“Culture Impact” : un laboratoire de transition écologique au service de la culture

Rencontre avec Marialya Bestougeff, directrice de l’innovation du CENTQUATRE-PARIS et Efrén Hernandez Martin, chef de programmes à 104factory, l’incubateur des industries culturelles et créatives du CENTQUATRE-PARIS

Comment le programme “Culture Impact” est-il né ?

Le programme est né de l’envie d’aborder la transition écologique dans le secteur culturel.

Nous avions déjà accompagné des projets, ici, à l’incubateur 104factory, qui se trouvaient ne pas relever de l’innovation technologique et qui, par conséquent, ne pouvaient bénéficier du soutien financier de la subvention Paris Innovation Amorçage.

Aujourd’hui, l’innovation dans le champ culturel est aussi dans la transition écologique.

Pour accompagner un secteur dans cette transition il est intéressant d’accompagner de jeunes structures qui développent des projets innovants en faveur de cette nécessaire transformation.

Avec ce programme, nous souhaitons montrer que l’innovation dans la culture est protéiforme. La culture se doit d’accompagner des transitions majeures, celles de la mutation numérique mais aussi celle de la transition écologique.

Il y a deux ans, nous avons organisé en partenariat avec le collectif Les Augures, des échanges et ateliers collaboratifs pour comprendre les besoins de ces entreprises culturelles pour opérer cette transition. Plusieurs besoins ont émergé : faire partie d’une communauté d’acteurs œuvrant à répondre à une même problématique, être davantage dans l’action et expérimenter leur solution d’innovation écologique dans le secteur culturel.

En partant de ces besoins, nous avons imaginé un programme qui s’adapte aux  structures de notre pôle Culture Impact, des entreprises Remix, Artora, Onyo, Caractères Paris, La Réponse D et Plinth comme des associations, Arviva et Les Augures, qui développent des services et des produits innovants permettant de favoriser la transition écologique du monde culturel.

Nous développons notre expertise en ayant la chance d’accueillir dans ce programme des entreprises et des structures qui sont pionnières et expertes sur des sujets encore émergents dans notre secteur comme le réemploi dans la construction ou dans la scénographie, le numérique responsable, l’analyse du cycle de vie, etc…

Quelle est l’ambition de ce projet ? Quels sont les grands objectifs que votre équipe s’est fixés ? 

Aujourd’hui, dans le secteur de la culture, il y a beaucoup de prises de parole sur le sujet et c’est une bonne chose. En revanche, on reste beaucoup dans la réflexion et peu dans l’action.

C’est ce que nous voulons développer, à travers ce laboratoire, en expérimentant des solutions.

C’est un chantier tellement colossal qu’il faut que tout le monde se saisisse de ce sujet.

À commencer par nous. L’ambition de ce programme est d’abord d’avoir un impact localement, et dans notre lieu, en nous formant et en interrogeant nos pratiques.

Nous souhaitons aller pas à pas, expérimenter, nous ferons probablement des erreurs mais nous souhaitons  démontrer qu’il est possible de faire de la rénovation bâtimentaire dans une approche d’éco-conception et de réemploi. Possible, aussi, de soutenir et d’accompagner l’expérimentation de programmes innovants en matière d’écologie, dans notre structure et ailleurs. Possible, enfin, de programmer des rencontres régulières sur des sujets comme ”la finance responsable” et “les entreprises à impact”.

Comment allez-vous faire vivre ce programme ?

Nous avons défini un programme d’expérimentations sur cette année dont nous allons mesurer les effets.

Nous allons proposer des sensibilisations et formations pour les salariés de notre établissement, des ateliers et rencontres dédiés aux équipes du programme Culture Impact et constituer progressivement un centre de ressources pour offrir ces formations à d’autres professionnels. Nous avons, par exemple, énormément d’artistes qui viennent en résidence qui peuvent aussi être traversés par ces questions. Pourquoi ne pas envisager qu’ils puissent avoir la possibilité d’échanger avec Arviva, association qui rassemble les acteurs du spectacle vivant qui souhaitent entreprendre une transition écologique et agir sans attendre pour un monde juste et durable.

Notre métier, c’est d’accompagner des projets innovants, des personnes qui prennent des risques. Nous mettons à disposition des espaces, des moments et des temps pour échanger, se former et développer ses compétences et veillons à rester souple et être capable d’évoluer en prenant toujours en compte les besoins des personnes que l’on accompagne.

Le nerf de la guerre, c’est bien entendu le financement. Pour cela, une des premières actions que nous mettons en place dans l’incubateur c’est l’accompagnement vers le financement.

Nous sommes heureux que notre labellisation par la Ville de Paris et la BPI soit renouvelée à travers le nouveau Fond Parisien pour l’Innovation et qu’il intègre désormais, dans ses critères de sélection des entreprises financées, la notion d’impact social et environnemental.

Demain, en tant qu’acteur d’intérêt général, nous espérons soutenir un nombre croissant de structures qui développent  des projets d’économie environnementale, sociale et solidaire.

Retrouvez toute l’actualité de l’incubateur 104factory et de son programme Culture Impact sur son site Internet ou sur son compte LinkedIn.

Propos recueillis par Célia Hamitouche