être pas, innové encore moins, je pense que c’est peut être encouragent, ça risque de passionner certaines personnes, j’ai vu que certaines personnes étaient ouvertes à l’échange, m’observaient, certains étaient en train de coder sur les ordinateurs… ça ne révolutionne pas l’art mais si ça a permis de se passionner sur ce sujet, pourquoi pas. Sacha Berthelemy Petremann Denis Meyers est à voir en ce moment au Centre culturel Bruxelles Wallonie. [Crédits Photo 1 : © Denis Meyers] |
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