Décès de Didier Comès
Comès vit le jour à Sourbrodt le 11 décembre 1942. Il s’en est allé au moment où le 40ème Festival d’Angoulême, comme bien inspiré, vient de lui consacrer une exposition de 50 planches originales dont de très nombreuses à l’encre de Chine. Il laisse un œuvre inspiré, un œuvre à part.
Les planches de Didier Comès restituaient un réalisme mélancolique y compris lorsque dans ses romans graphiques il renvoyait le lecteur aux heures sombres de la guerre, quand il ne l’emmenait pas dans quelques contrées sombres, empreintes de sorcelleries de campagne, là où jusqu’au vol des corbeaux noirs, chaque chose a un sens, chaque mouvement a son importance.
L’éditeur Casterman rapporte ce que François Schuiten (Gd Prix Angoulême 2002) disait à son propos : « Je reste toujours ébloui devant la beauté de ses planches, la façon dont il traduit le mystère des forêts qui l’entourent. Il travaille le végétal comme un orfèvre ou un artiste japonais. »
Didier Comès, nous l’avions entrevu à Angoulême, il y a quelques semaines, engoncé dans son fauteuil, au quatrième rang, s’en allant probablement et neurologiquement vers une fatale issue.
Il tentait de répondre avec faiblesse à l’hommage appuyé que lui rendait Jean-Pierre Dionnet pour prononcer deux ou trois phrases heurtées de remerciements au public du Festival, lequel debout en ovation, saluait ce monument à part de la Bande dessinée.
Je l’avais trouvé affaibli comme frappé par une paralysie intérieure, ayant du mal à extirper les mots comme si Silence, son personnage désormais mythique, l’avait emporté dans son monde autiste en noir et blanc. Le monde de l’édition et des créateurs s’en trouvera bien affecté.
On se souvient que Silence avait obtenu l’Alfred du meilleur album au Festival d’Angoulême 1981qui désignait Comès comme un auteur majeur de la bande dessinée francophone de son époque. Il avait 38 ans.
Grand Prix Saint-Michel en 1980, il devait recevoir en 1983 le Prix Saint-Michel, plus vieux prix européen de bande dessinée attribué par la ville de Bruxelles pour La Belette. Le dessinateur avait été mis à l’honneur en 2012 lors d’une exposition de 250 de ses planches originales au Musée des beaux-arts de Liège
Comès tenait une place à part dans le milieu de la BD en noir et blanc suivant les traces d’Hugo Pratt dans cette expression graphique. Avec ses successions de plans rapprochés bousculant panoramiques et contre-plongées, il tenait son inspiration entre autres de son père allemand et de sa mère wallonne, chacun restituant à l’enfant qu’il était des contes et des légendes où évoluaient des korrigans et des sorciers ou encore des sylphes, des femmes-sorcières et des animaux qui devaient peupler tout à la fois ses Ardennes belges et son imagination !
Patrick Ducome
Les albums de Didier Comés :
- Ergün l’errant – tome 1 – 1. Le Dieu vivant, Rossel (Belgique) et Dargaud (France), 1974
- Ergün l’errant – tome 2. Le Maître des ténèbres, Casterman, 1981
- Silence, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) »
- L’Ombre du corbeau, Le Lombard, coll. « Histoires et Légendes », 1981
- La Belette, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1983
- Eva, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1985
- L’Arbre-Cœur, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1988
- Iris, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1991
- La Maison où rêvent les arbres, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1995
- Les Larmes du tigre, Casterman, 2000
- Dix de Der, Casterman, 2006
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