Clément Sauvoy : « Avec By-Collectors, nous avons créé un nouveau format »
Rencontre avec Clement Sauvoy, collectionneur-curateur-journaliste qui vient de co-fonder, avec Yohann Grandsire, By-Collectors, un nouveau type de rencontres entre collectionneurs à Paris.
Pourriez-vous présenter By-Collectors ?
L’idée était de créer un nouveau format, non pas une foire d’art, ni une exposition classique, mais un moment pour les collectionneurs.
« Un moment » ?
Absolument ! Un moment dans un lieu incroyable, au cœur de Paris, qui s’appelle La Montgolfière : une ancienne usine de toile de montgolfière qui a été réhabilitée. By-Collectors propose un moment au service d’artistes ou galeristes, tous sélectionnés parce que l’on croit en eux. On ne leur demande pas de frais de participation, comme font les foires.
Après un premier évènement, le 26 mars, les mêmes artistes ont eu l’opportunité de montrer de nouvelles pièces, le 10 avril. Entre ces deux accrochages, des rencontres entre les collectionneurs et des personnes intéressées par le monde de collection ont eu lieu.
Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il manquait un tel événement ?
L’idée n’était pas d’organiser un événement supplémentaire au sein du calendrier déjà chargé du dessin (DDessin, DrawingNow et le Salon de Dessin) et d’Art Paris. Ce nouveau format n’existait pas. En effet, By-Collectors est non seulement l’occasion de montrer des œuvres d’artistes à des membres collectionneurs, mais également de proposer un accompagnement en faveur des artistes, notamment avec un prix décerné par les membres du public et un prix offert par notre partenaire horloger avec l’opportunité de créer une montre en série limitée.
C’est quelque chose de totalement nouveau qui a beaucoup plu à nos visiteurs (des financiers, des collectionneurs, des journalistes, des galeristes). On a créé une nouvelle dynamique dans Paris.
Au départ, avez-vous dû convaincre les artistes et les galeristes de votre idée ?
Dès le départ, les galeristes, autant que les artistes, ont été très enthousiastes.
Les premiers étaient ravis de participer, car on pouvait les accueillir avec une gratuité qui n’existait pas ailleurs. Donc, ils n’avaient rien à perdre.
Les artistes, pour leur part, connaissent la difficulté d’être exposés : quand ils ne sont pas présents sur les foires, ils ont très peu de chance de l’être ailleurs. À By-Collectors, quatre artistes sans galerie y ont vu une opportunité incroyable.
Par rapport au marché de l’art, il faut que plusieurs propositions existent, comme les foires, les expositions traditionnelles, comme “Private Choice” de Nadia Candet, car tout le monde a sa place.
Quel sera le futur de By-Collectors ?
C’était un événement exceptionnel, donc on ne fera pas ça tous les quatres matins. Toutefois, par la suite, ce serait bien d’amener du nouveau sang. C’est important de ne pas toujours travailler avec les mêmes personnes, de collaborer, peut-être, avec de nouveaux partenaires créatifs, voire une institution. Donc, nous ne pouvons pas annoncer de date, mais il est fort probable qu’il se passe quelque chose pendant Paris Photo, au mois de novembre.
Personnellement, comment avez-vous commencé à collectionner ?
C’est une question intéressante parce que l’on ne se souvient jamais exactement où commence et où finit une collection. Ce que je sais c’est que j’ai toujours eu une démarche de collectionneur. Même avant de commencer ma collection d’art contemporain, j’en avais une de livres rares. Je collectionnais aussi des assiettes, des pièces d’art design, des vases, des pièces en verre. Après, petit à petit, j’ai commencé ma collection d’art contemporain avec de la photographie. Il n’y a aucun déterminisme pour un collectionneur ! On se surprend tout le temps, jusqu’à son dernier souffle.
Un conseil pour les jeunes qui veulent commencer à collectionner ?
Je pense qu’il faut voir le maximum d’expositions, avant de collectionner. Il existe des artistes, des galeries et des lieux incroyables. Il faut prendre le temps de parler avec les artistes, écouter, regarder beaucoup et voyager. Après, la collection vient naturellement.
Comment arrivez-vous à choisir entre les œuvres qui vous intéressent ?
Quand on est face à deux pièces qu’on peut acquérir, mon conseil est de laisser l’artiste choisir à sa place, en lui disant « d’après toi laquelle me correspond le mieux ? »
Selon vous, quels artistes devrait-on suivre ?
Mara Fortunatovic, par exemple, mais aussi tous les artistes exposés dans des galeries telles que Chloé Salgado, Pauline Pavec et Anne-Sarah Benichou. Elles incarnent une nouvelle génération de galeristes très jeunes – elles ont toutes moins de 30 ans – qui ont du flair, qui font un bon travail d’accompagnement des artistes et qui suivent une logique d’ouverture. Pas d’entre-soi ! C’est ce en quoi je crois, car c’est le même esprit qui anime By-Collectors.
Propos recueillis par Stefano Vendramin
À découvrir sur Artistik Rezo :
Yohann Grandsire : “ Avec une oeuvre, tu voyages à chaque fois ”, de Stefano Vendramin
Infos pratiques:
Instagram : By-Collectors
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