Chabert 4 : “Le geste intuitif guide la direction plastique”
© Pierre-Yves Gillard
Entretien avec Chabert 4, un peintre résidant à Granville. L’artiste aborde tous les thèmes de l’humanité et ajoute son propre vécu dans ses peintures aux personnages étranges, où l’homme est présenté comme sujet.
Quel a été est votre parcours ?
Depuis tout jeune, j’aime dessiner. J’ai d’abord suivi des cours du soir puis j’ai intégré les Beaux-Arts de Caen. J’ai poursuivi cette passion en autodidacte. Plus tard, j’ai fait une formation pour devenir moniteur-éducateur dans des structures éducatives. J’ai pu travailler en MECS pour la protection de l’enfance. Actuellement, j’interviens pour des ateliers de peinture avec des personnes en situation de handicap. Je suis notamment en relation avec l’association CPFA à Granville. Je mets ainsi en place des ateliers d’arts plastiques ayant pour but de développer la créativité. Je pars du principe que tout le monde peut s’exprimer à travers l’art, c’est un moyen d’expression accessible à tous ! En parallèle, je suis entraîneur de basket. Aujourd’hui, j’essaie de consacrer un maximum de mon temps à ma pratique artistique.
Quels matériaux utilisez-vous pour vos œuvres ?
J’utilise principalement de l’acrylique et de l’encre de Chine. Pour les dessins en noir et blanc, mon choix de support se tourne vers du papier Canson petit format, et du grand format pour les peintures colorées sur toile. Je peins aussi à la bombe sur des murs, des objets, sur toute surface extérieure hors atelier.

© Chabert 4
Que révèlent vos tableaux ?
Il y a des monstres, des personnages souvent criards dévoilant une certaine folie. Mes tableaux découlent d’un vecteur autobiographique et de l’humanité au sens large. On retrouve des éléments de la nature, un petit chat, un jeu d’échecs… J’apporte différentes touches qui viennent enrichir la toile. Tout ce qui fait sens pour moi est transféré sur la toile ou retranscrit en dessin. J’insère aussi souvent la mort comme sujet.
Quel est votre processus de création ?
Je réalise souvent mes dessins en noir et blanc dans des lieux publics ou le matin pendant le café. Je dessine au fil de mon quotidien. Pour la peinture, je ne réalise pas forcément de croquis au préalable. Les personnages sont récurrents dans mes travaux donc un certain automatisme se crée lorsque je les dessine. En général, je commence par un tracé puis c’est le geste intuitif qui guide la direction plastique. Le premier jet est à l’encre de Chine, après je passe à la couleur, je reviens ensuite à l’encre… Un chassé-croisé se produit et de la matière vient s’interférer sur le support. J’écoute toujours de la musique quand je peins. Le live painting, une pratique que j’effectue en plus de la peinture, détient un autre processus, plus instinctif encore : tout en gardant mon style, le pinceau danse au rythme de la musique.
Quelles sont vos inspirations ?
Je m’intéresse à la figuration libre mais aussi à d’autres artistes comme par exemple Combas, Basquiat ou bien Jan Svankmajer, un artiste vidéaste. J’aime beaucoup les œuvres street art de Keith Haring, qui intègre des symboles dans ses travaux. Francis Bacon et Lucian Freud sont des artistes dont j’apprécie également les peintures. Les bandes dessinées ont aussi été une source d’inspiration, notamment celles d’Olivier Ledroit ou encore la série Blast de Manu Larcenet, où la folie des personnages m’inspire.

© Chabert 4
Quels sont vos futurs projets ?
J’aimerais développer ma recherche pour exposer dans des lieux autres que dans ma région. Je vais réaliser un graff dans une école primaire. Un projet de reproduction de mes tableaux en sérigraphies est aussi en cours. Je suis également intervenu dans une école du nord de la France, où les élèves ont dessiné des monstres. L’idée, c’est d’aboutir à la fabrication de masques.
Retrouvez Chabert 4 sur son compte Instagram.
Propos recueillis par Chloé Desvaux
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