Coco : “J’aime laisser le public dans la recherche et dans l’interrogation”
Auparavant cadre dans un milieu éloigné de l’art, Karima Guemar, alias Coco, s’est tournée vers l’art abstrait suite à une remise en question professionnelle.
Pouvez-vous vous présenter et exposer votre parcours ?
Je suis Karima Guemar, alias Coco, et j’ai 37 ans. Je vis et travaille à Saint-Jean-de-Védas, dans l’Hérault. Après un parcours scolaire scientifique, j’ai exercé le métier d’opticienne pendant sept ans, puis j’ai été responsable de magasin durant sept autres années. J’ai ensuite décidé de changer de voie, et exerce aujourd’hui le métier d’artiste.
Effectuer ce changement professionnel a-t-il été difficile pour vous ?
Ça été un changement total mais ça a été naturel ; j’ai toujours su que j’étais une artiste, simplement, je comptais commencer ma carrière durant ma retraite. Toutefois, le décès de mon père et le fait que je perdais le sens de mon travail ont fait que j’ai dû tout remettre en question, et faire un bilan de compétences au cours duquel mon côté artistique est ressorti. Ça m’a confortée dans mon choix de devenir artiste. Une fois la décision prise, je pensais me heurter à l’incompréhension de mon entourage mais la réalité a été toute autre, j’ai tout de suite pu compter sur le soutien de ma famille et de mon mari. Même si durant les premières années, ça demande beaucoup de sacrifices, notamment financiers, l’épanouissement et la liberté d’entreprendre en valent vraiment la chandelle.
Pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’art abstrait ?
J’ai toujours eu une fascination pour l’art abstrait : pour moi, c’est une vision brute de l’artiste qu’il faut essayer de décortiquer, de comprendre, par un mécanisme émotionnel qui sort des conventions. C’est quelque chose qui est vraiment personnel, où l’artiste se dévoile au public. Je perçois l’art abstrait comme un moyen d’être au plus proche de soi et des autres. C’est vraiment par affinité que je me suis plongée dans le monde de l’art abstrait car on parle beaucoup par l’émotion, plus que pour l’art figuratif qui est plus facilement lisible. L’art abstrait demande plus de réflexion sur soi et sur ce que l’artiste a voulu dire. Ce qui me plaît, c’est de laisser le public dans la recherche et dans l’interrogation.
Vous travaillez en séries, notamment avec “Light” et “Dark” : pourquoi avoir choisi ce mode de travail ?
Très rapidement, j’ai éprouvé le besoin de différencier la nature visible (avec “Light”), de la nature que l’on ne voit pas, les profondeurs terrestres ou marines (avec “Dark”). Pour moi, ce sont deux approches différentes que je peux ressentir : bien qu’elles aient la même source d’inspiration, la nature, je perçois les deux choses différemment. Ces deux collections peuvent représenter des terres inexplorées ou mystérieuses : ce ne sont pas forcément des choses qui existent, mais qui sont tirées de mon imaginaire, qu’on ne connaît pas.
Avec quelle technique travaillez-vous ?
J’utilise une technique où je travaille de la résine de haute qualité, que je fais venir des États-Unis. J’y ajoute des colorant naturels ou synthétiques. La technique mixte que j’utilise est peu employée en France : elle consiste à travailler la résine à cœur, et non pas simplement la couler ; cela rend le travail assez complexe car la résine est difficile à dompter. Il faut lui donner du mouvement, une direction, alors qu’il s’agit d’un matériau qui part un peu dans tous les sens. Je travaille également par superposition de couches, ce qui donne un aspect tridimensionnel à mes créations. Parfois, j’incorpore des effets qui créent des aspérités, des reliefs sur l’œuvre. Chaque tableau est le fruit de plusieurs expériences faites en amont.
Avez-vous des projets pour le futur proche ?
J’ai été sélectionnée pour participer à la 7e édition d’ArTeyran, du 20 au 22 novembre prochain ; j’ai hâte de rencontrer le public et d’avoir leurs retours. Je participe également au projet caritatif Toiles solidaires, initié par l’artiste Franck Célaire : il s’agit d’une vente aux enchères au profit de la Banque Alimentaire de l’Hérault, avec plus de cent artistes participants. Ce projet sera mis en place à la rentrée. Je prévois aussi de postuler dans différentes galeries, afin de proposer mon univers atypique. Une boutique verra également bientôt le jour sur mon site internet.
Plus d’informations sur le site internet et le compte Instagram de Coco.
Infos pratiques :
7e édition d’ArTeyran
Du 20 au 22 novembre 2020
Site : https://arteyran.wordpress.com/
Retrouvez l’exposition à Teyran
Propos recueillis par Chloé Vallot
À découvrir sur Artistik Rezo :
Le monopole des couleurs, de Baran Cengiz
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