Combien d’artistes femmes sont présentes à la Urban Art Fair 2016 ?
Urban Art Fair La première foire internationale dédiée à l’art urbain s’installe au Carreau du Temple Du 22 au 24 avril 2016 Tarifs : de 8€ à 12€ Carreau du temple |
Une trentaine de galeries sont au rendez-vous de cette première foire internationale dédiée à l’art urbain: la Urban Art Fair, au Carreau du Temple. Parmi tous ces artistes exposés, une petite dizaine seulement sont des femmes. Sany, réalisatrice du film « Girl power » projeté samedi à l’auditorium du carreau du temple, ne mâche pas ses mots. « C’est un environnement très masculin, surtout dans le milieu du graffiti. Beaucoup d’hommes considèrent encore que nous n’avons pas notre place. Graffer est une activité très physique, il faut agir rapidement. N’oublions pas que c’est un acte illégal dans beaucoup de pays ! » Si le street art ou le graffiti sont encore majoritairement une histoire d’hommes, les filles s’y intéressent de plus en plus. On pourra croiser des œuvres de la pochoiriste de renom Miss. Tic, stand 22-Galerie Bertheas, de Jade Doreen Waller, Asha Zero, Aïda Gomez ou encore Romisa Sakaki. Devant la grandeur de ce Salon d’art urbain, force est de constater la présence trop discrète des femmes. Madame Moustache fait du collage poétique. Elle crée des petites pièces à partir de papiers, gravures, dessins ou photographies anciennes puis les scanne et les redimensionne avant de les coller dans les rues parisiennes. Contrairement à beaucoup de ses collègues, elle travaille de jour afin de provoquer les rencontres. « Je ne trouve pas qu’il soit compliqué d’être une femme dans ce milieu urbain. La majorité des artistes masculins avec lesquels j’ai eu la chance de collaborer dans le cadre de projets particuliers ou de festivals, ont une approche très sympathique, parfois même protectrice envers moi. Je ne crois pas que les hommes du milieu du graff nous imaginent comme une petite chose fragile. Ils sont avant tout curieux de notre travail. » Madame Moustache, représentée par la galerie Artistik Rezo est exposée au Stand 29 de la Foire.
On croisera également Olivia de Bona, au Stand 35, tenu par 9 ème concept. Cette peintre et dessinatrice propose un univers figuratif doux, sensuel presque charnel, depuis maintenant 10 ans.
Bien accueillie par ce collectif d’artistes essentiellement masculin, il lui a tout de même fallu faire sa place. « J’ai dû ne pas me laisser écraser par certains gros égaux. Une femme doit travailler fort et exploiter toutes ses ressources pour réussir à imposer un certain respect. Mais cette constatation vaut dans tous les domaines ! » L’artiste reste très positive. « Le milieu s’est beaucoup ouvert. Avant, quand une femme était invitée à peindre un mur, on se disait qu’elle allait faire quelque chose de ‘mignon’. Cette idée reçue s’efface de plus en plus. » Certaines d’entres elles travaillent en couple, équilibrant plus facilement les tâches. C’est le cas de Jana et de son mari JS, à la Galerie Clemouchka du Stand 20. Une vraie sensibilité s’échappe de ces dessins de femmes allongées, recroquevillées, seules ou entourées. « Notre travail est très fusionnel, nous avons pris l’habitude depuis le début de tout concevoir ensemble, comme si nous ne formions qu’une seule et même personne. Je ne suis pas sûre de pouvoir ressentir cet équilibre autrement. Nous partageons chaque étape de notre démarche artistique. Evidemment, l’arrivée de nos enfants a modifié l’organisation. Nous travaillons toujours à deux les oeuvres (idée, concept, préparation des pochoirs), mais pas leurs réalisations (construction du support, peinture) ». Une certaine difficulté à se sentir complètement légitime émane encore de ces artistes, prouvant que tout n’est pas résolu. « J’ai longtemps pensé que les femmes étaient moins crédibles dans ce milieu » avoue Olivia de Bona. « Au final cela nous a poussées à éprouver nos convictions, à développer nos techniques et nos thématiques personnelles. Aujourd’hui j’observe une sacrée brochette de nanas qui envoient du bois ! » Si la suite de son discours dénote une vraie force, son début pourra cependant laisser songeur. La création doit-elle connaître un sexe ?
Cette grande rencontre d’art urbain permet de constater des écarts tout en insufflant une vérité: les femmes minoritaires sont bel et bien en train d’affirmer leur existence.
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