Camille Demey : “J’aime avant tout capter l’instant présent, le souvenir vécu d’un moment et retranscrire par mon trait l’émotion”
Rencontre avec une art thérapeute certifiée, illustratrice et médiatrice artistique : Camille Demey-Nguyen. Elle nous partage ses expériences artistiques et professionnelles ainsi que son savoir-faire. Nous découvrons également l’utilité de l’art thérapie grâce à cet échange.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Camille Demey-Nguyen, je suis art-thérapeute certifiée, illustratrice et bassiste.
Actuellement, j’interviens dans plusieurs institutions dont Emeis et Inicea. Ces deux groupes médico-sociaux sont des établissements dans lesquels j’exerce mon activité. D’ailleurs, j’anime des ateliers d’art-thérapie à la clinique psychiatrique d’Osny (95). J’accompagne en séance individuelle des personnes souffrant d’Alzheimer dans deux Ehpad d’Ile de France. A l’occasion, je peux également accueillir des patients dans mon cabinet en fonction de leur pathologie.
De plus, j’accompagne de jeunes adultes vivant en foyer en séance individuelle, et je travaille avec le Réseau Môm’artre. Cette association propose une ouverture et une sensibilisation à l’art, la nature, l’expression des émotions, la lecture et la diversité culturelle par le biais d’atelier parent/enfant…
Mon travail artistique me permet de rendre visible mes œuvres lors d’expositions temporaires. J’ai également eu l’occasion d’illustrer plusieurs livres pour enfants.
En parallèle, je suis bassiste rock et métal au sein de deux formations musicales : l’une propose des reprises rock des années 50 à nos jours et l’autre formation (mouvance métal) travaille actuellement sur la finalisation d’un double album. Je joue sur scène face au public parisien environ une à deux dates par mois.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai exercé plusieurs professions mais j’ai toujours dessiné. Je dessine des nuits entières et publie mes illustrations sur les réseaux sociaux.
En effet, je suis partie à Paris pour étudier la mode et je suis devenue styliste modéliste. J’ai d’abord travaillé comme assistante pour la créatrice Catherine Brickhill avant de créer ma propre marque de prêt-à-porter Green-Division. Je travaillais dans ma boutique atelier dans le quartier de Pigalle, un de mes quartiers parisiens de prédilection.
Puis, jeune maman de deux enfants, je décide d’obtenir mon Cap Petite Enfance. Je deviens auxiliaire de puériculture à temps plein pendant 10 ans mais je n’arrête pas de cultiver mon univers créatif après ma journée de travail.
Être auxiliaire de puériculture n’est pas ma vocation première. Ayant le besoin de donner un sens à ma vie professionnelle, je décide d’entreprendre un bilan de compétences. Grâce à mon statut de salarié, j’ai eu l’opportunité de reprendre les études financées par le Fongecif pour devenir art-thérapeute.
Où avez-vous été formée ?
Après un bac Littéraire option Arts-Plastiques, j’ai étudié la mode et la confection textile à l’École Supérieure des Arts et Techniques de la Mode ESMOD de 2002 à 2006. En 2008, suite à la crise financière, j’ai dû revendre ma boutique d’art. Donc, en 2010 j’ai obtenu mon CAP petite enfance.
De plus, j’ai étudié l’art-thérapie et la psychanalyse au centre de formation PROFAC en 2020. Pour la formation d’art thérapeute, j’ai entamé une psychanalyse. C’est un travail nécessaire pour devenir art-thérapeute. J’apprends et je continue de me former tous les jours.
Depuis quand exercez-vous votre activité ?
Je suis officiellement art-thérapeute depuis mars 2021.
Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
Malgré un univers créatif riche et les possibilités de m’y épanouir, le soin à la personne m’est apparu essentiel. Je suis profondément humaniste et je crois en la poésie de l’être humain. Être art-thérapeute est pour moi une vocation et une mise au travail au quotidien.
Comment définissez-vous votre travail en quelques mots ?
Il n’y a pas de règles ni de recettes magiques en art-thérapie. Je me dois en permanence de nourrir mon univers créatif afin d’accueillir des personnes en souffrance et en difficulté physique et psychique. Le but est de leur permettre de trouver leur propre façon de remettre en marche leurs capacités créatives.
“L’Art-thérapie contemporaine est une méthode de soin de support permettant de dépasser les difficultés personnelles par le biais d’une stimulation des capacités créatrices.” JP Royol, PROFAC
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui débute dans votre profession ?
On ne devient pas art-thérapeute en sortant de l’école. Exercer cette profession est tout un parcours de vie et de mise au travail psychique. De plus, cultiver une activité créative en parallèle et entamer un travail psychanalytique sont obligatoires lors de la formation. Dans notre métier, il est aussi nécessaire d’être supervisé par un pair.
Pour mon travail personnel d’illustratrice, j’aime avant tout capter l’instant présent, le souvenir vécu d’un moment et retranscrire par mon trait l’émotion. J’aime aussi jouer avec le travail d’ombre et de lumière dans la mise en couleur.
Plus d’informations sur le site Internet de Camille Demey-Nguyen
Propos recueillis par Aurélie Celdran
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